
Tissé Métisse invite Rapacité production à raconter leurs actions dans les quartiers.
Impossible n’est pas français.
Lors de la journée de la Rencontre (festival Tissé Métisse), organisée le 8 Décembre dernier, des acteurs de la vie culturelle nantaise ont été amenés à se pencher sur la question suivante : La diversité des expressions culturelles favorise t-elle la rencontre ou, au contraire les replis identitaires ? ... David Le Yondre et Jérôme Chevrier, de Rapacité production, apportent quelques éléments de réponse...
« Nous existons depuis 1993. Issus du quartier des Dervallières, nous étions à l’origine une association d’artistes et avions un groupe : Ultime Power. Le but principal de notre collectif était la promotion de la culture hip hop, dans sa globalité, en englobant à la fois la danse, le graff, le rap, et le deejaying. Notre champ d’intervention est large, et nos actions ont lieu sur toute la France. Au sein des écoles, des maisons d’arrêt, des centres de détention, des maisons de quartier, nous touchons bien souvent un public empêché d’accéder à la culture. Notre art est notre outil pédagogique. » David ajoute : « grâce au rap, nous nous sommes ouverts à plein d’autres musiques, et cela a été une façon de nous ouvrir au monde. Le public que nous touchons est bien souvent victime de ghettoïsation, et de repli subi. En ce sens, nous favorisons les lieux neutres pour les rencontres. »
Du quartier des Mureaux, dans les Yvelines...
En plein coeur de cette cité, il existe une école de musique, dans un château : aucun jeune des Mureaux n’y était inscrit, et les cours étaient réservés à d’autres, offrant un apprentissage plus traditionnel (violon etc).
« Dans cette cité, la culture dominante est celle du Hip Hop : nous avons alors souhaité mettre en place des ateliers de rap. Des cours de création MAO, d’écriture et de R’n’B nous ont permis de monter un projet ensemble, avec les jeunes. L’expérience a porté ses fruits et nous avons rapidement doublé le nombre d’ateliers proposés : il y avait alors plus de jeunes inscrits dans nos ateliers qu’aux cours de violon, c’était du jamais vu ! Des liens se sont tissés entre tous les élèves de l’école, puisque nous enregistrions les samples (échantillons de sons) avec les inscrits des autres cours. Rapidement, les jeunes du quartier se sont considérés chez eux, à leur place dans ce château devant lequel il squattaient tous les soirs. »
l'art est un véritable outil pédagogique afin de créer des passerelles.
Jérôme se souvient qu’au début, ils étaient regardés comme « 2 blancs qui faisaient du rap ». Très vite, l’expérience s’est montrée très efficace contre les replis identitaires des jeunes, mais aussi ceux des adultes. « Nous ne voulions pas devenir les dinosaures de l’école de musique, qui sont bien souvent le genre de personnages que l’on critique. Nous avons valorisé la création avec le public des Mureaux, leur laissant la possibilité de continuer sans nous. Depuis un an ½, les jeunes des ateliers viennent à Nantes. En échangeant avec d’autres publics, ils réalisent qu’ils ont envie de bouger de leur quartier et les avantages de perséverer pour aller au bout d’un projet. Cet aspect est fondamental, également dans nos actions en milieu carcéral : là aussi l’art est un véritable outil pédagogique afin de créer des passerelles. »
au Théâtre Graslin, à Nantes ...
Les membres de Rapacité production ne sont pas à cours d’exemple quant à leurs projets qui permettent d’occulter la pensée unique : prochainement, des jeunes se produiront au Théâtre Graslin, offrant une revisite de l’oeuvre de Léo Férré. Exemple artistique parfait de ce que peut donner la théâtralisation du rap, les rencontres y sont favorisées : les parents de jeunes des quartiers auront l’occasion, beaucoup pour la première fois, de se rendre au Théâtre Graslin pour les représentations.
Et la langue française bordel ?
On les questionne sur leur méthodologie en terme de langue française. Jérôme répond : « Nous laissons les jeunes s’exprimer, et les amenons à réflechir sur le sens de leurs paroles, grâce à un véritable travail d’ecriture, avec dictionnaires etc. Les actions doivent être menées à long terme, pour permettre de mettre l’accent sur les individualités tout en nuançant certains propos, mal venus ou vulgaires, et pour amener à une meilleure connaissance de soi, mais aussi des autres. On veille à éviter les amalgames... » Profondément attachés à la valeur pacificatrice du courant Hip Hop, ils affirment qu’en tant que personnes originaires des quartiers, ils ont rapidement été reconnus comme des acteurs moteurs : « grâce à la production et à la représentation, nous espérons faire reculer la peur de l’inconnu et le repli face à certains courants artistiques... »
Claire ROBIN
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