ART
La Boca : nébuleuses électroniques et rétro-futuristes
Focus sur l’oeuvre du studio artistique La Boca
Un studio anglais, un nom de consonance hispanique, des bureaux situés à Londres et Amsterdam, des cofondateurs anglais et français. La Boca est une multinationale qui n’en finit plus de se faire connaître sur la scène du graphic design...
Depuis sa création en 2002, le collectif londonien s’est singularisé par une esthétique marquée. Spécialiste de l’affiche de film revisitée, de la pochette d’album ou du t-shirt, La Boca propose une ambiance rétro-futuriste construite sur des formes géométriques et des jeux de perspectives. « La Bouche » en français, pure forme de communication s’il en est, se distingue ainsi par la complexité de leurs réalisations qui mélangent trame, matière, aplat et photo. Si leurs oeuvres sont facilement reconnaissables, Scott Bendall, directeur artistique du studio se défend de toute identité préétablie : « Je suis conscient que certaines créations suivent parfois un modèle (comme jouer avec l’échelle) et que plusieurs concepts sont récurrents, mais j’aime également essayer différentes idées et techniques. » Pour lui, la démarche de création entreprise par ses illustrateurs ne cesse d’évoluer. « Nous ne nous sommes jamais concentrés à imiter un style particulier. Nous nous attachons seulement à créer selon nos intérêts du moment et les projets qui nous plaisent. »
De l’architecture urbaine à la street culture
Cependant, on distingue de nombreuses références chez La Boca qui nous laissent à penser que le studio s’inspire de thèmes récurrents tels que la culture pop, la musique électronique, ainsi que la science-fiction des années 70. Ainsi, on associe souvent les œuvres d’Alain de la Mata et de Scott Bendall à la street culture. Ce dernier reconnaît vouer une « obsession malsaine » pour la scène graff de New York dans les années 80, et pour les sneakers d’aujourd’hui. De façon moins personnelle, on assimile surtout les œuvres du studio londonien au courant architectural dit Radical. Il s’agit d’un courant contestataire (1965-1975) qui a ouvert ce milieu à des pratiques conceptuelles et artistiques, affranchies de toute finalité constructive. Un lien mis en avant auprès du public lors de sa première exposition à Nantes au printemps 2013, dans la galerie de la Maison Régionale de l’Architecture des Pays de la Loire.
La musique a toujours été très importante pour moi. J’ai voulu faire ce métier en raison des pochettes de disque
Scott Bendall nourrit également une affinité particulière avec la culture electro. « La musique a toujours été très importante pour moi. J’ai voulu faire ce métier en raison des pochettes de disque. » Un rapport très personnel que l’on retrouve dans ses artworks mais également dans la vraie vie. Ainsi, à chacune de ses expositions, Scott installe une paire d’enceintes connectée à son lecteur MP3 — floqué d’une pomme, à moitié croquée — pour l’accompagner dans l’installation de ses œuvres. Défilent ainsi Machine Drum, Root Manuva ou encore Emperor Machine. Il avouera plus tard avoir une grosse préférence pour des titres datant des années 70.
En tant que mélomanes et cinéphiles, les codirecteurs artistiques, Scott et Alain, se donnent également pour priorité de ne travailler que sur des projets qui leur plaisent, jamais très loin d’un vinyle ou d’une affiche de cinéma. « On privilégie des projets auxquels nous croyons plus que ceux qui nous rapportent. » Ils s’attachent ainsi davantage à des projets plus personnels en lien avec leurs passions. Un mode fonctionnement qui a permis au studio de développer des collaborations fidèles et de recevoir plusieurs prix pour leurs différents travaux.
piégés, fascinés par des perceptions architecturales nouvelles et des utopies rétro-futuristes
Aujourd’hui, le collectif londonien représente une valeur sûre de la scène graphic design en Europe, à cheval entre sérénité et ambition. Une notoriété qui a suscité beaucoup de curiosité auprès du public nantais. À l’occasion de l’exposition À cheval, beaucoup d’amateurs sont venus découvrir ses originaux, comme l’affiche Black Swan, primée Annual Design Awards en 2011, et ses créations inédites, comme son tableau Les vents solaires. Des curieux qui se sont vite laissés embarquer dans l’univers La Boca, piégés, fascinés par des perceptions architecturales nouvelles et des utopies rétro-futuristes.
François Travers
Crédit photos : Christophe Martin (Espace LVL)
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