Dub
Et Lena mena la danse...
Sonnez caissons et résonnez poètes
Une semaine de résidence, c’est le temps qu’il aura fallu à Lena and The Floating Roots Orchestra pour accoucher ce set à couper le souffle. En à peine 2 heures, le dub s’est offert une cure de jouvence.
Oulà... Ne voyez pas là l’énième rejeton de l’écurie Jarring Effects. Loin d’eux les dogmes établis du dub à la française à la Zenzile, High Tone et consorts. D’accord, la formation est estampillée dub électro, mais ça ne l’empêche pas de se démarquer des autres groupes qui, au-delà d’assurer succès et notoriété des festivals d’été, n’ont pas franchement, avouons-le, renouvelé le genre. Et c’est là que Lena and The Floating Roots Orchestra fait très fort.
Alors que d’autres voient la sacro sainte dub music comme fille unique du reggae, eux la conçoivent plutôt comme la cousine germaine du jazz, du rock, et, bien évidemment, de l’électro. Seule parenté avec les productions jamaïcaines ? Son aspect Dub Poetry, initié par LKJ il y a... pfiou... quelques décennies déjà, et remis sur le devant de la scène par la médiatisation récente du slam, qui ne renie pas ses influences avec le genre sus-cité.
Je cherche souvent à reproduire l'étrangeté de Tom Waits dans le registre de l'électronique.
Au micro, Black Sifichi, activiste de longue date sur les ondes de la parisienne Radio Libertaire. Atteint du très séduisant syndrôme de l’accent ricain qui colle à la langue (mais en plus sexy que Jane Birkin), l’homme est un habitué de l’univers de Mathias Delplanque, alias Lena. Dès lors qu’il s’agit de rendre hommage au vénéré Tom Waits, Black Sifichi fait office de participant incontournable. Tiens, Tom Waits d’ailleurs... « Je cherche souvent à reproduire son étrangeté dans le registre de l’électronique », avoue Lena. A cela je répondrai que la comparaison n’est pas usurpée. Voix caverneuse, ambiances nocturnes, bruitages : l’alchimie fonctionne, et on se croirait presque ailleurs. Très loin même, jusque là où peut guider l’errance noctambule... dans une rue new-yorkaise, ou un faubourg de Berlin-Est. Enfin, quel que soit l’endroit, force est d’avouer que le Floating Roots Orchestra (Rob Mazurek, Steve Argüelles, Charlie O, Rasim Biyikli et Charles-Eric Charrier du groupe Man) font figure d’élèves modèles à la méthode préconisée par Lena.
Calquée sur la technique de poterie (si, si) de fonte à cire perdue, le concept, c’est d’offrir une trame électronique à l’ensemble des musiciens. A eux de jouer, et ensuite, opération démoulage. « Le live est bien distinct du projet discographique qui verra le jour cet hiver. En fait j’aime assez la notion de set post-scriptum de l’album », précise celui qui se revendique autant de Tricky que de Daniel Givens. C’est dire. En attendant, entre downtempo, hip hop et dubstep, il semblerait que le dub ait de belles heures devant lui. Preuve en est ce set où, alors que tout semble retenu et que le temps suspend son vol, la musique s’élance. Délicieux.
Le site myspace de Lena and The Floating Roots Orchestra
Art. Claire Robin
Ph. Fabien Roux
Bloc-Notes
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