Août 2011, musée du jeu de Paume à Paris, à la sortie de l’exposition Claude Cahun, je me demande pourquoi cette artiste nantaise si fertile n’a pas les honneurs de sa propre ville. Trop inclassable ? Trop irrévérencieuse ? Trop marginale ?

Décembre 2011, espace Simone de Beauvoir, quelle joie de voir les œuvres de Lucy Schwob (son vrai nom) exposées dans sa ville natale. Juste retour des choses pour cette artiste qui est est restée attachée à Nantes et au Croisic jusqu’à la fin de sa vie (elle y a passé ses 25 premières années), même si elle l’a terminée à Jersey.

Alors Claude Cahun, qui est-elle vraiment ? Une artiste qui a travaillé tout au long de sa vie sur la question de l’identité sexuelle. Ce n’est pas un hasard qu’elle ait choisi un prénom mixte comme pseudonyme. Sa compagne, Suzanne Malherbe, ayant choisi le nom de Marcel Moore. Elles ont travaillé à quatre mains, produisant photographies, dessins et écrits poétiques, le plus connu étant Vues et visions.

Homosexuelle sans être une militante, Claude Cahun aspire sans conteste à un troisième genre. Ce sont sans doute ses autoportraits qui ont suscité le plus d’intérêt. L’artiste s’y sert de sa propre image pour démonter un à un les clichés associés à l’identité. Claude Cahun s’est réinventée à travers la photographie (comme à travers l’écriture), en posant pour l’objectif avec un sens aigu de la performance, habillée en femme, en homme, cheveux longs ou crâne rasé (chose des plus incongrues pour une femme de l’époque). On penserait presque à Ürs Luthi.

Delphine Blanchard

  Pratique. Exposition Claude Cahun/Vues et Visions jusqu’au 31 décembre à l’Espace Simone de Beauvoir, 25 quai de Versailles à Nantes, du lundi au vendredi de 12h à 18h. Elle rejoindra ensuite l’Université permanente du 27 février au 6 mars 2012.