
FESTIVAL D’ÉTÉ
Sur les pas des impressionnistes en Normandie
Le goà »t du beau est un premier pas vers la culture et le savoir. Alors profitez de l’été pour vous extasier devant les splendeurs naturelles de la Normandie et vous comprendrez immédiatement pourquoi tant d’artistes y ont élu domicile. De Coutances à Dieppe, en passant par Giverny, Evreux ou Honfleur, le festival Normandie Impressionniste met à l’honneur Renoir, Pissarro, Boudin et tant d’autres… Laissez-vous bercer au fil de l’eau.
Claude Monet, Camille Pissarro, Auguste Renoir, Edgar Degas, Gustave Caillebotte, Alfred Sisley…
Les peintres impressionnistes sont certainement les artistes du 20e siècle les plus appréciés du grand public. On se souvient de l’exposition Monet au Grand Palais en 2010 qui a explosé tous les records de fréquentation. Les raisons de cet intérêt fulgurant ? Certainement les sujets « rassurants » de leurs toiles. Rappelez-vous cette scène mémorable dans le film Musée haut Musée bas de Jean-Michel Ribes, où un couple venu de Province s’extasie devant les toiles impressionnistes, « parce qu’on les connaît, on les a tous les jours devant nous sur le calendrier mural ». Cela en dit long sur le rapport privilégié entre le public et cette peinture authentique, aux paysages familiers et aux couleurs aseptisés. Et si, parfois, on peut se demander pourquoi ces artistes n’ont pas délaissé leurs sujets de prédilection pour aller se mettre en danger sur des terrains un peu plus escarpés (il aura fallu à Monet une cataracte pour qu’il se laisse tenter vers l’abstraction avec ses fameux Nymphéas), quand on pose le pied en Normandie, tout cela devient limpide.
Une nature impressionnante
Gustave Courbet peint La falaise d’Étretat après l’orage, Eugène Boudin Navires dans le port de Honfleur, Claude Monet Jardin à Giverny… Devant une telle splendeur naturelle, pourquoi aller chercher plus loin ? Les impressionnistes peignent sur le motif et donnent à voir leur chère Normandie. La formule de Manet : « Je peins ce que je vois, et non ce qu’il plaît aux autres de voir », résume à elle seule cette revendication de l’artiste à donner sa vision personnelle, celle de sa propre subjectivité. Et si un artiste comme Picasso cherche à donner à voir au spectateur toutes les dimensions possibles d’un sujet (d’où les portraits de ses muses, à la fois de profil et de face) et d’être ainsi le plus réaliste possible face à son sujet (ce qui peut paraître contradictoire !), les peintres impressionnistes, au contraire, revendiquent cette subjectivité. Parce que, quand on se retrouve à Giverny, au cœur du jardin dans lequel Monet a vécu toute sa fin de vie, on prend bien la mesure du travail effectué. Monet a sublimé. Si le sujet de départ reste d’une beauté impressionnante, le peintre l’a rendu d’une beauté parfaite en lui donnant un caractère irréel. Irréel puisqu’il a figé dans le temps un instant fugace à jamais perdu. Finalement les impressionnistes seraient bien moins réalistes qu’on pourrait le penser. S’ils prennent la nature pour point de départ, c’est pour mieux s’en détacher et tendre vers une peinture personnelle. Pourtant tout un chacun a l’impression d’être devant une peinture universelle, certainement parce qu’elle flatte l’œil et se raccroche à quelque chose de bien réel : la nature. Que l’on connaît si mal tout en ayant la sensation d’en être familier. Et c’est cet espace-là que les impressionnistes occupent avec tant de vigueur et, indéniablement, de talent.
Honfleur et Deauville
Le festival propose plusieurs parcours artistiques et expositions incontournables comme celles du Musée des Beaux-Arts de Rouen intitulée « Éblouissants reflets » (avec des œuvres autour de l’eau de Seurat, Caillebotte ou Sisley), « Un été au bord de l’eau » au Musée de Caen (avec des peintres témoins des premiers bains de mer comme Berthe Morisot), « Pissarro dans les ports » au musée Malraux du Havre… Mais le mieux est encore de se balader de ville en ville pour véritablement ressentir et se familiariser avec les paysages. Se retrouver face au port de Honfleur, chatoyant et foisonnant et vous comprendrez l’œuvre d’Eugène Boudin (un musée lui est consacré sur les hauteurs de la ville), faire un peu d’exercices en grimpant vers les points panoramiques de la cité et vous appréhenderez les questions de perspective.
Je peins ce que je vois, et non ce qu'il plaît aux autres de voir
À Deauville, une balade sur la promenade des Planches et vous retrouverez l’ambiance des premiers bains de mer. Les cabines, la longue plage de sable fin, les parasols bleus et rouges et l’immensité du paysage balnéaire… Nous sommes loin des "chabada-bada" de Lelouch, mais plutôt du côté des chevalets de Monet et Courbet. Venez le matin, à l’heure où tout le monde est au marché, vous pourrez savourer l’ambiance balnéaire en solitaire. On se prend à rêver d’être le personnage principal du tableau, modèle du peintre le temps d’une balade. Mais il ne faut pas se laisser berner trop longtemps, la muse de l’impressionniste reste la nature, sublimée comme aucun modèle ne le sera jamais.
Delphine Blanchard
Le festival Normandie Impressionniste se déroule jusqu’au 29 septembre. Au total, ce sont près de 600 manifestations autour du thème de l’eau qui sont à découvrir en Haute et Basse-Normandie. Site : www.normandie-impressionniste.fr
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