
Récit Mordant d’Impertinence
Précis de théorie éRéMIstique selon Georges Wesson
Jérôme Akinora, dans ce premier roman autobiographique, met en scène Georges Wesson autoproclamé "aventurier du RMI". Le personnage- narrateur, Bac+7, issu de la classe moyenne supérieure et élevé dans "le culte de la sécurité de l’emploi et la réussite sociale",entre en hérésie, à l’encontre des valeurs inculquées, quand il plaque travail, compagne, appartement confortable et famille.
Il devient pauvre "un peu par accident, un peu par curiosité" en entrant en RMI "comme d’autres entrent en religion". Les enseignements tirés de sa condition nouvelle l’emmènent à reconsidérer les valeurs du monde "inséré". Au cours de son exploration et de ses expérimentations diverses pour se réinventer un nouvel art de vivre, il se fait démystificateur de la valeur travail. Des propos finement subversifs servis par une ironie corrosive. Totalement grisant...
Paroles d’un hérétique
Georges Wesson nous expose sa conviction du non travail. Il se place à contre courant du sens commun entretenant le culte du travail et représentant le RMI comme infamant, ou tout juste toléré, en tant que dispositif d’insertion par le travail quand le bénéficiaire cherche activement un travail quel qu’il soit ; ou alors en tant que garanti de paix sociale quand l’allocataire tombe dans la déchéance. Georges, lui, ne veut "ni travailler, ni déchoir". Ce qui le rend, aux yeux orthodoxes, injustifiable et honteux. Dans ce cadre, il lui est donc difficile de faire état de sa situation et il devrait donc se taire. Mais pensant arriver au terme de ses droits, il se décide à témoigner. L’humour employé, dans le récit, est un moyen de se réapproprier et réinventer sa vie, de balayer l’image d’handicapé social et présenter un statut assumé.
"Le récit d’un délavage de cerveau"
Son entrée en RMI est pour lui le moteur d’un déconditionnement, l’occasion de réévaluer les propos et valeurs auparavant inculquées et imposées comme une évidence.La découverte de sa nouvelle identité va de pair avec la remise en question de l’ancienne. L’exploration est méthodique : questionnement, expérimentations, solutions et réinvention d’un mode de vie. Ainsi, on voit le personnage entreprendre une série d’expérimentations destinées à mettre en doute la justification du travail située dans la nécessité de manger : "Qui ne travaille pas, ne mange pas". "lorsque je démissionnais, je crus vraiment que j’allais mourir de faim, par quoi on verra la force d’un conditionnement, mais ma mauvaise volonté me fit préférer mourir de faim plutôt que de mourir à la tâche". Après plusieurs recherches et lectures, il entreprend un régime basé sur la consommation de plantes sauvages. Quand il découvre que les prés constituent un garde-manger inépuisable, il se pose la question ; "où est donc la famine tant redoutée ?"
Cette aventure lui fait adopter un autre point de vue à partir duquel il requestionne sa propre culture. En expérimentant et réinventant une nouvelle forme de vie, il réévalue les notions de nécessité, confort,... et questionne, d’un point de vue érémistique, le rapport à la richesse et aux objets du désir ( téléviseur, voiture...) A deux doigts de faillir à son nouveau credo, quand - alors qu’il pensait arriver au terme de ses droits et donc de son aventure- une opportunité se dessine dans la rencontre d’une ancienne collègue lui annonçant qu’elle cherche à recruter. Il ne saisit pas l’opportunité. Il continue finalement à percevoir le revenu. L’aventure érémistique peut continuer.
Art. Aurélie Bouchard
Jérôme Akinora, Les aventuriers du RMI, L’Insomniaque, 2004.
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