Festivals de l’été
La voix de Joan Baez embrase Poupet. Les années passent, la voie reste.
La chanteuse était de passage au festival vendéen. Souvenirs.
Que de crânes dégarnis, que de chevelures poivre et sel. Ceux qui sont restés fidèles à Joan Baez furent comblés. À Poupet, tendres années et jeunesse révolue se sont bousculées dans la tête du public cinquantenaire...
2500 festivaliers. C’est peu, vu la notoriété de la chanteuse. Mais c’est sans doute ce qui fait le charme et l’originalité du festival. Assis en rond sur le flanc d’une petite arène, le public est tout proche de la scène située en contrebas. Et comble du luxe, le son est irréprochable, se diffusant avec équilibre dans la petite vallée. Voilà le décor très bucolique d’un concert tout confort, en plein cœur du bocage choletais, non loin des Herbiers, et à mille lieues des cadres habituels des festivals d’été où foule, embouteillages et parking sont souvent les seuls souvenirs que l’on ramène.
Variétoche et mégastars
Le festival doit sa notoriété à une programmation étalée sur tout l’été. N’y cherchez pas la énième pointure musicale underground, ni le dernier talent déniché des sphères musicales indépendantes. Qu’on se le dise, le festival de Poupet officie dans la programmation grand public. Comme il en faut pour tous les goûts, cette édition 2007 verra se produire toute une armada d’artistes gourmands en cachets, dont Polnareff, Noah ou Bruel font figure de meilleurs exemples. Que ceux qui craignent la variété comme la peste passent donc leur chemin. À moins qu’ils n’aient un faible pour les racines de la folk music...
Mother folker
Joan Baez, l’immaculée. Le qualificatif n’est pas usurpé. Celle qui était donnée à entendre ce 21 juillet arbore en effet un charisme et une assurance hors norme, de ceux qui n’ont plus rien à prouver. S’étant affichée aux côtés de Bob Dylan, de Martin Luther King, l’artiste fut déterminante dans nombre de combats des années 60. Elle a rempli autant les stades que les petites salles, respectée pour son engagement antiségrégationniste et pacifiste. Une intégrité sans pareille. A 66 ans, alors que les survivants de Woodstock ont soit retourné leur veste, soit sombré dans l’ombre des désillusions du flower power, elle ne s’est jamais compromise. Au risque d’être confrontée à de moqueuses critiques. C’est-à-dire que bien souvent, son authenticité échappe de peu à un je-ne-sais-quoi de passéisme rétrograde. Mais il est difficile de lui en tenir rigueur. Pour preuve, sa prestation au festival vendéen.
A 66 ans, alors que les survivants de Woodstock ont soit retourné leur veste, soit sombré dans l'ombre des désillusions du flower power, elle ne s'est jamais compromise.
In medias res. Elle attaque avec « Farewell Angelina ». Cheveux gris coupés court. Tailleur marron. Le genre de beauté sans maquillage à révolter toute ménopausée en proie à un minois fripé. Elle est accompagnée d’un batteur, d’un guitariste et d’un bassiste. Simple accompagnement pour une mise en scène sans apparat. Avec Joan Baez, inutile de le rappeler, le spectacle est réduit à son essence même : voix, guitare folk. Et justement, elle continuera son set avec de nombreuses reprises du genre. Rien d’étonnant, mais quel plaisir d’entendre vibrer sa jolie voix soprano lorsqu’elle entonne « With God on your side » ou « Love is just a four-letter word » de Bob Dylan. Mais la chanteuse, souvent reconnue comme n’étant seulement qu’une interprète, s’est également révélée être une très bonne compositrice. Il suffit d’entendre les premiers accords de « Diamonds and Rust ». Le meilleur morceau, et de loin, de son répertoire.
Mais là où Joan Baez fait très fort, c’est qu’elle surprend. Personne ne l’attendait, cette reprise de Renaud. Encore moins celle de Boris Vian. « Le déserteur », joué lors du rappel, a bluffé le public. L’Américaine y fait preuve d’un français quasi correct, malgré son drôle d’accent, garant de son charme d’ex-hippie anglophone. Elle achèvera son set par le très attendu « Here’s to you ». Mais le morceau, quoiqu’ayant fait fredonner le public, reste toujours aussi pénible qu’interminable.
Partagé entre sentiments d’humilité, de respect, et d’admiration, le public de Poupet s’est drapé ce soir-là dans un silence religieux. Il s’est fait tout petit devant une poupée.
Claire ROBIN
Bloc-Notes
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