
PORTRAIT
Christine et ses Queens
Freak out !
Il était une fois une jeune femme qui s’appelait Christine. Un jour elle décida de partir à Londres, juste elle et son côté espiègle. Là -bas elle fit la rencontre de quatre drôles de Queens. Ce fut alors le début d’une histoire "so freaky", celle de Christine and The Queens... Fragil est allé à la rencontre de l’énergumène le 26 mai dernier au Ferrailleur.
Les premiers voient en elle une nana qui envoie, les autres une nana qui assure.
Christine affiche un style sixties version mec. Avec son noeud pap’ vieillo, ses cheveux bouclés et ses talons, elle joue sur l’ambiguïté des sexes. C’est le premier point : Christine plaît aux garçons et aux filles. Les premiers voient en elle une nana qui envoie, les autres une nana qui assure. Christine est androgyne. Elle l’assume, elle en joue, elle le chante dans le titre iT, "I’ve got iT / I’m a man now". Au cas où le public aurait des doutes, elle se déhanche sur scène avec la sensualité d’une femme et la virilité d’un homme. Le personnage séduit. Où plutôt les personnages car Christine est plusieurs....
Christine est plusieurs
Christine est seule sur scène, seule avec son mac. On pourrait la croire schizophrène : seule accompagnée d’un simple et unique ordinateur, sans musicien. Mais non, les musiciens existent : c’est elle. Christine enregistre ses samples, compose et joue ses mélodies. Il ne lui reste qu’à chanter sur scène et à appuyer sur la touche "enter". Ce qui peut casser le charme de la jeune femme pour certains (le choix n’est pas facile à imposer, même auprès de musiciens), le renforce pour d’autres, voir l’accentue. Épaulée par ses amies les Queens, Christine chante d’une voix expressive. Elle explore des tonalités et des rythmiques vocales comme un comédien explore son jeu d’acteur. Pas étonnant, la jeune femme a suivi des études de théâtre. C’est sans doute grâce à cette formation que les Queens sont nées. Les Queens, se sont ces drôles de personnages qui « accompagnent » Christine. Dans le même genre, Florence a ses Machines, Christine a ses Queens. Elles sont absentes physiquement mais incarnées par Christine qui reproduit leurs voix. D’étranges duos virtuels se forment alors. Les Queens (qui existent vraiment et qu’elle a rencontrées à Londres) ont chacune une personnalité étrange et vont donner naissance à quatre E.P.. Le premier est sorti en mars 2011 sous le nom de la première Queen, Miséricorde. Chistine and the Queens est donc bien un groupe, celui d’une seule. Bizarre... Oui c’est le mot « freaky ». Plus qu’un simple mot, c’est un appel que lance Christine à son public « Be Freaky » ! Si elle n’est pas schizo, il faut admettre que Christine est joueuse.
Chistine and the Queens est donc bien un groupe, celui d'une seule.
Christine est joueuse
Quand elle monte sur scène, Christine porte un masque. Très vite, elle le fait tomber et, au fil du concert, dévoile la chipie provoc’ qu’elle est. Histoire de mettre à l’aise (ou mal à l’aise ?), elle tutoie le public : « tu veux que je danse et je vais danser », lance-t-elle sur le morceau iT ou encore : « Merci tu es très gentil. ». Avec le morceau Be Freaky, Kiss my crass est sans doute la synthèse de cet humour provocateur. Dans cette chanson « Christine est sale » et l’assume pleinement. Elle formule alors une phrase parlante pour beaucoup de femmes « Je sens pas très bon ouais mais j’suis belle. ». Ce n’est pas un slogan féministe de plus que psalmodie son mac mais une affirmation de sa féminité. D’ailleurs, Christine ne se dit pas féministe, elle est juste une femme pour la liberté des mœurs pas toujours très à l’aise avec son genre : "Mon personnage de Christine est un Faux Queen (...) parce que pour elle la féminité n’est pas simple, ce n’est pas un acquis, c’est un ensemble de signes sociaux à la fois beaux et terrifiants. Le travesti est le contraire même d’une identité fixe, puisqu’il se déguise (...). Cette esthétique m’intéresse parce qu’elle surjoue certains codes de la féminité, et que ça permet de prendre de la distance par rapport à ces codes en les subvertissant." Christine est en fait une joueuse de son temps.
Christine est contemporaine
Christine est bien un personnage et son auteur est une femme jeune.
Christine définit sa musique comme "de l’électro à capella". Musicalement, elle joue aussi, avec sa voix, les Queens et des beats efficaces. Il manque juste une pincée de claquement de doigts, de cymbales ou de tambourins pour assaisonner parfaitement le show. Car ce que propose Christine c’est plus qu’un concert, c’est un vrai one woman show version contemporaine. Et pour cela, la jeune femme fait preuve de finesse. Elle a su saisir l’importance de la scène et s’est créé un vrai rôle de composition, tant sur le plan musical que théâtral. Alors, lorsque l’on rencontre cette femme espiègle à la fin du concert, on s’attend à retrouver Christine. Même si elle reste à l’affût, la jeune femme hésite à lancer des blagues provoc’ et des vannes faciles. Elle reste très attentive aux réactions. L’explication est simple : Christine est bien un personnage et son auteur est une femme jeune. Une musicienne talentueuse et débrouillarde qui démarre. Son assurance sur scène est bien là pourtant, et elle contraste avec sa très jeune carrière. Christine agace, surprend, assure, parle, chante, joue, charme, jette, innove. Christine est drôle. Christine est sale. Non vraiment Christine n’est pas si décalée que ça. Elle est juste freaky et en l’écoutant on se dit qu’on l’est un peu aussi.
Texte : Annabelle Durand
Images : Annabelle Durand, Marie Ferec
Montage : Annabelle Durand
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