Festival des 3 Continents
Chungking Mansions, cité-pieuvre aux mille couloirs
Fragil est partenaire de Preview, revue du Festival des 3 Continents. Sur les traces d’un des films présentés au festival avec Mathilde Colas. Chungking Express de Wong Kar-Wai se déroule dans un seul et même lieu : Chungking Mansions. Expérience vécue dans cette cité-carrefour entre la Chine et le reste du monde, cette immense bâtisse au cœur de Hong Kong.
21h24. La ville Lego
Après vingt heures de vol et trois escales, me voilà enfin dans cette ville qui me fascine depuis tant d’années. Je m’arrête à Tsim Sha Tsui Station, au cœur du quartier de Kowloon. Le nez collé aux vitres du MTR - RER local -, je laisse couler mes yeux entre les immeubles, Lego agglutinés sur le front de mer qui dévorent les hauteurs de la ville. Je n’ai toujours pas conscience de la chaleur extérieure, confortablement leurrée par la climatisation du train. Une fois sortie, je prends une grande bouffée d’air... et suffoque. 38 °C et 90 % d’humidité me frappent, alors que me voilà bousculée par la fourmilière de touristes et de locaux qui marchent d’un pas pressé, touchant à peine le sol.
L’arrière de l’un des bâtiments Lego et ses climatiseurs
22h00. Entrée dans la pieuvre
Passés le choc de chaleur et la marée humaine de la bouche de métro, je me lance à la recherche de Chungking Mansions. Cette ville verticale évoque la citadelle de Kowloon, enclave chinoise au sein de la colonie britannique, réinvestie par une population d’escrocs et de squatters de tous horizons suite à la Seconde Guerre mondiale, puis par les triades jusqu’au milieu des années 70. Ce soir, la population ne semble pas avoir beaucoup changé. À peine ai-je tourné sur Nathan Road que me voilà assaillie par des vendeurs de tous pays et des guides aux motifs douteux, qui me proposent toutes sortes de produits plus ou moins légaux : « Watches ? Taxi ? Leather ? Ganja ? ». Amusée puis rapidement exaspérée, je presse le pas. Jeune fille au teint pâle ensevelie sous son sac de randonnée, on peut dire que je suis la cible idéale pour les arnaques en tout genre. Après quelques errances, le nom de l’immeuble apparaît entre les néons, en lettres dorées sur une plaque de marbre. Le règne du kitsch. Esquivant les quelques dealers et escrocs qui tentent de me bloquer le chemin, je m’engouffre dans le bâtiment, gigantesque bâtisse composée de cinq blocs.
L’entrée de Chungking Mansions
22h35. Un labyrinthe multiculturel
Je suis perdue. Au rez-de-chaussée grouillent des populations éclectiques : Hongkongais pressés, touristes effarés (ou saouls, je n’arrive pas à bien les distinguer), vendeurs de rue soulevant tant bien que mal leurs bras alourdis par une vingtaine de Rolex de contrefaçon... Une véritable ville, à l’heure de pointe, se déploie sous mes yeux, alors que je me perds dans les galeries labyrinthiques du bâtiment. Bistrots africains, échoppes de tissus et boutiques de téléphones jalonnent les avenues intérieures, sur lesquelles les commerçants hèlent les badauds fraîchement arrivés ou sur le départ. En revenant sur mes pas, je trouve enfin les deux ascenseurs qui mènent respectivement aux étages pairs et impairs de l’immeuble. La foule compacte et nerveuse qui s’y amassait m’avait empêché de les voir à mon arrivée. Encore dix minutes d’attente, et me voilà en route pour le 17e et dernier étage, qui me réserve encore plein de surprises.
Mathilde Colas, envoyée spéciale à Hong kong pour le Festival des 3 Continents (texte et images de colonne).
Pour découvrir la fin du récit de Mathilde et ses autres photos, rendez-vous sur Preview.
Bannière : Gérald Figal (détails) (CC BY-NC-SA 2.0)
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