KaOsz, une danse combat percutante par la Cie Pà l Frenà k
KaOsz laisse le spectateur KO par une chorégraphie osée.
Etes-vous prêt à entrer dans le monde du chorégraphe hongrois Pà l Frenà k ? Un univers où la scène est un ring de boxe et où les danseurs se percutent avec une énergie folle. Un univers où le spectateur n’est pas seulement un observateur mais aussi un acteur un peu voyeuriste ... Si vous n’avez pas peur des coups alors venez découvrir KaOsz.
KaOsz se déroule sur et autour d’un ring de boxe. Une dizaine de danseurs incarne des personnages saisis par une frénésie. Seul ou à plusieurs, ils entrent sur le ring et dansent, se choquent, se touchent, s’emmêlent, se croisent ... le tout sur un fond de musique électronique. « Ce ring est un lieu de divertissement où la déviance se montre crûment ». Chaque artiste semble se libérer d’une ardeur trop longtemps contenue. L’énergie débordante de la compagnie envahit rapidement la salle. Le spectateur se retrouve face à des scènes chargées de sexualité de plus en plus déroutantes voire dérangeantes. « KaOsz est un jeu délibéré sur le besoin de mise en scène de l’intimité privée-publique ». Le chao parait régner sur et autour de la scène-ring mais Pàl Frenàk, le chorégraphe, réimpose l’ordre par moment. Comme si le désordre était une nécessité pour que l’ordre revienne. Des temps de pause très brefs qui permettent autant aux danseurs qu’aux spectateurs de se reposer et de se remettre de tant d’émotions !
Pàl Frenàk, un univers particulier
Pàl Frenàk est né en Hongrie de parents sourds et muets. Il a énormément observé le langage du corps et sa danse est marquée par le langage des signes. Chorégraphe peu ordinaire, Pàl Fenàk « surprend par son énergie débordante » selon Diane Lara, la chargée de com’ de la Cie. Sa danse « donne envie de bouger » mais elle est aussi « dérangeante ». Le spectateur est retourné par ses créations où le choc, l’animalité mais aussi la solitude sont très présents. Pàl Frenàk n’est « pas un artiste engagé mais il véhicule des convictions » à travers l’art de la danse.
Une danse combat sans tabou
Le ring, comme scène de danse, n’est pas chose courante. Pàl Fenàk propose donc un style à part, la danse-combat. Une façon personnelle de concevoir la danse qui est souvent pour le spectateur une découverte surprenante. Un art qui permet au chorégraphe de plonger ses personnages dans une véritable dualité. Tantôt, les mouvements sont mêlés tantôt ils s’entrechoquent, parfois sur une musique techno, puis sur une musique plus populaire. « La musique est plus une réminiscence qu’une fantaisie ». « La musique populaire amène une poésie, un changement de cadence ». Le spectateur est, par exemple surpris d’entendre, au milieu du chaos de KaOsz, une chanson d’Yves Montand. Un air populaire qui est « là pour apaiser », explique Diane Lara.
la nudité dérange mais elle ne devrait pas, [...] le corps n'est pas vulgaire
Dans les chorégraphies de Pàl Frenàk, « il est question de l’identité des personnages y compris de l’identité sexuelle et c’est bizarre que ce soit tabou ». KaOsz met parfois en scène des personnages nus et « la nudité dérange mais elle ne devrait pas, [...] le corps n’est pas vulgaire ». Pàl Fenàk aborde les thèmes de la sexualité et de la nudité sans limite, sans barrière. Dans nos sociétés occidentales, ces sujets sont plutôt tabous alors « il va chercher son inspiration ailleurs, au Japon », par exemple.
Un spectateur mis à l’épreuve
Un match de boxe ou de catch ne serait rien sans le public. Certes dans KaOsz le spectateur ne hurle pas pour son danseur préféré mais il est quand même sollicité. Il y a une réelle proximité spatiale entre les danseurs, le ring et le public. Ce dernier a tout de suite l’impression de faire partie de la création de Pàl Fenàk. Les spectateurs des premiers rangs sont sans doute ceux qui sont les plus acteurs dans KaOSz. Les danseurs les embrassent (sur la bouche), puis, les invitent à danser. Les autres ne sont pas oubliés et lorsque les artistes de la Cie se déplacent autour du ring, tout le monde est frappé par leurs regards si persistants dirigés vers les gradins. Et pour accentuer cette proximité entre danseurs et public, Pàl Frenàk met en scène des moments comme « la brochette ». Un temps de pause, de retour à l’ordre, où tous les artistes sont alignés face au public sur le bord du ring. Un moment privilégié où les artistes « s’exposent pour être vus, pour que ces corps aient une identité ». Le rôle de spectateur semble alors échangé et ce sont les artistes qui observent.
Difficile de rester de marbre face à la performance offerte par les artistes de la Cie Pàl Frenàk. Les tabous tombent dans la danse et peuvent choquer les observateurs. Le public est confronté à une chorégraphie chaotique où les repères habituels sont bousculés. Le rôle contemplatif du spectateur est détourné et chacun devient un peu un voyeur.
Même si vous n’êtes pas un inconditionnel de la danse, pensez que « la danse fait partie du quotidien. On est tous des danseurs mais on en est pas conscient ». Et laissez-vous emporter par KaOSz : 50 minutes de tension, d’énergie et de désordre où le spectateur s’en prend plein la figure.
Bloc-Notes
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