
Rallye des métiers : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point  »
Ils sont vingt-huit jeunes entre 12 et 17 ans. Tous font partie des associations Style Alpaga (Bellevue) ou Les Deux Rives (Dervallières). Jeudi 19 avril, ils sont partis à la rencontre de professionnels dans un rallye des métiers extra-nantais : architecte, esthéticienne, avocate psychologue, journaliste ou encore réalisateur les attendaient. L’initiative amorcée par Style Alpaga en partenariat avec Les Deux Rives a pour but d’éclairer les jeunes sur leur orientation professionnelle et les défaire de certains clichés liés à divers métiers.
Frapper aux portes des professionnels pour ouvrir d’autres portes dans la tête des jeunes. Nathalie Pinson, présidente de Style Alpaga et chargée de projet dans l’association Entreprises dans la Cité qui organise et développe le forum des métiers Place ô gestes depuis 2007 a bien compris que les jeunes, contrairement à certaines idées reçues, s’intéressent à leur orientation future et sont demandeurs de projet comme le Rallye des Métiers.
« Les jeunes expriment pour la plupart des difficultés à trouver un stage de découverte en troisième et déplorent souvent le décalage avec leur souhait. Ce qui ne fait que renforcer les préjugés sur divers métiers. » C’est en partant de ce constat que, l’Association Style Alpaga a souhaité reconduire cette action en y associant Les Deux Rives.
« Un métier c’est avant tout une rencontre »
Pour ne pas démentir le vieil adage qui dit que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, les vingt-huit jeunes ont sacrifié une grasse matinée de vacances pour la bonne cause. « Ça fait la deuxième fois que je participe au rallye des métiers » explique Diakemba, 17 ans en seconde et pour rien au monde elle n’aurait loupé cette journée. Comme Diakemba, les jeunes embarqués dans le projet se posent sérieusement des questions sur leur avenir professionnel. Et même si certains, très jeunes, n’ont pas encore une idée bien définie, ils sont tous curieux de découvrir pendant une journée des univers professionnels différents.
Le rallye des métiers, en plus de faire découvrir les professions de manière ludique, est un bon exercice d'autonomie : apprendre à se repérer dans l'espace, gérer son temps et son argent mais également du vivre ensemble : travailler en groupe mixte dans le respect de chacun
Après un petit déjeuner collectif, les sept groupes sont prêts à rencontrer les deux ou trois professionnels qui les intéressent : emploi du temps de la journée, tickets de bus, questionnaires, appareil photo et sept euros pour la pause déjeuner. Le rallye des métiers, en plus de faire découvrir les professions de manière ludique, est un bon exercice d’autonomie : apprendre à se repérer dans l’espace, gérer son temps et son argent mais également du vivre ensemble : travailler en groupe mixte dans le respect de chacun. Pour les quinze entreprises contactées, une fiche métier et un questionnaire ont été réalisés. Un architecte, une avocate, trois esthéticiennes, un décorateur, un réalisateur, une puéricultrice, un pâtissier, une productrice, deux stylistes, un psychologue, une journaliste et un agent immobilier ont accepté de partager pendant une heure leur travail, leur parcours et leurs conseils. Un premier contact concret avec le monde du travail déterminant pour ces 28 jeunes.
De 9h30 à 17h, les jeunes ont parcouru les bureaux et les commerces entre Nantes et Rezé. Au milieu des dossiers, des maquettes ou des clients, les professionnels ont répondu à leur questionnaire. Aux questions traditionnelles : « En quoi consiste votre métier ? » « Quelles études avez-vous fait ? » ou « Combien gagnez-vous par mois ? » se sont spontanément imposées des interrogations de leur âge. Gulcan, en 5°, sûre de vouloir devenir esthéticienne, se demande à quoi bon continuer d’étudier l’histoire. A ce professionnel qui dit qu’il vaut mieux faire un métier qu’on aime si ne veut pas rapidement s’ennuyer, une jeune réplique : « Mais si on n’a pas le choix ? » « Est-ce qu’il faut être forcément belle quand on travaille dans le milieu de la beauté ? » s’interrogent les filles en force durant cette journée. « On n’est pas obligé d’être tout le temps au bureau quand on est journaliste ? » veut se rassurer Aziz. Pendant un moment, quelques uns se sont même mis dans la peau de leur interlocuteur : porter une caméra ou faire une séance maquillage. « Toucher les outils, c’est plus parlant qu’une explication. » s’accordent les jeunes. Les professionnels se sont montrés très accessibles s’enchantent les accompagnatrices. La rencontre a parfois duré plus longtemps et même débouché sur des projets communs. François Gauducheau, réalisateur de documentaire a proposé de faire une projection d’un de ses films à Style Alpaga. L’entrevue avec un psychologue de la Maison des Adolescents de la rue Racine à Nantes, donnera lieu à une intervention dans les locaux de l’association.
« Allier passion et patience pour faire le métier qu’on aime »
Écouter des gens qui aiment leur métier, ça fait plaisir
A la fin de la journée, les vingt-huit jeunes débarquent à Style Alpaga, « plein les pattes » mais surtout plein la tête. Chacun a apprécié l’expérience et retrace avec humour ses rencontres. On retiendra quelques phrases percutantes qui témoignent de la fraîcheur et du bon sens de la jeunesse.
« Pour être esthéticienne, il faut être belle alors que pour être puéricultrice, c’est pas la peine. »
« Pour être psychologue, il faut avoir un cerveau, être bien dans sa tête et consulter des psy. »
« La sécurité de l’emploi c’est quand tu te casses la figure sans faire exprès. Au moins t’es sécurisée. »
« La qualité physique pour être agent immobilier : marcher pour démarcher. »
Au terme de cette longue journée, les jeunes repartent avec des certitudes et de nouvelles idées. « Au départ, j’hésitais entre architecte et chirurgien, aujourd’hui le métier de psychologue me plaît aussi. » raconte Léa, en 4°. Quant à Iman, en 5°, elle ne veut plus être boulangère-pâtissière : « On se lève trop tôt ! » rétorque-t-elle. Après avoir découvert le métier de décorateur, le cœur d’Alia balance entre graphiste et décorateur. Même les accompagnatrices se sont prises au jeu. Florianne, 20 ans, en 3° année de sciences de l’éducation conclut après cette journée : « j’aurais envie de tout faire. » Nesta, 17 ans en STG avait participé l’année dernière au Rallye des métiers. Cette année, elle a surtout observé : « Écouter des gens qui aiment leur métier, ça fait plaisir. » Les jeunes repartent aussi avec plein d’espoir. Même si certains n’aiment pas l’école, le chemin de la réussite n’est pas unique. En témoigne le parcours impressionnant de ce charpentier, devenu menuisier puis ouvrier avant de créer sa propre société de meubles sur mesure.
Il faut exercer le métier qu’on aime, même si la route est longue. La passion et la patience sont les clefs du succès.
Pauline Vermeulen
A retrouver cette journée en image dans le portfolio de Fragil.
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