
Entreprenariat Social
Papili, rencontre avec une femme au bord de la crise de vert !
Dans son ancienne vie, Lucile Bernadac était chercheuse et travaillait à l’intégration des personnes handicapées pour le compte de grandes entreprises. A 30 ans elle décide de créer sa propre entreprise.
Papili c’est l’histoire d’une jeune femme, maman et entrepreneur, qui, un jour, a voulu avoir le choix d’offrir à ses enfants des doudous éthiques. Pas des peluches fabriquées à la chaîne, quelque part en Asie ou ailleurs, dans des ateliers « contestables », mais de vrais doudous avec une âme, une qualité sociale, et, derrière tout cela, de vrais beaux projets humains : des revenus décents et garantis pour les petits producteurs de coton, des écoles pour leurs enfants, des entrepôts pour leurs coopératives, de meilleures conditions de travail et l’accession à l’autonomie pour les ouvrières en confection.
Et, parce qu’il était hors de question de choisir entre de beaux doudous et des doudous solidaires, il les fallait à la fois ludiques, esthétiques et porteurs de valeurs. Car aujourd’hui, si, Max Havelaar, c’est du café, du thé, du sucre, du chocolat... équitables, c’est aussi, depuis 2005, une filière non alimentaire, celle du coton.
Un développement international
La France est investie dans ce nouveau projet depuis maintenant plus de trois ans désormais, notamment grâce au soutien institutionnel et financier du Ministère des Affaires Etrangères et du Centre pour le Développement de l’Entreprise, organisme paritaire de l’Union Européenne et des pays ACP (pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique).
Quand on lui parle du commerce équitable, il va sans dire que pour Lucile, l’écologie est intégrée à 100 %, c’est pour cela d’ailleurs que son entreprise, Papili, a développé conjointement ses filières équitables et biologiques [1].
Lucile réfute toute vision dichotomique du monde qui opposerait économie et solidarité, petits producteurs et grand public, Nord et Sud…et ne veut pas être étiquetée associatif ou business. Sa démarche est claire : elle ne veut pas faire la révolution mais utiliser le système économique pour créer de la richesse qui soit reversée aux producteurs du Sud. Intarissable sur les aberrations de l’agro-industrie lorsque l’on parle de cotonculture, elle défend avec conviction des méthodes de culture alternatives, respectueuses de l’environnement.
Lucile réfute tout vision dichotomique du monde qui opposerait économie et solidarité, petits producteurs et grand public, Nord et Sud…et ne veut pas être étiquetée associatif ou business
Des marques réputées se sont engagées dans le développement de cette filière, jusqu’à présent essentiellement dans l’univers du prêt-à-porter et du linge de maison. Depuis 2006, l’offre des produits en coton équitable s’élargit : Papili à lancé la première gamme de doudous en coton équitable labellisé, issu du commerce équitable, et certifié biologique (certification Ecocert).
Papili est à l’heure actuelle l’un des rares acteurs français à s’être engagé aussi loin sur le terrain, en contribuant activement (tant humainement que financièrement) à la redynamisation et à la valorisation économique et sociale de la culture du coton africain, à travers les projets équitables tout d’abord – afin d’assurer aux producteurs de justes revenus pour leur travail et de leur permettre d’accéder à l’autonomie financière -, puis via la certification Agriculture Biologique -garante du respect de leur environnement et de leur indépendance- en particulier face aux pressions en faveur des OGM -, et constituant de plus en plus un critère d’exigence de la part des consommateurs du Nord.
Un soutien inconditionnel aux producteurs
Depuis le début du projet coton équitable, les conditions de vie et de travail des membres de ces coopératives et de leurs familles se sont considérablement améliorées : l’achat, notamment, d’ânes ou de bœufs pour tirer les carrioles supportant les récoltes de coton a contribué à diminuer la pénibilité au travail ; parallèlement, l’acquisition de ces animaux permet aux producteurs de continuer à recourir aux fumures organiques pour la culture de leur coton.
D’autre part, nombre de projets de développement ont déjà vu le jour, et ont sur la vie sociale des villages et des communautés sénégalaises des répercussions considérables : construction de greniers de stockage et d’écoles en dur pour les enfants, construction de petites habitations pour les instituteurs - afin qu’ils puissent demeurer sur place, et que les enfants bénéficient d’une scolarité dans la durée, etc.
L’entreprise s’est engagée à accompagner parallèlement, dans les pays cotonculteurs du Sud, des projets de développement connexes (…) : tissage par les femmes pour poursuivre les actions d’autonomie des femmes initiées sur place, etc
L’entreprise s’est engagée à accompagner parallèlement, dans les pays cotonculteurs du Sud, des projets de développement connexes à la culture du coton équitable et biologique, afin de créer, autour de ce coton africain, une synergie économique qui bénéficiera au plus grand nombre, parmi les communautés impliquées : replantation de l’indigo pour valoriser un projet de teinture et le maintien des savoir-faire locaux ; tissage par les femmes pour poursuivre les actions d’autonomie des femmes initiées sur place, etc.
Dans les ateliers partenaires de Papili, en Inde notamment pour la confection, le projet du commerce équitable permet aux salariés de bénéficier d’améliorations de conditions de vie et de travail tangibles : un comptage précis des heures de travail (horaires fixes), avec une rémunération systématique des heures supplémentaires (qui demeurent facultatives) conformément aux barèmes établis par la législation nationale ; des salaires mensuels supérieurs à la moyenne nationale ; de vraies feuilles de paie qui peuvent permettre notamment aux ouvrières d’accéder enfin seules au crédit….
Aujourd’hui, Lucile Bernadac a notamment réussi à nouer des liens commerciaux avec ses 230 points de vente indépendants qui soutiennent son projet : en France, en métropole et outremer… [2] Un pari d’avenir dans des boutiques avec lesquelles elle s’engage à un véritable partenariat, en tissant des liens qu’elle veut sincères et durables. Les doudous de Papili se retrouvent même un peu partout en Europe, et parfois même un peu plus loin : en Suisse, au Japon, au Canada, aux Etats-Unis…
Stéphanie Dupin
[1] Le commerce équitable est un partenariat commercial, basé sur le dialogue, la transparence et le respect, qui vise plus d’équité dans le commerce international. Il contribue au développement durable en proposant de meilleures conditions commerciales aux producteurs marginalisés, spécialement dans le Sud, et en sécurisant leurs droits.
[2] A Nantes chez Ludibulle, Maïa Bulle, Ti Moune
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