Lyrical Bunker : des rappeurs qui débattent !
Hip-Opsession 3 : Nantes 2007.
Les nantais de LYRICAL BUNKER ont chaleureusement accueilli Fragil dans les loges de l’Olympic : un échange informel et fouillé qui fait le tour de la question du rap.
Les quatre nantais, Dr Mab, ‘le papy du hip hop’ , Djay, Ad’System et Mysa Reminghton, ont des choses à dire et c’est dans une ambiance bon enfant qu’une discussion s’improvise quelques heures avant le concert. Ouverts à la discussion, les nantais offrent une belle leçon d’authenticité et de partage, qu’ils incarnent sur scène
Une culture ouverte ?
Ce qui transparaît d’abord, c’est une générosité sans limite et une envie réelle de partage, d’échange sur la culture hip hop. "Attend deux minutes, je discute ! Ce genre de discussion ne doit pas être coupée !" rétorque un des membres à un collègue qui l’interrompait.
A la question délicate de l’assimilation médiatique de la banlieue au rap, ils répondent que chacun est libre de parler de ses souffrances. "Si un homme d’affaire veut parler de son mal être, de son ennui, personne ne le lui interdit, son public sera différent, mais sa crédibilité sera ébranlée si il ne vient pas du quartier. Par contre, s’il assure, rien ne l’empêche de toucher un public plus large."
La discussion embraye ensuite sur les limites du rap ; où sont-elles, existent-elles et qui les posent ? En chœur, ils répondent qu’il n’y a aucune limite jusqu’à ce que les médias te les imposent. "La limite c’est toi-même, ou les médias", conclut un ami du groupe accolé à la porte.
La révolte est-elle indissociable du rap ?
Le rap doit-il être nécessairement être engagé ? Certains pensent que la révolte est essentielle au rap, d’autres que celle-ci existe simplement en raison du sentiment d’injustice .
Né dans les banlieues, le rap fleurit plus facilement dans ces zones isolées, aux frontières des centres ville ; les mots pour le dire sont le langage de ces jeunes, un parlé vif, bref et mordant. Celui qui fréquente le confort insouciant des beaux quartier doit faire un effort pour en décrypter le sens. "Lorsqu’en une journée, cinq fois les policiers t’ont fouillé des pieds à la tête, t’as la rage." disent-ils en colère. Silencieux au fond de la loge Dr. Mab rajoute "Je garde ma rage, toujours positive, je la transforme en énergie, pas de haine, juste une énergie ".
Nous sommes dans l'action, c'est déjà beaucoup !
Les membres de Lyrical Bunker approuvent : "Le rap est ouvert : on pourrait faire une chanson d’amour, ou un titre sur la forêt amazonienne. Assassin et Rockin Squat le faisaient déjà dans les années 90.".
Un débat s’engage alors sur la nécessité d’être responsable du message que l’on délivre. "On écrit à l’instinct, on ne cherche pas à plaire à un public, on écrit ce qu’on pense, sans souci de responsabilité." Le danger, ils en sont conscients, est dans l’interprétation de certains jeunes. "C’est le jeu, rajoutent-ils, la magie de la musique c’est aussi d’avoir des interprétations selon les sensibilités de chacun." D’accord pas d’accord...
Mobilisés sur le vote
Et les élections ? Sur la question, les avis sont unanimes ; mobilisés sur le vote, ces quatre du quartier des Dervallières feront front contre une certaine idée de la France...
Les lyrics en béton des Lyrical Bunker parlent avec les tripes. Si certaines bonnes âmes sont choquées, ce n’est pas un problème : "nous sommes dans l’action, et ça c’est déjà beaucoup", concluent-ils quelques minutes avant leur montée sur scène.
Interview et Photo : Alizée QUELIER
Le myspace des Lyrical Bunker.
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