
La fête en voie de disparition ?
acteurs et usagers de la fête rennaise organisent des Etats- Généraux
Diminution des cafés- concerts, ouverture des bars limitée à 1 heure, cars de CRS par dizaines dans les rues,... C’est cette situation de la vie noctambule rennaise qui est à l’origine des deux jours de forums ayant eu lieu le week end du 14 et 15 mai dernier à la salle de la Cité de Rennes.
A l’appel d’une vingatine d’associations actrices de la fête, plusieurs participants acteurs de la fête, sociologues et juristes se sont réunis aux rencontres des Etats- Généraux de la fête. Ils se sont exprimés sur les thèmes des fonctions sociales de la fête, son cadre légal ainsi que sur les difficultés rencontrées par les acteurs de la fête.
Le bilan de ces rencontres entre acteurs et population a abouti à la rédaction d’une charte du droit à la fête soumis le lundi 16 mai aux élus locaux, dans l’espoir que ces propositions soient entendues et permettent de trouver une issue à la situaton actuelle.
Dyonisiaque et encadrée : les multiples facettes de la fête
Le forum s’est ouvert en posant le sujet de "la fête" : spontanée, subversive, acte de transgression, comme essentiel désoeuvrement, ou au contraire : institutionnalisée, normalisée, acte de neutralisation, comme débordement ponctuel autorisé dans le cadre d’un évèneemnt précis, le terme de "fête" recouvre des réalités ambivalentes.
D’un côté, on définit par "fête", les manifestations organisées par des personnes ayant légitimité à le faire. Alors, les comportements festifs spontanés sont abordés comme des nuisances ou des déviances. D’un autre, la fête est nécessairement spontanée et transgressive. Alors, les fêtes organisées sont considérées comme un dispositif de neutralisation. Ces fêtes "neutralisées" étant les plus tolérées, cela poserait la question d’une fracture sociale de la fête.
Les acceptations différenciées de ce qu’est "la fête" montrent que la fête est, plus qu’une chose immuable aux contours bien définis, un enjeu d’appropriation, derrière lequel se profile des valeurs, des visions de société qui s’affrontent.
La fête, une nuisance ?
Les diverses interventions au sein du forum ont reproché l’angle réducteur sous lequel les mesures d’ordre public et les textes juridiques abordent (et stigmatisent)le sujet de la fête. De plus, il a été souligné que la multiplication des textes pèse comme une contrainte sur les organisateurs de fêtes.
Les mesures prises par le préfète d’Ille et Vilaine au nom de la tranquilité publique ont, en effet, considérablement modifié le paysage noctambule rennais.
Ainsi, l’arrêté du 13/07/2004, concernant les débits de boisson, a eu pour effet la diminution des lieux de fête ouvrant après 1 heure. La nouvelle nomenclature des débits de boisson que ce texte établit a supprimé la catégorie "bar d’ambiance" qui pouvait fermer à 4, 5 ou 6 heures auparavant. L’arrêté établit également que l’ouverture des premiers établissements doit se faire 1h30 au moins avant la fermeture des derniers. C’est donc fini des réjouissances festives 24h/24.
Plus récemment, l’arrêté du 18/01/2005 interdit de posséder tout récipient d’alcool dans le centre ville du jeudi 21h au vendredi 6h. Exit donc les rendez-vous et déambulations spontanées du jeudi soir. (A noter que les autres jours de la semaine tout est encore possible !)
Outre l’arrêté concernant les débits de boisson, les bars sont également touchés, comme les structures socio-culturelles, par le décret bruit concernant les établissements diffusant de la musique amplifiée. Celui-ci conduit les bars n’étant pas insonorisés à installer un limiteur de pression acoustique. Le gérant d’un café concert rappelle que le seuil fixé à 79 dB est atteint dès lors que son bar accueille 40 personnes parlant normalement. Dans cette mesure, il lui est donc désormais impossible d’offrir une scène aux musiciens. L’application de ce décret a eu pour effet la quasi extinction des cafés concerts.
Perspectives
Devant cette série de mesures attestant d’un glissement de perception des comportements festifs concidérés et construits comme une nuisance, les Etats Généraux (EG) ont rappelé les aspects positifs de la fête. Ils ont ensuite proposé d’approcher globalement la question, sous l’angle de la pratique culturelle. Cet angle les a amené à revendiquer la fête comme un droit, puisqu’en tant que pratique culturelle, la fête relève de la déclaration universelle des droits culturels de l’Unesco (2001).
Concrètement, les EG ont appelé à une gestion collective de la fête. Il a été affirmé la volonté de créer une commission sur la fête qui serait un lieu de médiation pour gérer les conflits liés à la fête. Elle se chargerait aussi d’aider à la création de projets festifs en informant sur le cadre législatif. Enfin, elle se chargerait d’expérimenter "une nouvelle gestion publique des temps sociaux de la fête" en proposant, par exemple, d’expérimenter une extension des heures d’ouverture des bars. Souhaitons à la fête rennaise de meilleures nuits.
Aurélie Bouchard
lien vers site du jardin moderne sur lequel on peut consulter la Charte :
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