electro break beats
Undergang : Play it louder ! (La pieuvre par neuf)
Undergang à Culture Bar-Bars pour la sortie de Rue du Maroc
Break-beats sophistiqués, violons insolites, flows poétiques, rugissements frénétiques : les tentacules de ‘la pieuvre’ savent tout mixer. Son nouvel album délivre un éventail de sensations qui déboîtent la cervelle, et des cascades de mots qui rallument le cerveau. Plus communément appelé Undergang, ce guerrier pacifique et cultivé est à l’affiche de Culture Bar-Bars 2007.
Le nouvel opus de Undergang, c’est un cri de rage de Ferré qui percute à pleine vitesse un édito du Monde Diplo, dans la fournaise d’une bande son furieuse, racée et polychrome. Sur scène, l’homme orchestre qui joue tout à lui tout seul pilote ses machines comme un titan, et éructe comme un croisé du flow francophone.
Après son set electro-rock au ‘St Seb’ Sound-System’, il nous l’avait promis : le deuxième album serait nettement plus rock. C’est chose faite avec "Rue du Maroc", qui élève le niveau un degré au dessus de son aîné "Alter-native". Les saveurs du Maghreb sont loin ; l’album est un sabbat exutoire et synthétique orchestré par Undergang l’homme-machine, appuyé par Damny Baluteau, de La Phaze, au meilleur de sa forme. Avec des titres aussi contrastés que "Le Silence des Soumis" ou "L’instant et l’instinct", il remet l’utopie au goût du jour. Le souffle puissant comme un marathonien, le débit d’une sulfateuse, le mad max du verbe propulse ses couplets savants sur une autoroute sonore : macadam break-beat, brouillard électro, glissières punks et interludes orientaux en guise de bande d’arrêt d’urgence. Pas le temps de regarder dans le rétro pendant ces trois quarts d’heure de Kung-fu musical et verbal qui alternent les figures abstracts, les prises de ninja qui paralysent les tympans, et les coups dans la gueule.
Le mad max du verbe propulse ses couplets savants sur une autoroute sonore
Enervé à la scène et érudit à la ville, il cite Ferré autant qu’Asian Dub Foundation, et se passionne pour l’histoire et l’économie. Avec subtilité et patience, il parle de son nouvel album, des réalités qui l’écorchent, et de maîtres de musique.
Un homme de paroles
Fragil : Comment l’album a-t-il été élaboré ?
J’ai souvent joué avec La Phaze et on a sympathisé avec toute l’équipe. Lorsque j’ai dis à Damny que je travaillais sur le deuxième album, il m’a proposé de m’aider à le réaliser, dans le studio de La Phaze, à Nantes. Damny m’a donné des conseils techniques pour travailler en profondeur le son et les effets. Je suis rentré chez moi et j’ai tout retravaillé. J’ai enregistré les pistes guitare à Toulouse avec Julien Soula, le bassiste de Sidilarsen, et je suis remonté a Nantes. Là, on a enregistré les voix, discuté, écouté... Et puis Damny a commencé le mixage de l’album, que l’on a terminé ensemble. J’ai beaucoup appris grâce à lui.
Fragil : Tu as déjà joué sur les mêmes scènes que Le Peuple de l’Herbe, Asian Dub Foundation, Coldcut, High Tone, Ez3kiel, The Hacker, Missil, Meï Teï Sho...Des collaborations en vue ?
Oui, j’ai beaucoup de projet en cours, notamment un album avec des invités et un projet de groupe plus orienté rock reggae, avec très peu d’électronique, et une formule guitare-basse-batterie-clavier. Ces projets devraient se développer après la sortie de l’album "Rue du Maroc", courant 2008...
Fragil : Parle-nous des textes de « Rue du Maroc".
Je les aime tous. Ils ont chacun une identité. ‘Interludique’ est assez personnel, c’était assez nouveau d’écrire de cette façon pour moi, une sorte de petite introspection... ‘L’Abstrait’ développe une idée qui me tient à cœur, celle de voir les choses différemment, au-delà des barrières ; ce qui donne un peu de souffle nouveau à un monde parfois si terre-à-terre .... "Respire le parfum du silence quand on crie dans la rue les méthodes de bienséance ! ", "Donnons nous le droit de regarder plus loin.". ‘Death Designers’ fait état de la manipulation mensongère qui règne dans les médias et du sentiment d’impuissance que l’on peut ressentir à cet égard. Après la constatation, un espoir : "Par les sourires et l’entraide, les contrer. On n’a que la solidarité pour pouvoir négocier ! ".
‘La Main Tendue’ évoque la ville et le sentiment que l’on peut avoir lorsqu’on la traverse : "Un théâtre de fantômes, un oubli programmé...", se sentir en décalage par rapport à un monde qui va toujours plus vite "Quand le jour ferme les yeux, les miens s’ouvrent lentement, à contre-courant du normal, je compte à rebours au présent.", "Ce beau monde qui dort quand je vis et qui vis quand j’écris ces phrases mâchées pleines de dépit."
Je ne comprendrai jamais comment les gens ont pu faire abstraction de certaines phrases prononcées par celui qui trône aujourd'hui à la place de Supermenteur !
Fragil : Quels sont les thèmes que tu abordes dans ces textes ? Est-ce que ce sont les mêmes que dans "Alternative" ?
Les thèmes que je traite dans cet album sont assez proches de ceux du premier : le monde n’a pas vraiment changé depuis 2005. Notre société se droitise de plus en plus, je traite donc toujours de l’égoïsme ambiant qui règne, de la sécurisation abusive de nos vies, de la manipulation des gros medias, qui sont à présent encore plus proches des pouvoirs en place, du désintéressement total de ce qui se passe dans les pays qui souffrent depuis des décennies à cause des sociétés occidentales . Il suffit de regarder la télévision cinq minutes pour avoir envie d’écrire sa rage contre la lobotomisation générale, qui semble de plus en plus efficace : 53 % (de votes exprimés, pour Nicolas Sarozy ndlr), c’est un chiffre qui déroute, non ? Je ne comprendrai jamais comment les gens ont pu faire abstraction de certaines phrases prononcées par celui qui trône aujourd’hui à la place de Supermenteur !
Fragil : Un nouveau public ? Une nouvelle tournée ?
Un nouveau public, on verra, j’espère que ceux qui étaient là pour le premier album apprécieront celui là. Il est peut être plus rock mais garde la même énergie et la même volonté de témoigner de ce qui nous entoure. Une nouvelle tournée, oui, bien sûr, le gros des dates sera en 2008 avec des crochets a l’étranger aussi.
Fragil : Des écoutes à recommander en ce moment ? Des albums indispensables ?
En ce moment j’écoute "Gibraltar" d’Abd Al Malik, “Saison 5” de IAM, “Ishumar” de Toumast et “From Mars To Sirius”de Gojira. Parmi les indispensables, je dirais “Et Basta !” de Léo Ferré, « Blues » de Jimmy Hendrix , "Chip Jockey" de Interlope, "The Shape of punk to come" de Refused et la bande originale de “Interview with the vampire”. Il y en aurait d’autres mais c’est tout ce qui me vient à l’esprit à l’instant !
Un guerrier pacifique à Culture Bar-Bars
On le retrouvera un an et un jour après son premier passage dans l’agglo nantaise : pour la sortie de l’album, il jouera au 15 bis le 22 novembre prochain dans le cadre de Culture bar-bars. La tournée passe par toute la France, plus d’infos et des titre en écoute sur son site . Des vidéos, et tous les textes dispos.
Renaud CERTIN
Culture Bar-Bars, du jeu 22 au sam 24 nov. 2007 dans une centaine de bars, en Loire-Atlantique, en Mayenne, dans le Morbihan, le Doubs, la Vienne. A Nantes, dans plus de 70 bars de la ville. Plus d’infos prochainement.
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses