
Le charme de l’inconnu
Impromptu musical innatendu
La musique improvisée ne ressemble à aucune autre. Le festival All improvista invite à l’écoute et éveille, à l’occasion de rencontres « impromptues  », notre curiosité face à ce mystère : comment naissent, vibrent et meurent ses sons particuliers ?
Découverte dans la diversité
Sans profil particulier, difficile d’esquisser le portrait-type d’un musicien improvisateur. Selon la clarinettiste Isabelle Duthoit, qui se prête au jeu des réponses improvisées, « l’écoute et le générosité suffisent ». « Il n’y a aucune obligation de passer par un apprentissage académique ». ». Pour cette artiste, désapprendre, oublier cette formation a même été une nécessité pour franchir les frontières communément posées. L’envie de créer prédomine sur les connaissances mais seule la musique règne..
« L’improvisation est l’occasion d’explorer tous les horizons possibles, de trouver de nouveaux sons. Personne ne veut faire de vraies notes, nous les utilisons rarement. Certains ont suivi un parcours rock. D’autres puisent leur inspiration dans le cursus des Beaux-Arts ». Notre interlocutrice confirme que ces artistes sont particulièrement appréciés pour leur compréhension de « l’espace son ».
Une adaptation est nécessaire face aux différents partenaires. « Jouer contre l’autre ou avec lui est un véritable choix » et influence toute la construction de l’improvisation. Ainsi les carrés d’as qui se succèdent envoient tour à tour piques et cœurs au public pour nous faire découvrir leur passion. Polyphonie sans cacophonie, All improvista nous ouvre toutefois des territoires musicaux inhabituels. Isabelle Duthoit affirme que le contact avec les auditeurs est indispensable.
« J’ai lancé dans un village un festival de musique improvisée il y a 6 ou 7 ans. Les paysans étaient au départ désorientés. Une rencontre après notre performance leur a permis de dialoguer et de comprendre notre approche. Maintenant ils sont tous fans de musique improvisée. » Malgré l’importance de cette communication, l’enregistrement sur cd n’est pas exclu. « Le cd est à mon avis une étape et l’écoute requiert alors un immense travail pour découvrir, rechercher à l’aveugle les sons qu’a voulu produire le musicien. Cet effort est comparable à l’attention que l’on porte pour lire. Cette concentration débouche toujours sur une véritable réflexion ». Les concerts restent donc le domaine privilégié que s’approprient ces fantasques manipulateurs d’instruments. All improvista s’écoute et se regarde.
Se dénuder sans a-priori
Le Pannonica se prête à l’univers intimiste que chacun souhaite créer. Les chants d’oiseau de la clarinette nous offre les plaisir de l’évasion auditive tandis que la guitare, plus agressive, manipulée dans tous les sens, résonne pour proposer des sons surgis de l’imagination du musicien voyageur. La basse frottée avec la main côtoie d’autres instruments à cordes tous métamorphosés en violons par le glissement des archets. Même la batterie délaisse le rythme et vient entrechoquer des sonorités sourdes aux vocalises d’Isabelle Duthoit.
Le corps est très sollicité : bras et mains se tordent pour atteindre l’inaccessible. Le chant se convertit parfois en bruits d’animaux pour terminer ce court instant impromptu par un jeu avec le silence jusqu’au dernier souffle. Les regards satisfaits peuvent alors être échangées entre ces hommes et ces femmes complices. « Une proximité, une certaine intimité avec les autres est indispensable pour partager une improvisation. Si on connaît l’autre, ses idées, ses éventuelles propositions, on pourra répondre plus facilement à ses attentes et y mêler nos désirs. Mais parfois cela ne fonctionne pas, lorsque nous sommes chacun sur une émotion différente. L’essentiel est de se mettre à nu et d’être généreux.
Cette musique se construit donc à plusieurs et la proximité garantit la confiance qui permet de tout oser et de se dévoiler par un son, une ligne mélodique ». Sur la scène, grande toile blanche accordées aux improvisateurs(trices), la production serait alors comparable à une peinture abstraite où chacun ajoute sa touche, simple en apparence, mais extrêmement réfléchie en réalité. . « Les spectateurs peuvent en effet interpréter et trouver toutes les émotions qu’il veut. Mais la peinture qui dérange n’impose pas au regard de se fixer sur elle. On peut toujours se retourner pour ne pas la voir. L’ouïe, contrairement à la vue, envahit tout, on ne peut pas fuir. Je ne renie pas pour autant la comparaison entre peinture abstraite et musique improvisée mais à mon avis l’art pictural a toujours été en avance dans la réflexion ».A eux alors de proposer une alternative musicale abstraite !
Chloé Vigneau
Bloc-Notes
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