
PORTRAIT KREATIV
Kazy K, croqueur sans frontières
Kazy K, Kazy clé, Kazyus clef, un «  f  », deux «  ff  », beaucoup de «  K  », c’est le mélange des genres derrière lequel se cache l‘artiste. Mystérieux illustrateur, graffeur ou graveur baroudeur ; en jeune chercheur d’ombre Kazy K sort du lot par son talent qui attire de lui-même la lumière.
Kazy K reste un mystère. Qu’on le salue au détour d’une exposition de Pol’n rue des Olivettes, ou qu’on le rencontre en tête à tête, il ne vous donne aucune clef. Vous ne verrez donc ici ni son visage, ni son vrai nom, ni son âge. Discret, Kazy K aime à se cacher. Derrière ses multiples noms, ses créations aux mille facettes, il suit sa voie de « touche à tout » dans l’ombre. Son talent fait le reste.
Kazy caché
Un mur délaissé, une affiche écornée, un mémorial attendu …Sans même qu’on le voit ou qu’on le connaisse, on peut croiser Kazy K un peu partout. Au détour des rues de Nantes, aux quatre coins de sa ville d’adoption aux « multiples possibilités », il est là où on ne l’attend pas. Officieusement ? Il flirte avec l‘essence du graff et sa culture urbaine. Officiellement ?
il salue, on le salue, c’est un artiste parmi les artistes
Lorsque la ville propose à son collectif de faire naître une fresque en attente du mémorial de l’abolition de l’esclavage, Kazy K rassemble ses esprits, empoigne sa peinture et orne de couleurs les palissades ternes. L’histoire qu’il nous conte et qui se déroule sur plusieurs mètres, ne fait pas que cacher le monument à venir, il le suppléé par des symboles forts. Chaines, sang, or …cette œuvre éphémère, street-art de commande restera après même sa refonte, dans les esprits des nantais qui la croise au quotidien.
Kazy K est un artiste. En plein Pol’n, fourmilière de talents, au milieu des bombes de peinture, il colle au décor. Tout le monde le connaît, il salue, on le salue, c’est un artiste parmi les artistes.
Solitaire, il est pourtant intégré depuis bientôt 3 ans au collectif de culture graphique urbaine 100pression avec lequel voyages, expositions et autres folies voient le jour. Le moyen idéal de croiser les arts, les talents et d‘additionner les styles.
Pinceau et sac à dos
Un ours, un verre de vodka et une chapka, Glasnost Dead est né
Entre Nantes et l’ « ailleurs », ni ici ni là bas, Kazy K est baroudeur. Il parcourt la France, avec ses amis artistes et la Russie pour seul bagage. Il l’amène à Lille, la pose à Rennes, l’expose à Toulouse, la traîne jusqu’ici, déplace les frontières le temps d’un voyage. Un ours, un verre de vodka et une chapka, Glasnost Dead est né. Critique improvisé d’un pays qui lui est lointain, Kazy K porte un regard extérieur empreint de fascination et d’ironie à travers des affiches de propagande et fresques orthodoxes dont les icônes religieuses sont détournées. Il reprendra même à sa sauce le Guernica de Picasso, qu’il fait voyager à travers le temps pour le transposer à un contexte moderne et numérique, bien loin du sien.
Crayon à la main, feuille blanche dans l‘autre, il n’en faut pas plus à Kazy K pour poser son univers et ses couleurs. Si rien ne semble le distinguer d’autres jeunes artistes, comme de moins en moins de sa génération et du haut de sa jeunesse, il garde à cœur de défendre ce qu’il nomme ses « techniques à l’ancienne ». Il grave, sérigraphie, crayonne, esquisse, encre…Ne se donne pas de limites, laisse ouvertes toutes les portes et utilise alors sa « palette de langages possibles » pour dialoguer avec la ville. Kazy K reste insaisissable, sans barrière et sans reproche, il fait naître personnages sortis de nulle part si ce n‘est de son imagination, animaux animés, visages humains détournés, métaphores et autres critiques de la société. Il s’amuse avec le monde qui l’entoure. Tantôt noir et blanc, sobre et géométrique, tantôt explosif et coloré.
Plus tard, il le sait, il devra s’ouvrir aux nouvelles technologies qui ont bouleversé son art. Mais pas inquiet, il est conscient qu’il fera des croisements et qu’ils le nourriront. En témoignent les talents qui l’entourent. « Chaque chose en son temps », un artiste n’a jamais le temps que de devenir.
Cyrielle Gendron et Meggy Ferré, du M1 Master Infocom de l’Université de Nantes.
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