
EXPOSITION
Cap’tain Foulquier jette l’ancre à La Roche-sur-Yon
Jusqu’au 2 avril, la galerie PromenARTS à La Roche-sur-Yon expose les "Gueules de Nuit" de Jean-Louis Foulquier, œuvres originales puisque peintes sur des sacs postaux. Cette exposition est l’occasion de découvrir le talent de l’artiste rochelais, boulimique de travail et à la créativité en perpétuelle effervescence, sur lequel les dieux des arts et spectacles se sont décidément penchés, lui ayant légué de nombreuses cordes à son arc.
Un jeudi soir en fin d’après-midi, à l’étage de la petite galerie yonnaise, rencontre intimiste avec Jean-Louis Foulquier, artiste aux multiples facettes, tantôt homme de radio (sa voix chaude et rassurante a accompagné les nuits de nombre d’auditeurs de France Inter), acteur, créateur des fameuses "Francos" de La Rochelle et, depuis maintenant dix ans, artiste peintre. Une évidence donc que la vie bien remplie de ce créatif passe aujourd’hui par l’art, cette sacro-sainte passion qui vous prend aux tripes et vous emmène au plus profond de vous-même. Il semble qu’il ne manquait plus que cette corde à l’arc de l’artiste rochelais, voilà chose faite avec cette exposition "Gueules de Nuit" qui voyage depuis bientôt un an.
La peinture comme anti-douleur
Jean-Louis Foulquier réalise une œuvre personnelle qui lui ressemble : le noir prédominant, invoquant le monde de la nuit... pas si étonnant pour celui qui fut longtemps la voix nocturne des émissions de France Inter.
"J’ai subi une opération des poumons qui m’a obligé à rester un bout de temps en convalescence. J’ai alors pris la boîte d’aquarelles de mon père qui était un aquarelliste amateur et je m’y suis mis. Ça m’a permis de ne plus voir le temps passer et surtout de ne plus avoir mal. Je n’avais pas l’idée particulière de me mettre à peindre, c’est arrivé un peu par hasard". Un hasard, certes, mais la peinture est présente dans sa vie depuis longtemps. Dans les rues de Paris, Jean-Louis Foulquier flâne depuis des années de petites librairies en échoppes de bouquinistes afin d’acquérir des livres de peinture. Un jour, il tombe sur un ouvrage contenant les célèbres correspondances de Gaston Chaissac... comme pour lui rappeler de quelle manière, petit, il a rencontré l’art. "Enfant, on habitait La Rochelle mais mon père est né à La Roche-sur-Yon – il n’y a jamais vécu mais y est né, son père était militaire ici, dans cette ville de casernes – et son attachement à la Vendée a toujours été profond, il se demandait souvent pourquoi d’ailleurs. Comme il venait souvent ici, et bien, ses pérégrinations l’ont mené dans la petite école de Sainte-Florence où Gaston Chaissac et sa femme institutrice habitaient. On y est allé quatre dimanches après-midi. J’étais enfant, le personnage Chaissac me faisait peur, il buvait des coups avec mon père pendant que moi je me baladais dans la cour de l’école. Pour un môme, c’était amusant ces portes de toilettes et ces troncs d’arbres peints. Et puis tous ces cailloux disséminés dans la cour. Ça m’a marqué, évidemment".
Avoir fréquenté l’œuvre de Chaissac quand il était minot a forcément influencé Jean-Louis Foulquier puisque la peinture, finalement, ce n’est que cela : se nourrir des autres, imprimer des images qu’on enfouit dans un coin de sa mémoire et puis tout sortir le moment venu. Pour autant, ses peintures sont bien différentes du peintre du bocage, Jean-Louis Foulquier a réussi à réaliser une œuvre personnelle, qui lui ressemble : le noir prédominant, invoquant le monde de la nuit... pas si étonnant pour celui qui fut longtemps la voix nocturne des émissions de France Inter comme "Bain de minuit" , "Pollen", ou "TTC / Tous Talents Confondus". En revanche, aucune référence au monde de la musique qui pourtant l’a accompagné une grande partie de sa vie : "Il ne fallait pas que je tombe dans une caricature. Je n’allais pas faire le portrait d’Higelin ou d’autres sur mes toiles. Ça n’aurait rien apporté. Idem pour le cinéma, au début, on ne m’a proposé que des rôles d’animateur de radio, j’ai refusé à chaque fois. Je ne voulais pas qu’on m’enferme dans un rôle. Et je n’ai pas eu tort, après plusieurs refus, j’ai pu jouer des flics, des lascars... maintenant avec l’âge, on me donne le rôle du patriarche !" Et bientôt, un rôle jusque-là inédit puisqu’il incarnera un réalisateur... de film porno ! "Dans une saga diffusée sur Arte en huit épisodes à partir du 31 avril. Je joue le rôle du pote du héros de la saga, qui est inspiré du célèbre Marc Dorcel, bien connu dans le milieu de la pornographie".
De la solitude de l’atelier… au grand saut de l’expo
Revenons à la peinture et à la genèse de cette exposition. Peindre seul dans son atelier, peindre pour se faire du bien, peindre pour son plaisir, c’est une chose. Mais à quel moment commence-t-on à se dire que, peut-être, ce travail solitaire peut être montré à la vue de tous ? "Jamais je ne pensais exposer. Vraiment jamais. J’ai peint pendant quatre à cinq ans uniquement pour moi. Seules mes filles jetaient un œil de temps en temps et me disaient que c’était pas mal. C’est lors d’un déjeuner avec un ami voisin et peintre, Richard Texier, que ma femme lui a avoué que je peignais. Quelques temps plus tard, il a voulu voir. Un peu réticent au début parce que j’étais timide, j’ai fini par lui montrer : il a déambulé dans mon petit atelier, a regardé mes peintures et est reparti... sans faire aucun commentaire ! Je me suis alors dit, bon, là, au moins, je suis fixé, ce n’est pas bon. Quelques jours passent et un camion vient me livrer des grands châssis alors que je peignais jusque-là sur des petits formats. C’est Richard Texier qui me faisait livrer tout cela avec pour seul commentaire "Tu es un peintre mais tu ne le sais pas encore"."
Un joli pied à l’étrier pour Jean-Louis Foulquier et impossible donc, après cela, ne pas se laisser tenter par la grande aventure : exposer ses œuvres. Les sacs postaux de Jean-Louis Foulquier ont déjà bien voyagé notamment au musée de La Poste à Paris, en mai de l’année dernière, ("grâce à une fille qui bossait avec moi sur les Francos dans le cadre d’un partenariat avec La Poste, le jour où elle est devenue directrice de la communication du Musée, elle a pensé à moi..."). Après cette étape yonnaise, les sacs feront escale à Bordeaux puis l’île de Ré pour terminer à Sidney. "Après cela, fini avec les sacs postaux, je passe à autre chose", confie Jean-Louis Foulquier. Sensible à la peinture de Basquiat, Pollock ou encore De Kooning, il y a fort à parier que l’artiste Foulquier saura nous surprendre avec ses prochaines œuvres et nous émouvoir de la même façon que ses "Gueules de Nuit" nous touchent.
Dans "La première gorgée de bière", Philippe Delerm écrit : « “On pourrait presque...” C’est bon, la vie au conditionnel. » Il semblerait que Jean-Louis Foulquier conjugue plutôt sa vie au présent et au futur, toujours dans l’action et les projets, sans jamais rêver sa vie mais en la consommant pleinement entre cinéma, théâtre et peinture. Un artiste TTC/Tous Talents Confondus en somme...
Delphine Blanchard
Exposition visible jusqu’au 2 avril à la galerie PromenARTS, 14 rue Paul Doumer à La Roche-sur-Yon
Pour en savoir plus sur l’artiste. Jean-Louis Foulquier est également en tournée avec le spectacle "La première gorgée de bière" d’après le livre de Philippe Delerm.
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