
CARNET DE BORD
Meeting : les roses à la porte
François Hollande tenait un meeting mercredi soir au Parc des Expositions de Rennes. Dix-huit mille personnes avaient fait le déplacement pour voir le candidat socialiste. Victime de son succès, le meeting a laissé six mille sympathisants à la porte, de quoi nourrir des regrets.
« On leur a dit au mois d’avril, à la télé, dans les journaux de pas se découvrir d’un fil, que l’printemps c’était pour bientôt ». Hexagone de Renaud passe en boucle dans le petit camion rouge au logo CGT. Le printemps ? Les socialistes l’attendent depuis longtemps déjà. Il est 18H40 à peine, au Parc des Expositions de Rennes. A l’extérieur, 6000 personnes marchent sur la pointe des pieds espérant voir François Hollande qui fait halte dans la capitale bretonne. Les halls du Parc des Expositions sont encore loin, mais les sympathisants attendent le moindre signe de la sécurité pour rentrer. En vain. Déjà 12 000 personnes sont à l’intérieur où le groupe breton Tri Yann vient de chauffer la salle. En fait, le lieu où François Hollande tiendra son meeting est bondé, une autre salle est à disposition, mais ces « privilégiés » sont prévenus : ils verront le candidat socialiste sur un écran géant.
mais ces « privilégiés » sont prévenus : ils verront le candidat socialiste sur un écran géant
« C’est toujours comme ça ici. En 1981 quand Mitterrand est venu c’était pareil, la Bretagne est à gauche alors c’est la foule à chaque fois », lance Jean-Pierre, ouvrier automobile, qui fume sa vingtième cigarette depuis qu’il est arrivé. Si Jean-Pierre a l’habitude des meetings socialistes, d’autres viennent pour la première fois. C’est le cas de Charlène, 19 ans, étudiante en fac de droit : « Je viens surtout par curiosité. Mais, mon choix est d’ores et déjà fait, ce sera Mélenchon ». Contre toute attente, Mélenchon n’est pas tabou. D’ailleurs c’est un nom qu’on entend souvent ce soir dans cette queue interminable : « Hollande devrait faire un meeting dehors à la Mélenchon, on aurait pas de problèmes pour rentrer au moins », crie une femme, visiblement énervée. Le public venu en masse s’impatiente. Pour certains ça fait plus de deux heures qu’ils attendent. Cédric est venu directement après son travail : « J’ai de la chance, je bosse à côté, mais j’imagine la déception de certains qui viennent de loin et qui ne rentreront pas dans la salle ». C’est presque officiel, nous ne passerons pas les grilles. Nous ne poserons pas le pied dans la salle du meeting, ni dans l’autre salle « écran géant ». Dépassée, la sécurité fait signe à la foule de se calmer. Ma voisine de file d’attente a connu Mai 68, Mai 81 et attend le possible schéma de Mai 2012 : « Jamais deux sans trois », confie-t-elle dans un sourire. Pourtant elle le reconnaît : « Hollande, il est sympa, je l’aime bien, mais il manque quelque chose cette année. En 2007, Ségolène m’impressionnait davantage. Si je suis venue ce soir, c’était pour l’écouter elle ». Outre, le rendez-vous politique, le meeting de Rennes reforme un duo politico-médiatique bien connu, celui de Ségolène Royal et de François Hollande, sous les yeux des français : « C’est une belle image pour nous, 2007 a été une immense déception. Ségolène Royal a manqué de soutiens. Hollande semble être plus suivi, c’est de bonne augure ».
Mélenchon, une chanson !
Derrière moi un petit stand de frites et de sandwichs. Certains décident de manger « en attendant François ». Mais un agent de sécurité confie à un petit groupe : « je fais tous les meetings et c’est ce soir qu’il y a le plus de monde. C’est pour la sécurité de tous qu’on ne vous fait pas rentrer. A l’intérieur de la salle c’est irrespirable ». Jean-Pierre est assis plus loin, sur un banc en ciment. Il fume une enième cigarette, avant de repartir : « on rentrera pas donc je repars en Vendée, demain y’a boulot ». confesse-t-il, déçu. Devant les grilles, des femmes sont ulcérées : « Ils savaient que beaucoup de gens auraient été présents. Pourquoi ne pas avoir mis une sono, un écran géant dehors ? ». Pourtant l’ambiance reste bonne enfant, un petit groupe scande : « Mélenchon, une chanson ». Les sympathisants en rigolent : « on crie Mélenchon pour rire, une manière de provoquer la sécurité et l’équipe d’Hollande qui veut pas nous laisser rentrer », s’amuse Sophie, originaire de Nantes. Elle renchérit : « J’aurais dû venir dès ce midi, je serais rentrée rapidement. Il paraît que certains militants étaient là dès 13h30 ». A Nantes ce soir, il y avait bien Eva Joly, mais non, c’était Hollande que Sophie voulait entendre. Il est 20h20, la foule s’énerve de plus en plus et les commentaires vont bon train sur l’organisation « déplorable » du meeting. Certains journalistes tentent de se frayer un chemin, on aperçoit notamment le journaliste de France 3 Bretagne, Robin Durand, qui interview les « déçus du meeting ». On entend du bruit. Ségolène Royal vient de monter sur scène. Elle assure la première partie du meeting de son ancien compagnon. Mais sans images, les gens ne sont plus à la fête : « on rentre, avant qu’il y ait des bouchons », s’exclame Emmanuelle, sympathisante PS en Mayenne. Les gens se dispersent, les parkings se vident petit à petit. La voix de Ségolène se fait lointaine. On entend plus Jean-Pierre nous conter ses souvenirs socialistes, ni Renaud chanter Hexagone. L’euphorie du début laisse place aux désenchantements. Beaucoup de sympathisants rentrent bredouille, mais pas démoralisés pour autant : « même si je l’ai pas vu, Hollande reste mon candidat. J’imagine pas dix ans de sarkozysme », confie un jeune sympathisant PS. Etre né sous le signe de l’Hexagone, c’est pas c’qu’on fait de mieux en ce moment.
Hélène Hamon
Crédits Photos : Flickr
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