PARCOURS PHOTO
La photographie documentaire : une manière de "dire le monde"
Après une première édition réussie, "Vues en ville", le parcours photographique de la ville de La Roche-sur-Yon, ressort les cimaises et s’installe dans les rues. Au programme : la photographie documentaire. Ou comment dire le monde, montrer ses évolutions démographiques et architecturales. Pas comme un géographe mais comme un photographe. Balade dans la ville.
Depuis quelques semaines, des engins élévateurs envahissaient les rues du centre ville. Chaque jour, une image nouvelle fleurissait. Les derniers préparatifs se mettaient en place pour le parcours photo en extérieur. Une belle occasion de lever le nez, de redécouvrir un patrimoine architectural qui laisse indifférent à force de passer devant chaque jour, de jeter un regard nouveau sur le quotidien. Conservatoire, théâtre, hôtel de ville, médiathèque, place Napoléon… les façades des lieux les plus emblématiques du chef lieu vendéen accueillent ces photographies monumentales qui attisent la curiosité.
Une mise en abyme
Paysage enneigé en Russie, zone commerciale de Dresde, port de L’Aiguillon en Vendée, ville côtière de Norvège, autant de paysages qui se côtoient, qui tissent une conversation d’une rue à l’autre. Leur point commun ? Elles font partie d’un courant artistique qu’on appelle la photographie documentaire. En totale opposition à l’humanisme à la française (Doisneau, les photographes de l’agence Magnum…), la photographie documentaire se veut descriptive et en connexion avec le réel. Les accrocher ainsi dans les rues est une idée très intéressante, une sorte de mise en abyme qui pousse le promeneur à se poser des questions sur son environnement. Regarder la photo, son paysage, comme cette image d’Yveline Loiseur (Dresde en 1992, juste après la chute du mur de Berlin) et détourner les yeux un peu plus à droite, plus à gauche, regarder son propre environnement. Pas de comparaison évidemment mais se rendre compte qu’une ville est en perpétuel mouvement. La photo devient alors preuve, preuve du temps qui passe et témoignage de l’histoire.
Traduire un territoire
Témoignage artistique et non pas seulement topographique. Une gageure souvent pour le photographe travaillant soit pour l’Observatoire photographique du paysage ou soit pour la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale). Des commandes qui visent à observer des paysages dans le temps (parfois sur une dizaine d’années) et l’évolution de la civilisation. Comment garder alors sa liberté de création quand on a un cahier des charges bien défini et donc des contraintes à respecter ? De l’avis de tous ces photographes documentaires, il suffit parfois de décaler l’objectif de quelques mètres pour avoir dans le viseur une image à la fois décalée (au sens propre comme au figuré) et pour autant une vision très juste de la scène. Dire le monde, un monde, dire l’étendue, l’espace mais avec l’oeil de l’artiste plutôt que celui du géographe. Choisir le hors champ pour parler du plein champ.
Dire le monde, un monde, dire l'étendue, l'espace mais avec l'oeil de l'artiste plutôt que celui du géographe.
De loin, quand on se promène dans la ville, c’est cela qu’on peut voir : une masse, des formes, des lumières… puis des paysages qui se construisent au fur et à mesure qu’on s’approche. Un concentré de paysages sans dramatisation de la scène. Une lecture neutre pour que tout le monde puisse trouver le sens qu’il y souhaite.
Delphine Blanchard
Exposition visible jusqu’au 16 septembre.
Photo de bannière : "Les villes invisibles, Dresde, sans titre, ≠ 11" (détail), Yveline Loiseur, 1992.
Photo colonne : "Australie ≠ 7", Thibaut Cuisset, 1989.
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