Un album live après plus de quinze ans de scène. Pourquoi maintenant ?

C’est un projet qui avait toujours été reporté, faute d’argent souvent. Et puis, on m’a fait une proposition de biographie, programmée à l’automne 2007. Avec les musiciens, l’ambiance passait bien, on a poussé la logique du collectif. C’était le moment de le sortir.

C’est une sorte de best of ?

Non. C’est quelque chose de synthétique qui regroupe toutes les périodes. Mais il y a des chansons que les gens attendent et d’autres moins. Ces dernières ont été choisies parce qu’elles sont intéressantes sur scène.

Une nouvelle tournée s’enchaîne avec la précédente…

On a voulu accompagner le disque. Du coup, on reproduit le live. Et on a ajouté une dizaine d’autres morceaux. Des idées parfois improbables et très ludiques. Je n’aurais jamais pensé reprendre “Otto Box” (Un titre de l’album “Si je connais Harry”, ndlr) il y a six mois. Et puis, en s’amusant, on en a fait quelque chose d’intéressant.

Tes chansons sont sans cesse réinterprétées. Tu laisses entière liberté à tes musiciens ?

Oui. On joue sans cesse les mêmes morceaux. Leur apport est essentiel pour se renouveler. Je leur accorde un capital confiance, une liberté qu’ils utilisent intelligemment. J’ai besoin de devenir directif que lorsque le résultat n’est pas abouti.

As-tu l’impression d’avoir parfois laissé trop de libertés, notamment sur l’album “Tout sera comme avant” ?

Je ne regrette pas. Ce sont des expériences riches d’enseignement à partir du moment où il n’y a pas de brouilles avec les gens, de mauvais souvenirs de tournée. Après, si quelque chose ne m’a pas plu artistiquement, c’est un moteur pour avancer.

La réelle interrogation : savoir si mon futur travail prendra la forme d’un album

Tu regrettes certains choix artistiques ?

Non. J’ai payé les choses aventureuses en terme d’exposition publique. Des albums comme “Remué” ou “Tout sera comme avant” ont été des périodes douloureuses. Des virages difficiles où il faut se justifier en permanence. Mais il y a toujours un intérêt.

Etre diffusé, c’est important ?

Ça ne m’indiffère pas. Je fais de la chanson, pas de la musique difficile. Ma créativité serait altérée si je prêchais sans cesse dans le désert. Bien sûr, j’ai aussi envie de surprendre. C’est un équilibre à trouver.

Il te reste des choses à explorer ?

J’essaye de ne pas trop me poser de questions sinon ça paralyse. Une chose est sûr : ma voix ne va pas changer et mon travail restera typé. La réelle interrogation est de savoir si la prochaine fois, je publierai un album. Le format tend à disparaitre. C’est une donnée qui me trouble un peu. On ne travaille pas de la même façon. Avec le disque, il y a une idée de son global, une construction dans l’organisation des morceaux, un jeu de questions-réponses. On imagine une suite à chaque chanson. Avec Internet, l’état d’esprit n’est pas le même.

La tournée finie, tu changes à nouveau de formule ?

Il faut modifier le fonctionnement du groupe, ne serait-ce que pour une question de son. Mais c’est dur : je continuerais bien avec les mêmes pendant dix ans !

Propos recueillis par David Prochasson

Photos : Franck Loriou

  Dominique A – Sur nos forces motrices. Album live.
  Dominique A – Les points cardinaux par Bertrand Richard.
  Dominique A – Les sons cardinaux, compilation de seize chansons inédites enregistrées de 1981 à 2005 et réparties sur quatre disques, chacun correspondant à une période. Livret écrit et illustré par Dominique A.
  Dominique A - Textes illustrés. Recueil de textes et de chansons mis en image par des illustrateurs.

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