
Résistance d’une petite République mais d’une grande culture : la Tchétchénie
Voilà 12 ans que la petite République de Tchétchénie située dans le nord Caucase russe est victime de guerres dévastatrices : des centaines de milliers de morts, une capitale totalement rasée, des infrastructures détruites et avant tout une population profondément meurtrie par ce long conflit. Face au silence de la communauté internationale l’AST (association de soutien à la Tchétchénie) et l’antenne jeune de Nantes d’Amnesty International se mobilisent en organisant des expositions, débats, concerts et projections à l’Espace Cosmopolis du 1er au 10 mars.
Arrière-plan des guerres actuelles :
Dans la mémoire collective du peuple tchétchène, la confrontation débute dès la fin du 18ème siècle par une première forme de résistance à la colonisation russe. Les affrontements se sont ensuite amplifiés au 19ème siècle et la Russie colonisera peu à peu le territoire. La Tchétchénie est ainsi intégrée à la Russie en 1921.
Le 23 février 1944 les tchétchènes sont accusés de collaboration avec l’ennemi et sur ordre de Staline la totalité de ce peuple est déportée en Asie centrale (1/3 des tchétchènes périront lors de leur déportation). Ce n’est qu’en 1957 que la population tchétchène est réhabilitée et autorisée à rentrer sur son territoire qu’elle trouvera occupée par les « colons » russes.
L’éclatement de l’URSS en 1991 relance les tensions lorsque le président tchétchène D.Doudaev déclare l’indépendance de la Tchétchènie. Moscou refuse radicalement et impose un état d’urgence qui dégénère rapidement en un violent conflit armé. La première guerre débute en 1994 lorsque les troupes russes entrent en Tchétchénie. Grozny (capitale tchétchène) subit d’intenses bombardements et les combats s’étendent rapidement aux autres villes de province. Il faudra attendre environ 100 000 victimes avant qu’un accord de paix soit signé en mai 1997.
Malheureusement les tchétchènes ne connaîtront que 2 ans de semi-répit avant que l’armée russe n’intervienne de nouveau. En 1999, une longue succession d’attentats perpétués en Russie est attribuée aux tchétchènes ce qui donne de nouvelles raisons à Moscou de recommencer à bombarder Grozny.
Depuis V.Poutine tente de normaliser la situation par la force et d’imposer un gouvernement pro-russe. Les exactions des forces russes et les attentats tchétchènes se poursuivent. La pacification n’est pas l’objectif recherché. La commission des droits de l’homme condamnera pourtant plusieurs fois consécutives la Russie pour brutalité des forces de sécurité.
Amandine Regamey, spécialiste de la Russie, et Hussein Betelguerriev, ancien professeur à l’université de Grozny, répondaient vendredi 3 mars à la question : Comment comprendre le long conflit qui oppose la Russie au petit territoire tchétchène ?
Vladimir Poutine a su inscrire sa lutte contre les indépendantistes tchétchènes dans « la guerre contre l’islamisme et le terrorisme international ». Mais les enjeux sont multiples : la Russie a plein pouvoir sur la petite République tchétchène et les trafics (dont le pétrole) y sont importants.
Les informations concernant le conflit sont peu nombreuses et bien souvent les médias traitant le sujet sont pro-gouvernementaux. De plus les tchétchènes ont perdu tout espoir et ne veulent plus témoigner. Le régime de terreur dure depuis trop longtemps et il n’y a quasiment aucunes réactions internationales . C’est une guerre « hors la loi » dans la mesure où les droits de la guerre ne sont pas respectés : les populations civiles sont harcelées, enlevées voire torturées car les troupes sévissent en toute impunité. A ce jour très peu de soldats ont été condamnés alors que de nombreuses affaires dénoncent les pratiques de certains militaires.
La volonté du Kremlin de résoudre ce conflit par des méthodes exclusivement militaires, qui se traduisent par une violence sans retenue à l’encontre de la population civile, doit impérativement changer car que va devenir cette génération de tchétchène qui n’a connu que la guerre, la terreur et la souffrance ? Quelle est la destinée de ce peuple face au silence de l’Europe et du monde entier ?
Solenne Legeay
« Du déporté au terroriste. Images déformées d’un peuple en résistance. » Expos, débats, concerts, théâtre, soirée culturelle...
Du 1er au 10 mars à l’espace Cosmopolis (passage Graslin, 18 rue Scribe, Nantes)
Pour plus d’infos : Antenne Jeunes Amnesty International. Tel : 06 82 61 89 59 / 06 21 29 24 57
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