
PORTRAIT KREATIV
Stéphane Morel : exquise angoisse
Au premier abord : un homme de 30 ans, rieur et décontracté. Après un regard sur ses films : un psychopathe assoiffé de sang ! Ce réalisateur réinterroge les ressorts des films d’angoisse. Son objectif est de trouver de l’esthétique dans l’horreur. Stéphane Morel « Mogoma  » met nos sens en éveil pour raconter ses histoires. Passionné d’art, cet ancien Intermittent du Spectacle nous a laissé entrer dans son monde.
Le concept initial qui définit le mieux Stéphane Morel est sans nul doute le paradoxe. Des films d’horreur sensibles réalisés par un homme souriant, social et détendu. Des films de frissons mais pas uniquement. Avec Stéphane Morel, vous serez submergés d’émotions contradictoires. Jeune diplômé de Cinécréatis, école de Cinéma à Nantes, ce cinéaste met à profit ses connaissances du montage ou des effets spéciaux et propose de mêler aux sujets noirs des harmonies visuelles. Fan de films d’auteurs français des années 60 – 70, il créé des histoires poétiques autour d’un genre terrorisant et sanglant. Il le revendique, il utilise « l’outil de la peur » et l’explique tout simplement : « le comique j’ai essayé, je suis nul. Il n’y a rien de plus sérieux que le comique ».
le comique j’ai essayé, je suis nul. Il n’y a rien de plus sérieux que le comique
Du séduisant repoussant
Placer du beau dans l’horreur : une démarche que Stéphane Morel « Mogoma » maîtrise à merveille. Il bouscule notre vision des films d’angoisse. Prenons l’exemple d’Appel Urgent, un court métrage qui dénonce les violences urbaines ou encore le service public. Du suspense, de l’agressivité, de la peur…le tout dans une réalisation, un montage, des choix d’angles de prises de vues, un jeu d’acteur (Charlotte Dewere) si réels que cela en devient terrifiant. Un ensemble d’émotions que le spectateur doit gérer simultanément. Ce créateur voit la beauté avant tout comme une expérience sensorielle : « la sensation c’est l’essentiel » , dit-il. Mission accomplie. Ses courts-métrages mêlent dérision, frisson, sang, poésie, technicité et plastique visuelle. Le public se retrouve propulsé dans un univers de la satire du « trash », du « gore » qui l’emporte et le captive.
Membre de Kino
Les rencontres forment les individus. Stéphane Morel aime être entouré. De qui ? Kino Nantes. Pour faire quoi ? Réaliser des courts métrages en 48h chrono. Cet artiste s’investit depuis plus d’un an au sein de cette association nantaise dirigée par Stéphane Imari : « L’idée c’était de digérer les informations accumulées durant mes études de montage et d’effets spéciaux. Kino c’est avant tout libertaire, une vitrine qui me permet d’avoir un public, de faire des propositions et de monter sur scène, ça me rappelle mes années de spectacle vivant. » L’artiste perçoit Kino Nantes comme un tremplin qui lui permet de faire ses gammes, de gérer son temps de réalisation et de montage. Il se constitue un public et entretient des liens forts dans le métier. Un bon moyen pour développer ses envies et son talent.
Le court-métrage : Appel Urgent :
Un créateur à suivre
Le cinéma réaliste pour l’instant ça ne m’intéresse pas. C’est des bons sentiments. Peut-être que j’en ferai un jour mais pas pour l’instant
« Je veux avant tout canaliser ce que je souhaite raconter (…) et faire le plus beau possible ». Chaque film se rapporte à une expérience. Des projets ? Il souhaite « que le cinéma de genre puisse être un cinéma d’auteur populaire en France ». « Le cinéma réaliste pour l’instant ça ne m’intéresse pas. C’est des bons sentiments. Peut-être que j’en ferai un jour mais pas pour l’instant ». Il ne désire pas raconter le quotidien monotone des hommes. Il avoue : « je suis proche de la scène alternative mais je rêve des deux millions d’euros pour un long métrage ». Il en profiterait alors pour faire l’adaptation du livre Le Violon d’Anne Rice. Un homme d’avenir, un trentenaire bien dans son époque, bien dans sa passion, bien dans sa vie. « J’habite sur un bateau, je ne suis pas très terrien ». Avec Stéphane Morel, nos sens perdent le nord, avoir peur devient beau.
Marion Le Duc et Marianne Guéry, M1 Département Information-Communication
Crédits photos : Rémi Goulet et Stéphane Morel (extraits de son court métrage La 72ème heure)
Sa dernière œuvre : La 72ème Heure :
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