"Le bourgeois gentilhomme" dépoussiéré par la Cie La Fidèle Idée
Rencontre entre la littérature et l’architecture
La compagnie La Fidèle Idée présente à Nantes, "Le bourgeois gentilhomme" de Molière, du 11 au 22 avril, un grand classique que tout le monde connaît ou plutôt croit connaître. Voici donc l’occasion de redécouvrir le texte de Molière. Après avoir rencontré Olivier Boréel et Philippe Bodet, deux des acteurs de la compagnie, voici trois bonnes raisons de découvrir la version de La Cie La Fidèle Idée.
1ère raison : (re)découvrir le texte de Molière
La compagnie La Fidèle Idée a choisi "Le bourgeois gentilhomme de Molière", un texte que tout le monde connaît ; alors quel est l’intérêt de le jouer ?
« On avait décidé de jouer un classique. Jamais la compagnie n’en avait joué avant, et on s’est dit autant jouer le classique des classiques, "Le bourgeois gentilhomme" de Molière. La pièce nous plaisait, on a beaucoup ri quand on l’a relu et on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire avec. D’autant plus que tout le monde connaît le texte mais sans le connaître vraiment. Les spectateurs nous demandent souvent si tout est dans le texte, ils ont l’impression qu’on l’a adapté, mais non, on n’y a pas touché, on n’a pas enlevé une seule virgule ! » « On a voulu se poser la question de qu’est ce qu’il y a derrière les personnages. Dans un premier temps, on a décidé d’enlever les images que l’on avait des personnages, les idées préconçues du bourgeois gros et sot par exemple, et on s’est rendu compte que la pièce continue à être drôle et même violente sans la farce à laquelle elle est associée. En plus, on a redécouvert que le texte est très rythmé, qu’il y a un sens du tempo étonnant. Rythmiquement la pièce nous a plu, il y a vraiment quelque chose. »
Mais le texte de Molière, âgé de près de quatre siècles, est-il encore d’actualité ?
« Au début de la pièce, il y a deux maîtres qui invitent les gens à se déplacer et ils confrontent leurs points de vue sur le statut de l’artiste, une question toujours présente aujourd’hui. Quant à Monsieur Jourdain, il souhaite changer de classe sociale, mais n’en connaît les codes ; aujourd’hui, même si les classes sont moins nettes, elles existent encore. La question du ridicule et du changement de classe est également toujours actuelle, tout comme celle du savoir. »
2ème raison : une salle de spectacle originale
La pièce est jouée à Nantes, dans le hall 4 du site Alstom, un espace immense et inhabituel pour une pièce de théâtre qui est plus classique. Mais d’où est venue l’idée de jouer dans un lieu aussi grand et original ?
« Le spectacle est né il y a un an et demi, on disposait d’un hangar de la SNCF pour travailler, et l’espace était important. Au début, on s’est mis dans un petit coin, on a mis des rideaux, on a essayé de refaire un théâtre pour se rassurer. Mais ce n’était pas une bonne idée. Puis on a investi l’espace et on s’est amusés de la grandeur du lieu, c’est devenu comme un parc de jeux ! C’est agréable d’avoir un grand espace. Le hall Alstom est le plus grand lieu qu’on ait investi, on verra ce que ça donne ! Notre objectif c’est de s’adapter à l’endroit et de valoriser autant le texte que le lieu. On veut montrer que le rapport patrimoine littéraire et patrimoine architectural fonctionne bien. On se sert vraiment du lieu, c’est pour cela qu’il n’y a pas de décor, et que l’on utilise autant que possible l’éclairage du hall. »
« Il n’y a pas de décor mais à l’entrée, on trouve un bar qui permet aux spectateurs de discuter après la représentation avec les artistes de la compagnie. Le bar est un peu là pour rassurer les spectateurs et pour éviter qu’ils ne se dispersent en entrant dans l’immense hall. On souhaite que le public se demande qu’est-ce qu’il va y avoir, l’idée est de créer une question mais pas un malaise, et le bar est là pour éviter le trouble. »
3ème raison : un spectateur dans un nouveau rapport au spectacle
Avec ce lieu hors du commun et si grand, quelle est la place du spectateur ?
« Dans la première partie du spectacle, qu’on appelle le déambulatoire, les acteurs guident et accompagnent les spectateurs. Il s’agit de la scène où Monsieur Jourdain reçoit les différents maîtres. Puis les spectateurs forment un carré autour de la scène dans la seconde partie, une disposition qui permet aux acteurs de jouer dans mais aussi à l’extérieur de ce carré. »
« Cette scénographie permet au spectateur d’avoir plusieurs points de vue sur une même scène, alors que dans une salle de théâtre classique, le public n’a qu’un seul point de vue. Ici, il n’y a pas le rapport scène / salle que l’on trouve habituellement, on est avec et entre les gens. Comme il n’y a pas beaucoup de personnes par représentation (80 personnes), on sait à qui on parle, et les gens prennent des libertés, ils peuvent s’approcher ou au contraire rester à l’écart des acteurs. On se soucie du confort des spectateurs, c’est important pour nous, et on souhaite mettre en place un rapport de proximité entre nous et le public. »
Note : concernant les dates et les réservations, reportez-vous à l’actu en ligne sur ce site. (il y a aura une actu avec le détails des dates et les coordonnées)
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