Festivals de l’été
Au Bout du Monde, un métissage enchanteur
Le festival de Crozon cultive son identité
Une programmation à la fois exigeante et ouverte à un large public, un lieu et une ambiance magique : Crozon n’a pas la notoriété de ses voisins bretons mais s’est révélé parmi les plus intéressantes manifestations musicales de l’été.
C’est un festival atypique dans le paysage des grands rendez-vous bretons. Loin de succomber aux sirènes du succès, Crozon a su rester fidèle à ses valeurs : une jauge raisonnable, des stands valorisant les démarches équitables et le respect de l’environnement, une programmation audacieuse et un goût du métissage culturel. Un événement de plus en plus éloigné des grands messes que sont devenues les Vieilles Charrues et à mille lieux du temple parisien de la consommation, Rock en Seine.
Plutôt que de courir derrière le diktat des chiffres, Crozon privilégie la qualité
Le Bout du Monde cultive son identité. Et évite soigneusement de devenir victime de son succès. Résultat : le compteur des spectateurs demeure volontairement bloqué à 60 000. Cette année encore, il fallait s’y prendre tôt pour ne pas rester aux portes de la prairie de Landaoudec. Une belle fréquentation qui pourrait nourrir bien des ambitions. Mais plutôt que de courir derrière le diktat des chiffres, les organisateurs privilégient la qualité.
Un cocktail réjouissant
Avec des musiciens de la trempe de David Krakauer, Toumani Diabaté ou Winston MacAnuff, le festival invite les artistes des quatre coins de la planète sans céder à la facilité. Un cocktail réjouissant. Que le public apprécie. Ici, les familles côtoient les habitués des festivals. On profite de Cesaria Evora, la diva du Cap-Vert, accolé à la buvette, serré devant la grande scène ou allongé sous le soleil.
Des moments de grâce rythment le festival. Le concert de Salif Keita en était un. Il faudrait plus d’un concert pour prendre la mesure de son répertoire. Le destin de ce chanteur, né albinos dans une famille de griots et rejeté par ses pairs, est remarquable à plus d’un titre. Il a su s’extirper de la gangue des traditions pour offrir une musique sensible, alliant la kora à la modernité d’une guitare. Humble sur scène, il laisse ses musiciens accompagner sa voix puissante. Un grand moment d’émotion.
Sous le chapiteau, Abd Al Malik fait sensation. Pas sûr qu’il s’échappe réellement des clichés, comme on le dit souvent, lorsqu’il évoque les cités HLM, les ghettos et les discriminations. Mais une évidence s’impose : l’homme fait preuve d’un charisme et d’un jeu de scène remarquable. Sur la scène de Landaoudec, Max Roméo mixe Give peace a chance, le titre de John Lennon, à War Ina Babylon. Trente après son grand succès, le jamaïcain n’a rien perdu de sa fougue et de ses valeurs. A l’image de son hôte d’un soir. Exigeant et résolument séduisant.
David PROCHASSON et Audrey LEPAGE
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