
Un hip hop aux racines africaines...
Un concert inédit en acoustique
C’est à une expérience peu commune que le festivalier fut convié à assister au cabaret du festival Les Escales. Kwal, formation angevine officiant dans le hip hop, a proposé un concert acoustique au croisement du hip hop, de l’électro et des musiques du monde en invitant des artistes confirmés à intervenir avec des instruments traditionnels.
Une quinzaine de musiciens ont répondu à l’envie de Kwal d’interpréter des compositions hip hop en acoustique. Sur la scène du cabaret, la part d’électronique est réduite au minimum et les sons, beats et basses sont remplacés par des percussions, des instruments à cordes, à vent d’origines diverses : Mali, Inde, Cachemire, Mongolie, Moyen-Orient et des instruments classiques européens comme le violoncelle. Même si la plupart des artistes invités ont tous une formation classique, leurs multiples expériences dans des formations musicales régionales leur ont permis de s’approprier le projet inédit et original de Kwal le temps d’une création qui n’a duré que quatre jours. On retrouve ainsi les musiciens qui ont collaboré sur le dernier album de Kwal, comme Leïla d’Orange Blossom, Adama Yalomba et Manuel Serrano de Toma Ke Toma puis par l’intermédiaire de Delphine Coutant, Kwal a multiplié les rencontres.
Une inspiration venue du Mali
Vincent, à l’initiative du projet mis en avant par le Festival Les Escales, trouve que « cette musique jouée avec de vrais instruments porte plus le texte ». Ainsi il a préféré utiliser la langue Bambara originaire du Mali plutôt que le français car selon lui, elle se prête mieux au flow du hip hop. Le concert unplugged reprend donc les compositions de Kwal « mais parfois cela ne ressemble pas à l’album car chaque musicien a ajouté sa touche personnelle. » Ce qui fait dire à Kwal l’intérêt qu’il a eu de jouer avec de véritables instruments. « Le pari était de voir si le rap pouvait coller à ce genre de mélange ». Puis la langue française est peu utilisée au profit du Bambara, une langue que Kwal a appris lors de voyages au Mali. « Tu peux apporter plein de sonorités et de couleurs différentes au Hip Hop. Le Bambara se prête bien au rap, plus que le français, ce sont des sonorités en bord de bouche qui roulent toutes seules ! »
Un premier voyage au Mali à l’occasion d’une invitation à jouer au festival au désert, a permis de découvrir la richesse musicale de ce pays et de multiplier les rencontres : « cela a été le début du parcours vers les musiques traditionnelles ». « Pour le Bamabara, j’ai commencé à m’y intéresser avec les enfants des rues de Bamako. On a traîné avec trois enfants pendant quelques semaines et on a eu envie de revenir pour enregistrer une cassette avec eux. Avec des moyens dérisoires pour un occidental, tu peux permettre à des gens de s’en sortir là-bas. C’est ainsi que les « Guerbou Kounkn, les enfants des rues, sont devenus le troisième groupe de rap en terme de vente au mali. La plupart du temps se sont les bourgeois qui font du rap au Mali, ils ont leurs parents derrière et ils assurent la production, la promotion...Il y a plein de talents mais aucun n’a les moyens. »
Un concert avec Tiken Jah Fakoly
Le hip hop commence à tenir le devant de la scène en Afrique. Kwal l’a bien ressenti : « il est plus intéressant qu’en France. Il y a des gens qui se mettent vraiment en danger par leur prise de position politique dans des pays qui sont des dictatures comme au Burkina Fasso ou en Guinée. Ils sont en quelque sorte la voix du peuple et ces groupes de hip hop sont toujours à la pointe de la liberté d’expression. Ils deviennent alors porte parole de tout un tas de cause et des gens n’hésitent pas à venir leur exposer leurs soucis afin qu’ils en parlent dans leurs textes. Il y a beaucoup de personnes courageuses dans le rap africain. »
Comme Tiken Jah Fakoly, bien qu’il soit un reggae man. Selon Kwal, « il est quasiment un prophète ! » Invité à jouer avant Tiken Jah Fakoly dans un stade, le groupe a mesuré l’ampleur du phénomène. « Une quarantaine de groupes étaient passé sur scène avant l’arrivée de Tiken. Le public derrière les grilles du stade était bien chaud. Lorsqu’il a commencé à jouer, les spectateurs ont franchi les barrières et les militaires ont commencé à les courser. Il y avait au moins 10000 personnes sur la pelouse. Certains militaires étaient entrain de danser car comme ils n’étaient pas en service, ils voulaient voir Tiken et les autres savataient les gens. Tiken, c’est la voie de la liberté. Avec son manteau sur scène, t’as l’impression de voir Jésus. Il joue aussi dans les pays où il y des dictatures et n’hésite pas à se mouiller. Il y a des artistes comme ça en Afrique et certains se font descendre ! »
Au fil des rencontres et empreints de ces atmosphères, Kwal a progressivement modifié ses créations pour développer un hip hop hors norme, n’hésitant pas à provoquer des rencontres culturelles et des collaborations audacieuses. Ce projet fédérateur aura été une réussite. Le rêve de Kwal à tenter de mélanger toutes ces influences avec le discours du hip hop est réalisé. Heureusement Kwal a d’autres projets dans sa besace de voyageur.
Pascal Couffin
Bloc-Notes
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