
Ni Dioz ni maître
L’expérimentation sans limite
La DDE n’est plus ! Eh oui, ces Décorateurs De l’Espace qui ont depuis cinq ans embelli par leurs idées tordues de nombreux festivals deviennent à présent la CRDC (Cinquième Roue Du Carrosse). A la Barakason, la CRDC a réalisé un nouveau décor surréaliste où hippopotames flottent dans les nuages en se disant « Dire qu’on est déjà jeudi !  » C’est dans une ambiance bien fêtarde qu’ a eu lieu l’un des derniers concerts de la saison... Avec les Dioz.
Après avoir entendu tout et n’importe quoi sur les Dioz « C’est plutôt du jazz expérimental » « Non, vraiment c’est du rock transe psychédélique... », je pars magnétophone en main et plume au doigt à leur rencontre ! L’ alcool coulant à flot, ma recherche s’avère plus longue que prévu ! Au bout d’une heure, je les trouve enfin « Ouais, pas de problèmes pour l’interview. C’est cool, on les fait pas souvent , nous. »
« C’est qui les Dioz ? », retour pour ceux qui ne sortent pas de chez eux...
Pour les novices, Dioz est un groupe expérimental, repoussant toujours les limites de nos oreilles effarouchées... On trouve donc Matthieu et Matthieu aux saxos, Cédric à la batterie et Thierry à la basse et au sample. Jusqu’ici, c’est simple mais il s’agit bien là d’un groupe inclassable qui nous fait voler entre jazz et rock laissant la plus grande place à l’imaginaire « On aime la musique, toute la musique et dans notre musique, on veut créer des climats. Alors on utilise telle ou telle musique sans se dire c’est du jazz, c’est du rock. Faut qu’ça parle, que ça veuille dire quelque chose. » m’expliquent-ils « Mais c’est vrai qu’on en a un peu marre d’être catalogué. On envie de faire de faire un truc novateur. » Pour être novateur, ça l’est, leur musique est tout sauf formatée. « C’est pas de la provocation, y’a pas de message politique ou engagé. Nous, on crée une histoire, chacun est libre d’ imaginer ce qu’ il veut. Moi, quand je joue, j’ ai des images dans la tête, pas forcément les mêmes à chaque fois. C’est un voyage intérieur. » Cédric enchaîne : « Y’a surtout une grande confiance entre tous les musiciens, une recherche qui de mon côté est spirituelle, des contacts avec des forces, des énergies qui sont dans les images dont parle Cédric. Y’a des moments où j’ prends parti par rapport à des grands conflits cosmiques carrément ! » Pour ceux qui suivent pas tout, je vais revenir sur les débuts du groupe...
Les débuts
« On a commencé à trois, avec les deux jumeaux, guitare, basse, batterie, de 96 à 2003, 6 ans, on va dire. Après, on a fait plusieurs albums qu’on a jamais vraiment sorti dans le commerce. Notre musique a toujours évolué et on a senti qu’ on avait besoin de cuivres. » Thierry continue « Ils jouaient au village troglodyte à Angers (Troglobal). Moi, j’étais dans le public et j’ai fait un truc que j’avais jamais fait : j’écoutais cette musique qui partait dans tous les sens, de l’improvisation tout le temps alors que les mecs savent exactement où ils vont et j’ suis monté sur scène avec eux. Après, je les ai pas revu tout de suite et je jouais dans un autre groupe avec Matthieu qui m’a remis en contact avec eux . Après, on a fait un album avec eux direct The Reset. » Comme ils aiment à le dire « Le hasard fait bien les choses quand on le laisse faire... » La suite, c’est le départ de Matthieu en Inde et deux potes à lui, Jimmy et Baptiste qui viennent jouer à sa place. « On a maintenant un trombone et un autre saxo. » Voilà pour le petit historique...
Attention ! Ce paragraphe est interdit aux moins de cinq ans fans de Lorie...
Après un bon enchaînement de dates à partir de 98, ça commence à se calmer pour le groupe « On a jamais été un groupe qui a beaucoup tourné. Les gens ont peur de nous parce que souvent après, on se bourre un peu la gueule, on fait n’ importe quoi ! Ou alors on joue un peu trop fort dans les bars, mais ça, c’est une sale réputation qu’on nous a donné... Et c’est surtout parce qu’on a pas de structures qui s’occupent de démarcher pour nous. On doit toujours trouver les concerts nous-mêmes. » Lorsqu’ils trouvent un lieu pour jouer, les Dioz surprennent, déstabilisent ou séduisent mais en tous cas, ne laissent personne indifférent... « Moi, à chaque fois, j’ vois un public ravi. Les gens ont peut-être besoin de changer d’air parce que le paysage musical aujourd’ hui, soit c’est de la branlette, soit c’est des trucs bien standards, clichés. Nous, ça nous saoule à fond. La différence, parfois, ça fait peur, peur qu’ il y ait pas de monde mais tant- pis ! On préfère jouer devant 15 personnes intéressées que devant 100 personnes qui n’en ont rien à foutre ! » Ca, c’est dit !
Deux ans de travail...
Pour ceux qui pensent que l’impro, c’est un peu du n’ importe quoi, ils répondent « On enregistre, on réécoute, après, on retravaille des trucs. Faut que ça suive, que ça fasse une histoire logique. C’est comme une peinture : tu fais les gros traits, après, petit à petit, tu fais les contours puis tu remplis jusqu’ aux petits détails... Les deux morceaux de camping Melody Party 3, on les a vraiment composé tous les six. Un an pour créer chaque morceau, ce qu’on a joué ce soir, c’est deux ans de travail ! » Le groupe cherche aussi à faire de leur concert un véritable spectacle en insérant la vidéo « Là, ce soir, Charlie Mars a filmé le concert donc il va projeter des trucs. Mais c’est arrivé qu’on projette en fond de scène des images .C’est pareil, c’est pas de la vidéo standard qu’on a l’ habitude de voir. C’est pas le truc conceptuel à deux balles, beaux-arien et tout, c’est vraiment une dimension en plus. »
Interdit aux djembés !
Inutile donc d’essayer de classer les Dioz, le groupe cherche juste à faire voyager son public quitte à prendre des risques... « Tout est une histoire d’ondes, de forces entre les gens et nous, entre nous-mêmes aussi. C’est vraiment de l’échange, un dialogue. Nous, c’est peut-être les choses qu’on dit pas dans la vie, qu’on va dire comme ça... » Alors quelle est la suite pour le groupe ? « Ben après, y’a une fête chez les deux jumeaux pendant trois jours ! Tous les gens gentils sont bienvenus mais les djumbés sont interdits ! Et sinon, le 23 juillet, on sera à Saint Hilaire de Riez pour un festival plein air, les « Artménestrel », c’est ça ? Je crois que c’est ça ! Et après, bhen après, je sais pas... » Affaire à suivre donc pour tous ceux qui souhaitent s’émanciper un peu « du couplet/refrain et solo de guitare » !
Sabrina Rousseau
Bloc-Notes
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