REGARDS CROISES
Bruxelles ambivalente
Bruxelles est un village coincé entre la Wallonie et la Flandre. On y parle francais alors qu’on est au cœur de la Flandre. Les institutions européennes qui y ont élu résidence troublent un peu plus cette ville déjà à la recherche de son identité.
Tout commence par un regard étonné, suivi d’un sourire un peu gêné. Les yeux se teintent d’une nuance de pitié. Le « ah, d’accord » qui suit, vous révèle l’empathie de votre interlocuteur à l’idée de vous savoir parti vous installer à Bruxelles. Comme tous les stéréotypes, celui qui accable Bruxelles est assez peu flatteur. C’est une ville grise et sale, disent-ils, la capitale de l’Europe, dans un pays sans gouvernement. Sa gastronomie ? Des frites, de la bière et des gauffres, ajoutent-ils d’un ton moqueur.
Et pourtant, bien que Bruxelles soit une ville de passage, où la majorité des gens ne restent quelques jours ou quelques mois, d’autres y restent pour toujours. Il n’y pleut après tout pas tant que cela. L’hiver est peut être froid, mais il est si blanc que l’esprit de Noël enavhit les plus réticents. Quant au printemps et à l’été, on y ouvre les fenêtres et on laisse la simplicité bruxelloise entrer avec le soleil.
La Bruxelles politique suit le calendrier des institutions européennes.L'autre, la vraie Bruxelles, est plus permanente et moins pavaneuse
Ville apatride, ville partagée
A Bruxelles, deux mondes cohabitent. D’une part les Bruxellois, authentiques et naturels, d’autre part les fonctionnaires et expatriés divers attirés par la proximité des institutions européennes. Ces deux mondes se mélangent peu, car ils vivent dans des quartiers différents et à des rythmes différents.
La Bruxelles politique suit le calendrier des institutions européennes. Lorsque les parlementaires sont en ville, des voitures battant pavillon de tous les pays du monde envahissent le quartier européen. Les trottoirs se couvre d’une armée de costumes battant des pavés ô combien risqués pour les escarpins de ces dames. Dans cette terre, le kit de survie inclut le téléphone et le badge d’accès aux bâtiments officiels. La première langue parlée est l’anglais, et la seconde est toutes les autres. Mais cette agitation est éphémère, elle ne dure qu’autant que les eurocrates sont en ville. Lorsque s’annoncent leur départ, la frénésie qui s’était emparée de la ville s’apaise et le calme revient. Les terrasses sont peu à peu désertées, les rangées de taxis se dispersent, les magasins ferment et le quartier européen entre en hibernation.
L’autre, la vraie Bruxelles, est plus permanente et moins pavaneuse, moins illusoire et moins fantasmée. Elle se laisse désirer, car ne perce pas son son secret qui veut. Elle ne se révèle qu’à celui qui prend le temps de la connaître et de se laisser charmer par son centre historique disparate et par la diversité de chacun des quartiers qui l’entourent. Les eurocrates ne s’y rendent pas et, pour ces derniers, le mystère reste entier.
Qu'elle soit flamande, wallone, ou européenne, Bruxelles reste avant tout bruxelloise.
Promenade nantaise
Le Francais qui débarque dans cette terre étrangère se sentira troublé par ces autochtones qui parlent presque la même langue, mais n’ont pourtant pas les mêmes coutumes. Il devra apprendre les règles pour ne pas révéler qu’il n’est pas l’un des leurs : remplacer le verbe « pouvoir » par le verbe « savoir », soixante-dix par septante, et se souvenir qu’on ne se salue qu’avec une seule bise sur la joue gauche. Le nantais nostalgique de sa contrée aura un sourire en passant Place Royale, il s’émerveillera des perspectives haussmaniennes du quartier Sablon, il tombera en arrêt devant l’étonnant spectacle de la Grand Place, et perplexe devant le Manneken-Pis. Il se sentira peut être un peu chez lui en allant faire un tour aux Galeries St Hubert, luxueux passage Pommeraye bruxellois. Il ira ensuite se faire assaillir dans l’équivalent belge du quartier latin parisien, où les rabatteurs vous appâtent en vous invitant pour l’apéritif et dégustera une gauffre fondante en ne regrettant de Nantes que la blancheur du tuffeau et la fraicheur de l’Erdre.
Qu’elle soit flamande, wallone, ou européenne, Bruxelles reste avant tout bruxelloise. C’est sans nul doute la diversité et le mélange de ses habitants qui la rendent si unique. On peut lui reprocher beaucoup, mais il fait bon vivre dans ce village citadin, cette capitale provinciale couronnée de verdure. Attention à qui en ferait trop l’éloge, car ce secret que chaque bruxellois garde précieusement ne doit pas être révélé au grand jour. Gardez pour vous cette confidence que je vous fais et ne la partagez qu’avec des gens dignes de confiance, qui sauront rester discrets.
Texte et photos : Amélie Malafosse
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