
KREA N°1
Till Roeskens : déraciner des ailes
Rechercher son identité. Vagabonder au fil de la rencontre aléatoire. « Citoyen du Monde  » comme il aime à se définir, Till Roeskens est avant tout un être déraciné en quête d’une ville, d’un lieu où il pourrait se sentir libre.
Cette ville, c’est peut-être Marseille. Un lieu de passages et de rencontres entre Europe et Maghreb. Un carrefour d’échange d’hommes et de marchandises où Till Roeskens habite depuis plus de cinq ans. Un endroit où il « se verrait bien s’enraciner », où la question du territoire et de l’identité se pose chaque jour. Une cité qui donne vie aux profondes interrogations artistiques et citoyennes de Till Roeskens.
Cet Allemand, originaire de Dantzig, n’a jamais vraiment vécu là où il était. Il a toujours été ailleurs. C’est un électron libre, instable et en perpétuel mouvement. À seize ans, il quitte l’Allemagne pour sa voisine française avant de rejoindre l’Italie, puis la Palestine. Guidé par son libre-arbitre et sa volonté d’aller vers l’autre, il crée son propre cheminement culturel. Sans être apatride : il n’a jamais été sans origine. Il en est simplement coupé.
Réflexion en tandem
Chaque acteur d’un territoire se représente son espace, sa propre réalité
Dès lors, le travail cartographique est devenu une méthode pour définir son territoire. Till Roeskens montre ainsi comment chaque personne, lui compris, perçoit et définit son espace. Il développe une cartographie singulière, subjective et participative. Il interroge l’autre sur son environnement car « chaque acteur d’un territoire se représente son espace, sa propre réalité. »
Marie Bouts est de ces personnes rencontrées sur la route avec qui l’artiste a souhaité avancer. En tandem et à leurs propres rythmes, ils explorent cette question centrale de l’identité et du rapport au territoire. Naturellement, ils rejoignent l’équipe d’artistes INTERIM et proposent pour le projet à l’université un nouveau système d’économie alternative (exemple de l’épargne solidaire). Ce principe consiste à interroger les échanges monétaires sur le seul terrain universitaire. L’objectif : encourager ce qui n’est pas habituellement valorisé par la monnaie et favoriser le sentiment de cohésion. Cette création participative, extraordinaire, sans doute étrange, conduit à une réflexion personnelle sur son espace de vie.
Passerelles utopiques
Le travail de Till Roeskens repose sur la notion d’utopie. Le projet universitaire originel était de créer un espace dédié à un savoir universel, capable de mélanger grammaire, logique et rhétorique. Le retour à cette source idéologique est une des clés du projet de l’artiste pour l’université de Nantes. Le créateur nourrit son inspiration par sa lecture de Proudhon. À partir d’une liberté rêveuse, il souhaite réaliser des actes concrets qui permettent de modifier, d’améliorer le fonctionnement du monde, d’élargir le champ des possibles. Trouver une alternative à la formule « ceux qui ont, auront plus ; et ceux qui n’ont rien, travailleront pour ceux qui ont. »
Côme Tessier et Simon Grumeau du Master 1 Infocom de l’Université de Nantes
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