
Post-rock
Oldman, new music
Oldman, Le Violon Dingue, Nantes, 4 janvier 2008
Il est des groupes auxquels on s’attache en l’espace d’un instant. Des groupes qui, à peine arrivés sur scène, inspirent la confiance. Oldman est l’un de ces groupes. Il était au Violon Dingue, à Nantes, le 4 janvier dernier, pour nous offrir un set post-rock subtil.
Depuis que la cigarette en a été bannie, c’est devant le Violon Dingue que l’on peut voir les musiciens griller leur dernière sèche avant d’entrer en scène. Charles-Éric Charrier, par exemple, leader d’Oldman et bassiste caméléon qui œuvre habituellement dans le domaine des musiques expérimentales et improvisées. Moitié du duo nantais Man, il a entre autres collaboré avec Mathias Delplanque au sein du Floating Roots Orchestra et avec… Le Coq.
Oldman, c’est aussi un guitariste, Rémy Bellin, et un batteur, Ronan Benoît, qui, eux, viennent du rock. Du métal, en fait, leur groupe répondant au doux nom de Puanteur Crack. Les trois musiciens étaient rejoints ce soir-là par Cyril Secq, un des leaders et guitaristes du groupe expérimental Astrïd.
Archet et EBow
Comme tous bons post-rockeurs, les musiciens d’Oldman s’intéressent plus aux textures sonores qu’aux riffs accrocheurs. Leurs pièces sont harmoniquement et mélodiquement très simples. Interrogé, Charles-Éric rectifie : “Ça paraît très simple, mais en fait, c’est très complexe.” On veut bien le croire. Simple ne signifie pas indigent. Sur fond de principes minimalistes – continuité et répétition –, Oldman élabore des nappes sonores chatoyantes et des boucles de guitare psychédéliques qui se déploient au gré de l’utilisation de techniques de jeu étendues. Les cordes des guitares sont parfois frottées à l’archet, parfois excitées à l’EBow. Le groupe crée ainsi une atmosphère mystérieuse et luxuriante, riche de bruits dont on ne sait plus très bien d’où ils proviennent ni comment ils sont produits.
Les cordes des guitares sont parfois frottées à l’archet, parfois excitées à l’EBow
Charles-Éric Charrier, en frontman, pénètre la masse sonore de riffs bluesy infiniment répétés. Le bassiste obstiné, courbé sur son instrument, est attentif. Il écoute. La musique d’Oldman serait-elle improvisée ? “D’habitude, tous nos morceaux sont composés, mais cette fois, comme cela faisait plusieurs fois que l’on jouait à Nantes, j’ai voulu faire quelque chose de différent. On a pris un ou deux thèmes et on a improvisé.”
Sèche, revêche…
Deux thèmes, pour deux atmosphères très différentes. La première est planante d’abord, résolument rock ensuite. La batterie, d’abord jouée au mailloches, s’installe dans un 4/4 qui ne tarde pas à évoluer en un backbeat entraînant. Les deux guitares, son clair et lignes limpides, se répondent comme les douzes cordes d’un seul et même instrument. Il y a du Television là-dedans.
Et puis, de planante, la musique d’Oldman se fait méditative. Charles-Éric s’approche du micro et chuchote des textes dont on ne saisit que quelques bribes, mais dont on devine qu’ils sont désenchantés. La musique d’Oldman n’est certes pas du blues, mais elle finit par le donner.
Sophie Pécaud
Photos : Juliette Richard
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