
Festival du Cinéma Espagnol 2011
Trueba et Madrid : une histoire de cœur
Rencontre avec Jonas Trueba, jeune réalisateur madrilène
Venu présenter son premier long-métrage, Toutes les chansons parlent de moi, à l’occasion du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes, Jonas Trueba nous dépeint la vie d’un jeune homme, Ramiro, qui survit tant bien que mal à sa rupture avec Andrea. Mais ce film, c’est aussi un gros plan sur Madrid, une ville très chère au réalisateur.
J’ai toujours voulu réaliser, continuer tout le processus.
Jonas Trueba a commencé sa carrière dans le cinéma dès ses 17 ans. « Un ami à moi m’a demandé de lui écrire son scénario puisqu’il voulait réaliser un film sur les adolescents et que j’en étais un. » Il a continué comme écrivain et scénariste : « J’ai travaillé sur des scenarii mais j’ai toujours voulu réaliser, continuer tout le processus. » Il savait ce que voulaient les gens pour qui il travaillait puisque c’étaient toujours des amis ou de la famille. Par sa famille, justement, il baigne dans le monde du cinéma dès son plus jeune âge. En effet, Fernando Trueba, son père, est un réalisateur connu en Espagne. Il est également l’un des invités de ce 21ème Festival du Cinéma Espagnol. David Trueba, son oncle, est lui aussi réalisateur.
Des influences pas toujours paternelles
Lors de la sortie de Toutes les chansons parlent de moi, les spectateurs ont noté quelques ressemblances avec le premier film de Fernando Trueba. Les scènes se passent dans la même ville, Madrid, les personnages ont le même âge et même si le film de son père a 30 ans de plus, les dilemmes rencontrés sont les mêmes. Pour Jonas Trueba : « Je n’ai pas été tant influencé que ça, mais le public voulait voir des ressemblances donc il les a vues. » Au contraire, il apprend à se détacher de l’influence de son père et considère qu’ils ont des différences artistiques. Les spectateurs, eux, ont également trouvé des similitudes avec l’un des films de son oncle. « J’ai davantage été influencé par le film de mon oncle, La Buena vida tourné en 1996, car j’ai vécu le tournage lorsque j’étais petit. » Le co-scénariste de Toutes les chansons parlent de moi, qui est également son meilleur ami, était figurant avec Jonas Trueba sur ce film. Et c’est d’ailleurs sur ce tournage qu’ils se sont rencontrés.
Les films dialoguent toujours entre eux.
Pour le réalisateur, les films dialoguent toujours entre eux et ceux des membres de sa famille ressemblent peut-être au sien, mais d’autres plus lointains lui ressemblent sûrement plus. Un film français qui a eu un impact important sur lui est Le père de mes enfants, de Mia Hansen-Love. « Ça m’a toujours impressionné de voir qu’une fille de mon âge ait fait un hommage à un producteur. Je suis un peu jaloux de ce qui marche dans ce film, on y montre la vie d’un producteur français qui est passionné par son métier. Ce serait impossible en Espagne car un producteur, aussi passionné, n’existe pas. »
Madrid : un thème d’inspiration
Un thème qui revient dans les films de Jonas Trueba et de son père, c’est Madrid. Le jeune réalisateur pense que le cinéma espagnol doit être reconnaissant envers cette ville. « Je voulais que les rues soient reconnaissables. » Pour lui, de nombreux réalisateurs filment Madrid sans vraiment rendre la ville identifiable. « Dans mon film, je n’ai pas fait un portrait général de Madrid, j’ai filmé mon Madrid. » Plus jeune, il habitait ces endroits qu’il a filmés et voulait rendre hommage, dévoiler le Madrid qu’il aime. « C’est le Madrid d’aujourd’hui que j’ai voulu montrer, celui que je fréquente, les bars où je vais avec mes amis. » Il revendique cette ville : « Il faut filmer ce qu’on connaît, trouver la beauté dans le banal de ces rues-là, dans les endroits quotidiens. »
Il faut filmer ce qu’on connaît, trouver la beauté dans le banal de ces rues-là.
Retour sur le film
En tournant dans des endroits où il vivait, on peut se demander si l’histoire de son film n’est pas la sienne : « Il y a plusieurs éléments autobiographiques dans ce film, mais c’étaient principalement des projections de choses qui auraient pu arriver, des craintes de ce qui aurait pu se passer. »
Le film est centré sur Ramiro, un jeune homme qui vient de se séparer de son amie et qui lutte pour l’oublier. Le réalisateur avait hésité entre mettre les deux personnages en parallèle mais a finalement décidé de ne montrer que la vision de Ramiro et de laisser le spectateur inventer les informations et les ressentis de la fille, Andrea. Il aime laisser une place à l’imagination. Et pour cause, le film se termine sur Ramiro qui dévoile tout son amour pour Andrea et tout ce qu’il n’a jamais osé lui dire, mais le film se coupe avant la réponse d’Andrea. « Je n’aime pas les films où tout est clair. Je n’ai jamais fait un choix sur la fin, j’ai hésité à terminer le film sur la réponse d’Andrea mais j’ai préféré laisser une fin mystérieuse… »
Et pour la suite ? « De par sa façon de travailler, un réalisateur pense toujours à son prochain film. On a plusieurs idées mais le plus dur est de tout rassembler. »
Laurette Bouysse
Portrait de Jonas Trueba : Jorge Fuembuena
En savoir plus
Toutes les chansons parlent de moi
Cet article a été réalisé conjointement par une équipe d’étudiants du Département Infocom de l’Université de Nantes.
Équipe : Laurette Bouysse, Xavier Pennec, Marine Toux, Corentin Vital. Coordination éditoriale et pédagogique : Emilie Le Moal.
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