Scopitone : la lecture très personnelle de Depeche Mode par Sylvain Chauveau
Et si Depeche Mode était un groupe acoustique ?
A chacun son refrain ! « On est les champions  » ont chanté les festivaliers du Chapiteau, lors du match France/Brésil diffusé à Scopitone le soir même. D’autres n’avaient pas le coeur à ça, et c’est à la Patinoire, au frais, que l’on pouvait fredonner à demi-mot les chansons de Depeche Mode, ici revisitées par Sylvain Chauveau et l’ Ensemble Nocturne.
Quelle idée curieuse de réinterpréter du Depeche Mode en version acoustique...
L’idée m’est venue en 1997. Un coup de tête, un pari. Je ne suis pas fan du groupe, mais les morceaux m’ont marqué : c’est ma génération... Depeche Mode a l’avantage d’avoir un grand répertoire, et cela m’a permis d’avoir le choix dans les morceaux, chose que je n’aurais pas eu avec des artistes comme Cock Robin ou Eurythmics, par exemple. C’est aussi un groupe pop, et la démarche périlleuse de me rapprocher de ce style musical me séduisait. Dans les années 80, j’ai vu une émission que Dave Gahan et Martin L Gore ont conclue en version acoustique, à la guitare sèche et au chant. Là je me suis dit : Depeche Mode est un groupe acoustique ! Et l’idée ne m’a jamais quitté... Je me suis découragé plus d’une fois, mais comme les projets parallèles étaient nombreux, je relativisais. Ensuite, il a fallu trouver des financements !
Et trouver les musiciens ...
Les membres d’ Ensemble Nocturne ont d’abord été étonnés par l’originalité du projet, mais c’est grâce à leur implication active que le disque a vu le jour. J’ai composé seul, et nous n’avons pas eu besoin de beaucoup de répétitions. La plupart d’entre eux sont issus de la musique classique et sont habitués à travailler seuls, sur partitions. Nous pratiquons donc presque exclusivement sur scène. Et de toute façon, nous n’avons pas le choix, vu notre dispersion géographique et nos impératifs. L’ Ensemble Nocturne est un mélange d’invidualités, et se nomment ainsi pour l’occasion, un peu comme les Bad Seeds avec Nick Cave.
Quelle a été ta technique de travail durant les quelques années qui ont précédé la sortie du disque ?
Au début, j’ai listé sans réécouter les morceaux que j’avais envie de travailler. Il y en avait une vingtaine et je me suis dit qu’il y aurait bien des résultats intéressants ! J’ai essayé de les rejouer au piano, en respectant les lignes mélodiques, mais c’était impossible. J’ai donc réécouté les morceaux, et puis j’ai travaillé directement avec l’Ensemble Nocturne, pendant 2 ou 3 ans. C’est grâce à eux que le projet a rééllement avancé. Par exemple, pour le morceau Enjoy the silence, je proposais une interprétation insatisfaisante, que les musiciens n’appréciaient pas. Ils se sont donc aventurés, avec les mélodies en tête, dans une improvisation au ralenti. Le résultat a été très convaincant. Nous avons gardé le titre tel quel.
Y a t-il eu des collaborations particulières sur l’album ?
Oui, Luc Rambo et Sébastien Roux proposent des arrangements sur 2 morceaux. Anthony Taillard, un nantais qui a notamment travaillé avec Man, joue les parties de guitare qui ont été samplées sur l’album.
Tu t’es exposé à beaucoup de critiques avec ce disque...
J’ai eu toutes sortes de retours. Les fans de Depeche Mode sont partagés. J’ai reçu beaucoup de mails me disant qu’ils trouvaient le disque superbe, mais j’ai également eu des remarques moins enthousiastes. Récemment un fan du groupe m’a avoué qu’il trouvait aberrant de reprendre les titres de son groupe favori de cette façon. Il me demandait de ne plus jamais recommencer ! Le patron du label Mute, que nous avons rencontré, a beaucoup aimé. En général, les critiques presse sont bonnes, et l’accueil au niveau des ventes positif.
C’est toi qui chantes sur la totalité de l’album, est-ce une chose nouvelle pour toi ?
Non, c’est en réalité une pratique assez ancienne. J’ai chanté dans un groupe de rock il y a longtemps. Le fait de renouer avec cette pratique a été facilité : le répertoire de Depeche Mode est plutôt grave. J’ai du mal à travailler seul, mais en live, je me fais plaisir ! La voix est un instrument tellement particulier : si personnel et parlant. En concert, avec le chant, on est directement exposé.
Et demain ? Un album de reprises de The Cure ?!...
Non... J’aimerais tendre vers des projets plus expérimentaux. Je vais retourner à mes compositions. Ecrire un opéra, une longue pièce chantée... Même si cela doit prendre 5 ou 10 ans...
Propos recueillis par Claire ROBIN.
Down to the Bone An acoustic tribute to Depeche Mode 2005 (Les Disques du Soleil et de l’Acier/ Ici d’Ailleurs)
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses