
Avoir 30 ans en 2011
Portrait de Sandy : l’émancipation
L’art de devenir adulte.
Je suis partie tôt du cocon familial. Encore étudiante, déjà plongée dans une vie d’ « adulte  ». On a dà » gérer rapidement notre budget de couple en alliant préoccupations de « grands  » et envies de « petits  ». On a passé des périodes pas faciles financièrement. Professionnellement, j’ai mis du temps à savoir ce que je voulais faire. A 30 ans, je peux dire que j’ai trouvé mon équilibre.
J’habitais Paris et j’ai rejoins mon ami sur la région des Pays de Loire pour y finir mes études. Je suis passée de la vie tranquille chez « papa-maman » à une vie de couple. Il n’y a pas eu de transition : mon environnement, mon mode de vie, mon budget, mes responsabilités.
Organiser notre budget…économies ?
Tout a évolué en même temps. Je pense que je n’avais pas réellement pris conscience des conséquences de ce départ. On avait juste envie d’être ensemble. J’étais jeune et je ne soupçonnais pas l’ « envers du décor ». On n’avait pas les moyens de s’auto-assumer. J’ai vite compris que cela allait être dur…
Je trouve que les jeunes ne sont pas aidés pour commencer à vivre leur indépendance. Je sais que je n’étais pas mal logée mais on a galéré. J’étais en études. On a vécu avec un salaire pendant plus de 4 ans. J’ai souvent eu l’impression d’être compressée financièrement, de toujours devoir faire attention (courses, sorties, fringues...) C’était dur de finir le mois ! Et pourtant, dès qu’il nous restait un peu d’argent sur le budget mensuel, on le dépensait. On avait besoin de se faire plaisir. C’était parfois inconscient car quand un coup dur arrivait : la machine à laver qui tombe en panne, des frais sur la voiture… Sans économies, cela devenait, pour nous, un fardeau avec des mensualités à gérer sur plusieurs mois.
On a parfois eu l’impression d’« être maudit » avec une voiture en crédit et des successions de frais dessus. On avait envie de s’en séparer. Ce n’était financièrement pas possible. On culpabilisait de dépenser au lieu d’économiser. Notre insouciance, notre envie de profiter avait toujours le dernier mot. On ne voulait pas se brider.
Ces épreuves m’ont forgée. Elles m’ont fait grandir. J’ai pris conscience que je devais gagner rapidement ma vie.
Faire ma place dans le monde du travail…
Cette volonté d’avoir assez d’argent pour ne dépendre de personne… m’a poussée à me donner les moyens. Professionnellement, après mes études, je ne savais pas vraiment quelle était ma voie. Je me cherchais encore. Au début, j’ai commencé par de l’intérim. J’aimais bien ce système. Les missions me permettaient de découvrir différentes fonctions. J’étais plutôt bien payé. Après plusieurs expériences professionnelles dans différents domaines, j’ai travaillé dans une entreprise où le poste me plaisait vraiment. J’étais au smic mais c’était une expérience très enrichissante. Elle m’a beaucoup apporté. Pourtant, au bout de deux ans, j’ai commencé à être « frustrée ». On ne reconnaissait pas mon travail. Malgré mon investissement, les promesses d’augmentation n’aboutissaient pas. Le poste et l’ambiance se dégradait suite à un rachat. J’ai donc décidé de démissionner. C’était risqué ! Je savais que je n’allais pas être indemnisée. Je n’avais pas de piste d’embauche mais j’avais envie de mieux et mon expérience serait un atout. On a vécu avec un salaire sur 3 mois.
Au bout des 3 mois, j’ai eu l’opportunité de faire un CDD dans une boîte. J’ai, tout de suite, aimé l’ambiance, le management, les tâches du poste... Le salaire était intéressant et beaucoup d’avantages étaient proposés aux salariés. Le CDD s’est prolongé. On m’a ensuite proposé un CDI. Cela fait maintenant plus d’un an que je suis là-bas et j’ai déjà été augmenté !
Pour la première fois, je me sens considérée dans mon travail
Ma conception de la vie professionnelle avec ce nouveau poste a radicalement changé. C’est trop beau pour être vrai. C’est une entreprise avec des idées novatrices, des principes fédérateurs : marathon entre collègues à Paris, échange de poste sur une semaine... Pour la première fois, je me sens considérée dans mon travail. Je me sens intégrée dans l’activité de l’entreprise. Je ne suis plus dans un étau financièrement. Je suis épanouie. Les possibilités d’évolution sont là. A ma grande surprise, je suis une des plus motivées pour tout ce qui est formation, nouvelles fonctions...
Malgré cette émancipation, j’ai encore quelques séquelles de ce passé galères. Je continue à ne pas comprendre cette société qui nous oppresse pour payer, régulièrement et toujours plus. Même avec un meilleur salaire, j’ai peur des mauvaises surprises mais on arrive maintenant à mettre de côté tout en profitant. On pense même à acheter, chose inconcevable avant. A 30 ans, je profite simplement de la vie... de cet équilibre trouvé.
Propos recueillis par Lucie Bouchereau
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