REGARDS CROISES
FasciNantes, balade sur les traces du surréalisme nantais
Nantes et moi, cela a été le coup de foudre ! Pour moi, cette ville inspirante a toujours été un peu surréelle. C´est pour cette raison que j’ai choisi des suivre les traces du surréalisme à Nantes et aussi de démarcher les lieux où le surréalisme est toujours vivant selon moi. C´est ainsi que je suis entrée en contact avec Madame Marcetteau, Directrice du musée Jules Verne et que j’ai rencontré Pierre Oréfice des Machines de l´Ile.
Je viens à l’origine d´une petite ville allemande en Saxe-Anhalt. Je suis venue à Nantes pour la première fois en 2007 pour y effectuer un stage au Musée Dobrée. Je suis tombée amoureuse de cette ville tout de suite. Puis, j’y suis retournée à plusieurs occasions. La dernière fois, pour faire mon master I en médiation culturelle et communication internationale à l’Université. Nantes est une ville inspirante.
En septembre 2007, après avoir passé toute la journée dans le bus, j’arrive à destination. C’est la première fois que je me trouve aussi loin de chez moi. En sortant du bus, j’entre dans un autre monde – littéralement comme réellement. En marchant vers mon hôtel dans la rue Beauregard, où je vais passer mes premiers jours, je vois tous ces immeubles de l’Ile Feydeau qui semblent s’enfoncer dans le sol à chaque instant.
Voyage au centre d´une autre vie
Je trouve un logement très sympathique chez l’habitant sur la Butte Sainte Anne, un lieu devenu magique pour moi. J’habite alors pas loin du musée Jules Verne que je visite. Il se trouve sur les bords de Loire « d´où le jeune Jules s´émerveillait de voir le fleuve se dérouler ». Il invite à un voyage au centre de l´écriture vernienne à travers un ensemble unique de livres et de manuscrits.
D’après Agnès Marcetteau, directrice du musée Jules Verne, « Nantes et la Loire, pour Jules Verne, ce sont aussi ses premières « îles mystérieuses » : l’île Feydeau, où il naît le 8 février 1828, immense Jangada de pierre, véritable Ville flottante au cœur de la ville ; les îlots en face de la maison de campagne de la famille Verne à Chantenay, où le jeune Jules vit ses premières robinsonnades ; l’île d’Indret dont l’inquiétante machinerie semble enfouie sous les eaux… Autant de modèles pour "L’Ile mystérieuse", "Deux ans de vacances", "L’Ile à hélice" ». Interrogé sur les origines de sa vocation littéraire, Jules Verne répondit :« Il y a cette circonstance que je suis né à Nantes, où mon enfance s’est tout entière écoulée. Fils d’un père à demi parisien et d’une mère tout à fait bretonne, j’ai vécu dans le mouvement maritime d’une grande ville de commerce, point de départ et d’arrivée de nombreux voyages au long cours ».
La butte Sainte Anne donne une vue impressionnante, magique sur la ville. Quand je descends la butte pour prendre le tramway, les statues de Jules Verne enfant et du capitaine Nemo regardent vers la ville.
Fabricants de rêve
Je me souviens qu’une fois, j’ai pris le tramway le long du quai de la Fosse pour aller en centre-ville et tout à coup j’ai entendu un bruit persistant, comme le barrissement d´un éléphant. Étonnée par ce bruit, je regarde autour de moi cherchant d’où ce bruit pouvait venir. Un immense éléphant se promène sur l´Ile de Nantes. Fascinée, je me dirige vers les Machines de l´Ile, un lieu dont je suis tombée amoureuse. Le pachyderme me fascine tellement que j’y reviens à chacune de mes visites nantaises.
Lors d’une entrevue avec Pierre Oréfice, ancien producteur et administrateur de la compagnie Royal de Luxe et maintenant directeur administratif des Machines de l´Ile, celui-ci m´explique que « François Delarozière qui dessine pour les Machines de l´Ile est principalement influencé par les dessins de Léonard de Vinci. Pour ce qui est des mondes influencés, c’est Jules Verne, le fabricant de rêve. Mais il y a aussi notre imaginaire à nous et l’envie de remettre la mécanique en avant, l´accumulation de travail, d´intelligence des pratiques artistiques. Notre but est de faire rêver les gens. Venant du spectacle, nous savons que les spectateurs sont d´abord des habitants de leur ville. Quand nous créons des moments de convivialité au cœur d´une ville, des moments où ils respirent leur ville autrement, je pense qu’ils aiment un peu plus leur ville. Si on est utile à quelque chose, c’est à faire rêver les gens. »
Pour Pierre Orifice, « l’émotion qui vient de l´éléphant mais aussi des autres machines et animaux dans la galerie c´est l´ambiguïté entre la mécanique et l´être vivant – l’animal et la machine. On a choisi l´éléphant parce que c’est celui qui règne sur la savane en Afrique, il a une marche incroyable qui fait trembler le sol. Aussi, cet animal représente la mémoire, l´intelligence, la sagesse, la force tranquille. » Interrogé sur la question du choix de Nantes pour ce projet exceptionnel, il répond : « C’est Nantes qui nous a choisis »
J´ai alors envie de lui dire que pour moi aussi, c’est Nantes qui m´a choisie.
Visions surréalistes
À l’époque, en stage au Musée Dobrée, je passe la plupart de mes pauses de midi en centre-ville, le long du cours Cambronne par exemple ou sur les marchés aux puces, où l’on trouve des quantités de bouquins, méconnus en Allemagne.
J’achète des livres, comme "Le manifeste surréaliste" d’André Breton, fondateur du mouvement surréaliste. Infirmier, il a travaillé dans un hôpital militaire à Nantes pendant quelques années. C’est là qu’il fit connaissance avec Jaques Vaché qui influença le surréalisme. Les auteurs de ce mouvement sont en quête de la vraie réalité, le surréel, auquel on peut accéder par le rêve, le délire ou bien l’amour fou.
Sur la Place Royale à côté, je regarde souvent cet artiste de rue qui dessine des visages de personnes connues sur le sol dans des couleurs vivantes, dansantes. D’après ce que j’ai cru comprendre, il est allemand, comme moi, et il s´appelle Helmut. Il est comme un fantôme… personne ne le connait… On le cherche en vain, et d´un coup il apparaît sur la place… où l’on passe et l’on voit juste son dessin, et on sait qu’il était là.
Je vois aussi ce violoniste qui vagabonde d’un air curieux. Avec sa bouche presque sans dents, il rit toujours quand on lui sourit. Ses chansons sont gaies. Les rues s’en imprègnent. Avec son costume, son haut de forme et son violon, il semble être d’un autre monde lui aussi.
Ce ne sont que quelques raisons pour lesquelles je suis tombée follement amoureuse de cette ville que je trouve encore et toujours inspirante. Mon dessin reflète – au moins partiellement – cette ville comme je la vois…pas seulement gaie, dure aussi, mais également bizarre, jolie, fabuleuse, étonnante …
Texte et illustration : Anja Nicke
Crédits photo : Jean Boccacino sur Flickr.
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