La langue espagnole est un ingrédient en plus pour sensibiliser les enfants et éveiller leur curiosité

Le projet d’Akelarte naît il y a un an et demi à Nantes de la rencontre entre Airana Iribas et Julia Gómez, deux comédiennes espagnoles qui partagent le même amour pour la France, l’Espagne et le théâtre. Aujourd’hui, l’association réunit quatre comédiennes, deux Espagnoles : Airana Iribas et Julia Gómez (également auteurs des pièces), une Chilienne : Marga Murua, et une Française : Delphy Murzeau, et Maël Le Cloarec, chargé de communication et de production.

Deux spectacles pour enfants bilingues inspirés de contes célèbres ont vu le jour, L’Affaire Boucle d’Or et Profesor Loup, avec une volonté de sensibiliser les enfants à la culture et à la langue espagnoles à travers le théâtre. « La langue espagnole est un ingrédient en plus pour sensibiliser les enfants et éveiller leur curiosité », explique Maël. Les deux pièces ont été jouées plusieurs fois au TNT en 2009, ainsi qu’au festival Système D en septembre. Alors, est-ce que ça fonctionne ?

Le public devra juger de la culpabilité de Boucle d’Or

« ¡Holá ! », commencent par se présenter Julia Gómez et Marga Murua (laquelle remplace actuellement Airana Iribas, qui attend un heureux événement). Plus que le conte de Boucle d’Or lui-même, c’est la suite du conte de Grimm que L’Affaire boucle d’Or raconte. D’habitude, le conte se termine sur la fuite de Boucle d’Or qui, effrayée par les trois ours, saute par la fenêtre de la chambre et ne les reverra plus jamais.

Ici, Boucle d’Or ne reste pas impunément en liberté après avoir bu la soupe de Petit Ours et dormi dans son lit, car Petit Ours a décidé de se défendre en portant plainte contre la petite fille ! C’est ce que son avocat, joué par Marga, nous explique en français avant de faire entrer l’accusée, qui vient de Segovia, et ne comprend pas le français. Pendant qu’au premier plan, au tribunal, on raconte rétrospectivement les faits, le public voit Boucle d’Or (Rizitos de Oro en espagnol) agir dans la maison des trois ours au second plan de la scène. Mais le public ne se contente pas d’assister au procès, il a été préalablement nommé jury et devra juger de la culpabilité de Boucle d’Or à la fin du spectacle.

Cette Boucle d’Or des temps modernes est plutôt " rock’n roll "

On aurait tendance à prendre parti pour Petit Ours quand on découvre cette Boucle d’Or des temps modernes qui, loin d’être la petite fille naïve qu’on aurait imaginée, est plutôt "rock’n roll". Même si elle ne quitte jamais son doudou, elle n’hésite pas à le jeter contre un mur. Elle ronfle, répond mal à son avocate, est souvent de mauvaise foi, remue ses couettes sur le rythme de We will rock you de Queen et pique le doudou de Petit Ours pour l’embêter… Bref, son attitude ne laisse rien présager de bon pour elle qui a déjà passé une nuit de garde à vue en prison.

D’autant plus que bon nombre de personnages viennent à la barre témoigner contre elle. Le Petit Poucet vient, la casquette à l’envers, rapper son témoignage, le Méchant Loup, qui arrive de la Pampa argentine en jet, condamne les « enfants gâtés » de notre époque, en fumant son cigare. Seule le chaperon rouge, une mijaurée, prend la défense de son amie. Autant dire que le jury s’est fait son idée…jusqu’à ce que, soudain, Petit Ours se repente et annule sa plainte. Oui, il veut continuer à jouer avec Boucle d’Or, qui même si elle l’a embêté, au fond, n’est pas méchante. Le jury, attendri, déclare Boucle d’Or innocente : elle ne sera punie qu’à des travaux d’intérêt général...

"On a voulu que petits et grands puissent partager leurs émotions devant cette pièce"

Ni noire, ni blanche, Boucle d’Or a évolué avec son temps. Oui, les enfants font des bêtises, oui, ils sont parfois même méchants, mais ils savent se repentir et, entre eux, se pardonner. Cette mise en scène originale, drôle et très musicale fait revivre ce célèbre conte universel qui, ici, prend les couleurs noire et rouge de l’Espagne. La langue espagnole n’est plus une barrière, les enfants, mais aussi les plus grands, rient à gorge déployée devant cette Rizitos de Oro.

« On a voulu que petits et grands puissent partager leurs émotions devant cette pièce », explique Airana Iribas. Le pari d’Akelarte a sans nul doute été gagné, le public est conquis, car il a tout compris !

Texte : Elsa Briand

Photos : Margot Duval

Portrait : Patrice Molle

En savoir plus

  Renseignements et dates disponibles sur le blog d’Akelarte

  Terrain Neutre Théâtre

11 allée de la Maison Rouge 44000 Nantes