KREA N°1
Séverine Hubard : archi-bancal
L’art est obsessionnel chez Séverine Hubard. Après avoir empilé des monticules de matériaux (plastique, bois, brique), elle démonte puis range pour commencer une nouvelle construction. Une maniaque de l’ordre. Mais il s’agit d’une organisation sans angles droits, aux formes inégales. Par là , elle cherche à interpeller le citoyen en plaçant ses installations penchantes dans l’espace public.
Équipée de sa boîte à outils, Séverine Hubard est impatiente de vivre la résidence nantaise : « pour ne pas être seule et travailler au sein d’une équipe ».
Elle aime échanger des techniques avec ses collègues d’INTERIM, qu’elle appelle affectueusement ses " complices " et apprendre au contact de cultures différentes. Elle sera présente sur trois créations : la construction d’une voûte, une sculpture en terre avec les archéologues de l’université et la poésie vernaculaire (qui est propre à un pays, à une région ou à ses habitants). Mais elle veut surtout mettre en évidence le processus de recherche qu’il y a eu lors de la préparation de la résidence. « Il y a des gens enthousiastes et pas enthousiastes, il y a ceux qui sont pour et il y a ceux qui jettent des cailloux ! ». Pour Séverine Hubard, c’est un défi et une grande prise de risque que d’être en interaction avec les citoyens dans l’espace public. Pour autant, elle ne cherche pas à imposer ses œuvres. Son art est temporaire, pour marquer les consciences et jouer avec la mémoire des habitants : « les gens ne vont le remarquer que quand ça va disparaître ». Par exemple lorsqu’elle a décidé de mettre le feu à une de ses constructions. Cette démarche a marqué les consciences plus que si l’œuvre avait perduré dans le temps.
Si je savais construire une maison comme un architecte, je ne pourrais pas imaginer comment la construire autrement
Sans dessus dessous
« Quand j’étais à Nantes, je suis allée à des cours d’architecture et très vite je me suis dit qu’il ne fallait pas que j’apprenne ». Cette ancienne élève des Beaux-arts puise son inspiration de la ville et des bâtiments qu’elle observe mais elle refuse l’analogie de son travail artistique avec l’architecture. L’artiste use de cet anticonformisme qui lui permet de rester libre, de travailler avec ses propres outils et sa fantaisie : « Si je savais construire une maison comme un architecte, je ne pourrais pas imaginer comment la construire autrement ! »
Pour Séverine Hubard, les problématiques de l’architecture et de l’art ne sont pas les mêmes : ses œuvres n’ont pas de fonctionnalité et ne se rapportent pas non plus au design. L’art décoratif lui fait peur : « J’aime bien faire des choses non-fonctionnelles, qui sont de travers et qui ne durent pas dans le temps », tranche-t-elle.
Avec trois bouts de ficelle
« Imaginez un lit dont l’un des pieds est un dictionnaire. C’est super beau ! » Séverine Hubard est une adepte du Do It Yourself. Elle improvise quand elle n’a pas ce qu’il lui faut sous la main et détourne les objets du quotidien à des fins inattendues. Elle aime les choses qui vont de travers et ça tombe bien puisqu’elle travaille vite, sans niveau ni double décimètre. La plupart de ses œuvres est faite en un jour. Cette urgence contribue à la " bancalité " (sic) et ainsi au dynamisme de ses constructions. Et si cela perturbe, c’est tant mieux.
Natalia Bourguignon et Tiphaine Gault du Master 1 Infocom de l’Université de Nantes
Crédits photos : On Time - Équipe INTERIM
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