Luz, dessinateur-DJ
« La règle, c’est d’être à jeun pour dessiner  »
Luz dans un festival à Angoulême, au premier abord, rien d’anormal. Sauf que dans le cas présent, on ne parle pas du festival de la BD, mais bien de musique, avec la Garden Nef Party. En juillet dernier, la première édition de cette "fête jardinière" réussissait quand même le pari fou de faire jouer LCD Soundsystem, Arcade Fire, CocoRosie, Animal Collective et autre Muse dans une terre charentaise peu habituée à ce genre d’évènement.
Pour l’occasion, le trublion moustachu de Charlie Hebdo avait troqué son feutre contre une platine et proposait des mix jouissifs entre les groupes. « Mixer, c’est le meilleur moyen pour boire des coups gratos et écouter de la bonne musique parce que c’est toi qui la passe. Et puis j’aime bien sortir le soir, danser, faire le con, voir des potes et ricaner. Au bout d’un moment je me suis rendu compte que tous mes potes étaient DJ, sauf ceux de Charlie. Cependant, j’ai déjà réussi à faire mixer Charb, il avait passé les Chants de l’Armée Palestienne, Tom Jones et un Sepultura. Il n’avait que 3 morceaux. »
Si le mot artiste a remplacé celui de journaliste sur son accréditation, Luz n’en abandonne pas pour autant son premier amour : croquer la musique live. « J’ai toujours mon carnet sur moi, hier soir j’ai dessiné !!! (chk chk chk), j’aime bien ce qu’ils font. J’ai fait quelques dessins incompréhensibles, j’étais un peu trop défoncé à ce moment là. La règle d’ailleurs, c’est d’être à jeun pour dessiner. »
Luz n’aime pas la chanson française
Entre deux coups de Klaxons -le groupe programmé sur scène pendant cette interview- on en vient à parler de la musique made in France, sa bête noire et sujet phare de sa dernière BD, J’aime pas la chanson française. « Tu pouvais passer à côté de Delerm ou Bénabar à leurs débuts, maintenant c’est juste impossible, t’as de la musique partout, au restaurant, au supermarché - ce qui est complètement idiot d’ailleurs. Je ne peux plus écouter la radio, c’est terminé. C’est comme une espèce d’agression. Alors il fallait une réponse. ». Et quelle réponse ! Corrosif et sans pitié, l’album est une petite bombe, le genre de pamphlet qui collerait un infarctus aux auditeurs de Chérie FM.
Enfin j’ai pas écouté tous les groupes dont je parle,t’as pas besoin d’être allé en camp de concentration pour être anti-fasciste
Le terroriste s’explique : « Je me suis rendu compte que peu de gens crachent sur eux en fait, comme s’il y avait un orgueuil nationaliste. En Angleterre, ils ont des groupes kleenex, ils se mouchent avec et ils jettent le kleenex. En France on en a aussi, sauf qu’ici, on se branle dans le kleenex, on le garde et on le met sous cadre ! ». Trash, on vous dit. Mais le brave a des circonstances atténuantes, il a payé de sa personne pour réaliser son œuvre. « Je me suis tapé un concert de Delerm, et aussi de Grand Corps Malade... Enfin j’ai pas écouté tous les groupes dont je parle, t’as pas besoin d’être allé en camp de concentration pour être anti-fasciste. » Amen.
Texte et photo : Alexandre Hervaud
Dessin : Luz
J’aime pas la chanson française est publié aux éditions Hoëbeke
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