Le Théâtre du Conciliabule nous parle de la vie dans la mastication des morts
Un moment de théâtre simple, sincère et agréable
Le titre est étrange, l’affiche intrigue. Le résumé donné par le programme, s’il est plus explicite, nous laisse sur notre faim. Il n’en fallait pas davantage pour piquer la curiosité de Fragil : résultats de nos investigations, après une soirée au Studio théâtre et une rencontre avec Loïc Auffret, le metteur en scène...
D’emblée, le cadre est posé : le spectacle commence avec un homme qui crie dans les ténèbres et qui n’est autre qu’un...nouveau mort ! A l’accueil haut en couleur que lui font ceux qui sont déjà morts, on constate vite que ce monde d’outre-tombe est plus proche d’une joyeuse comédie que d’un sombre film d’épouvante ! L’heure et demi de spectacle qui suit nous fait assister à une succession de scènes, le plus souvent à un ou deux personnages, de longueurs très variées : le temps de lancer un bon mot ou, au contraire, d’esquisser l’histoire de toute une vie. Même si le rire et l’humour noir l’emportent, apparaissent aussi quelques scènes plus graves, telles celle d’une fille violée par son père ou d’un enfant et de sa mère morts en couche. A travers ces paroles de morts terriblement vivants, Loïc Auffret veut « parler de la mort en dédramatisant la chose ». Le compliment qui l’a le plus touché est d’ailleurs celui d’un spectateur qui, un jour, lui a dit : « merci de nous rappeler que la mort c’est la vie ! ».
ce monde d'outre-tombe est plus proche d'une joyeuse comédie que d'un sombre film d'épouvante
Une mise en scène efficace
Ce que l’on ne peut deviner en voyant le spectacle, c’est que le metteur en scène s’est livré à un véritable « travail de construction », puisque le texte de Patrick Kermann se présente sous la forme d’une suite de portraits plus ou moins longs. Loïc Auffret a donc sélectionné un certain nombre de ces portraits, qu’il a ensuite entrecroisés pour faire de la pièce un tout cohérent. Mais c’est surtout la mise en scène très soignée qui donne son efficacité à ce spectacle. Le texte de Kermann ne donnant aucune indication scénographique, le metteur en scène a ainsi bénéficié d’une « grande liberté » dans son travail. Il a donc opté pour un décor très sobre, et le thème de la mort n’est évoqué que par les vêtements noirs et blancs des comédiens et par leurs pieds nus. En fait, l’essentiel du travail scénographique a porté sur l’éclairage : Loïc Auffret a voulu créer un « non lieu, des choses qui apparaissent et qui disparaissent » ; après avoir envisagé un complexe système de trappes, il en est venu à penser à un voile en résille qui diviserait la scène en deux parties, l’une antérieure, l’autre postérieure. Et de fait, le système est efficace : lorsque les lumières éclairent la partie située derrière le voile, la moitié antérieure de la scène et le voile disparaissent, et, inversement, lorsque les faisceaux lumineux tombent sur l’avant de la scène, on ne voit que cette partie de la scène et le voile en résille devient opaque, dissimulant le fond de la scène. De la sorte, Loïc Auffret peut se permettre des effets d’ombre et de lumière qui, tout en simplicité, confèrent à ce spectacle une certaine richesse visuelle.
Le travail des comédiens
Un bon texte et une mise en scène soignée ne suffisent pas à faire un beau spectacle : encore faut-il que les comédiens soient à la hauteur. La troupe du Théâtre du Conciliabule ne démérite pas non plus sur ce point. Le travail a été d’autant plus difficile que la troupe est amateur : « les répétitions avaient lieu de 17h à 23h », explique Loïc Auffret. « Cela a nécessité un gros travail individuel, en particulier sur la vocalisation du texte ». La difficulté, c’est aussi que, les acteurs ayant répété leur scène séparément, la cohérence du tout n’était pas garantie ; de fait, nous confie le metteur en scène, « on a dû faire un second montage pour parvenir à un bon résultat ». Au final, le théâtre du Conciliabule nous offre un agréable moment de théâtre simple, bien fait, sincère ; et, dans la chaleureuse exiguïté du Studio théâtre, on se plaît à retrouver la saveur (oubliée ?) d’un spectacle qui, avec sobriété et humour, nous raconte des histoires de vie et de mort.
Gaël Montandon
Bloc-Notes
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