
Les invitées de la chapelle, des marionnettes surprenantes !
A la chapelle de l’espace 44, Josette nous parle de la vie mais aussi de la mort.
La compagnie d’acteurs et de marionnettistes Garin Trousseboeuf présente « Les invitées de la chapelle  ». Cette comédie tragique met en scène des marionnettes pour le moins étonnantes et raconte la vie de Josette, une vielle dame que la vie va bientôt abandonner...
Le spectacle se divise en trois volets : le premier, « La nuit des temps... au bord d’une forêt profonde... » nous emmène dans un centre gériatrique dans lequel Josette vit ses vieux jours auprès d’autres pensionnaires. Le second volet, « Diable ! » s’intéresse à la vie amoureuse de Josette, de la tentation et de sa relation avec de drôles de démons auxquelles elle est assujettie. Enfin le dernier volet de la trilogie s’appelle « Alice à l’envers », c’est une « farce féerique », une sorte de conte revu et corrigé par la compagnie Garin Trousseboeuf. Dans cet univers où se mêlent obsession du corps et de la mort et désir de vie, le metteur en scène, Patrick Conan, cherche grâce à la marionnette à « traiter de la mort avec distance ».
Lorsqu’on lui demande qui est Josette, le metteur en scène des "invitées de la chapelle" nous rappelle en premier lieu que « c’est un personnage de théâtre, pas un personnage réel ». Pourtant malgré la théâtralité qu’elle incarne, Josette porte en elle toutes les réalités de son âge . Pensionnaire « au bois dormant » , un centre gériatrique, Josette côtoie chaque jour des personnes qui ,comme elle, sont en fin de vie, parfois des malades d’Alzheimer aussi... mais « Josette est un personnage rebelle elle ne meure pas, elle ne veut pas mourir », d’ailleurs à la fin du premier spectacle « elle est toujours là ». Dans cette succession de tableaux, une sorte de « chronique d’un long séjour » comme le dit Patrick Conan ,le thème récurrent et central est celui du corps, de ses transformations, des marques du temps qui passe et de la faucheuse qui s’approche...
En effet « la thématique commune est le corps de Josette ». Il y a d’abord « le corps du vieux » que l’on devine dans « la nuit de temps... au bord d’une forêt profonde... ». Ensuite il y a le corps d’une Josette amoureuse, « le corps de femme », celui qui sera aimé de Henri, son amour disparu à la guerre. Enfin il y a « le corps qui se disperse » c’est le corps de la jeune Josette, celui de ses souvenirs d’enfance. Pour Patrick Conan « Josette parle au travers de son corps », celui-ci est matérialisé dans le spectacle par la marionnette.
Loin des préjugés sur le spectacle de marionnettes autrefois réservé aux enfants et de l’éternelle référence à Guignol, le metteur en scène affirme que « la marionnette contemporaine a éclaté ». Si la marionnette peut aussi bien s’adapter au monde des adultes c’est sans doute parce qu’elle représente de manière symbolique le genre humain : « l’homme, depuis qu’il est homme a toujours dressé des effigies ». La marionnette, comme l’explique Patrick Conan, de par son étymologie (elle provient de marie) fait déjà référence à une icône religieuse . L’utilisation des marionnettes dans le spectacle vivant fait donc appel au thème du sacré et du profane qui hante la mise en scène par la présence notamment d’objets religieux (crucifix) et de figures diaboliques (les trois méphistos de « Diable ! » ).
Dans « les invitées de la chapelle » la marionnette prend donc une allure de poupée vaudou pour amener le public à s’interroger sur la mort, sur la fin de la vie et sur le corps. L’essentiel pour Patrick Conan étant que « nous avons des corps différents » qu’il faut « écouter notre corps » et surtout qu’il ne faut pas oublier que « le corps emblématique est une perte de vue de l’esprit".
Les invitées de la chapelle c’est donc un spectacle de marionnettes anti-conformiste qui aborde des thèmes encore trop rare dans le spectacle vivant, comme la fin de la vie, en faisant un clin d’œil aux contes de notre enfance. Le soin apporté à la mise en scène, au jeu des comédiens et marionnettistes font vite oublier que la petite Josette n’est finalement qu’une petite marionnette...
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