Catastrophe au Japon
Solidarité Nantes-Japon : un Gingko comme symbole de l’amitié
Face à l’actualité brà »lante qui secoue l’archipel nippon depuis mi-mars, les liens tissés avec la ville de Nantes se sont resserrés pour mieux agir, avec de nombreuses manifestations de soutien organisées. Le jumelage avec Niigata en est le socle, le fondement. Retour sur un mois d’actions symboliques qui ont ponctué le quotidien des Nantais.
Nantes-Niigata : dix mille kilomètres à vol d’oiseau les séparent. Cependant, les liens tissés depuis de nombreuses années font fi de la distance. Minute de silence, candle night, messages de soutien et autres appels aux dons ont rythmé un mois de solidarité et d’amitié.
Forte de son jumelage, officialisé en 2009, avec Niigata, ville de la côte ouest de l’île d’Honshu, et de sa collaboration, depuis plusieurs années déjà, avec Tokyo et Kanazawa dans le cadre des Folles journées, Nantes a multiplié les actions, grâce à différents acteurs majeurs. En première ligne, sans surprise, l’association Atlantique Japon.
Une association historique
Partenaire actif de toutes les actions de soutien menées, l’association a été créée en 1990 dans le but de rassembler tous les Nantais passionnés par le Japon ainsi que les Japonais vivant à Nantes. "Un réseau de 130 à 140 adhérents s’est constitué, dont la moitié provient des étudiants en japonais", précise Kumiko Numaguchi, traductrice français-japonais et trésorière de l’association. Longtemps seule association franco-japonaise installée à Nantes, elle est depuis peu rejointe par une "petite nouvelle", l’association Jeunesse France Japon.
Nous avons un regard extérieur à cette catastrophe, depuis Nantes, mais nous agissons et les Nantais sont extrêmement généreux et solidaires
"À l’heure actuelle, les aides de premier secours ne parviennent que très lentement en raison des problèmes d’acheminement : routes endommagées, pénurie d’essence... Ce qui manque, bien évidemment, c’est la nourriture, l’eau, les couvertures et couches pour les nourrissons... Tout manque !", explique Kumiko Numaguchi. Et avec l’accueil de milliers de sinistrés par la ville de Niigata, épargnée par le tremblement de terre et le tsunami, c’est comme si Nantes les accueillait aussi. En avait la responsabilité. Liées comme des sœurs jumelles...
Aidez-nous ! Nantes pour le Japon
Avec son T-shirt blanc, au slogan simple mais accrocheur : "Aidez-nous ! Nantes pour le Japon", Kumiko Numaguchi est facilement repérable dans la foule et ne cesse de tendre ces tracts à qui veut. "Nous avons un regard extérieur à cette catastrophe, depuis Nantes, mais nous agissons et les Nantais sont extrêmement généreux et solidaires." Elle apprécie également le rappel, presque quotidien, du soutien des élus.
Magnolia for ever
Un soutien représenté symboliquement par un arbre, le Gingko. Le message des Nantais aux Japonais ? La survie et l’espoir, car le Gingko n’est pas n’importe quel arbre. Un spécimen aurait survécu à la bombe atomique d’Hiroshima et depuis, les Japonais y voient le symbole de l’espérance. Une plantation de circonstance donc, au jardin des Plantes, le 2 avril dernier, avec un invité de marque : Kinya Maruyama, architecte et artiste tokyoïte.
Invité par la ville de Nantes pour célébrer le tricentenaire de l’arrivée du premier magnolia sur le continent, l’artiste s’est inspiré de l’histoire du magnolia dans la région nantaise pour concevoir différentes installations, à la fois poétiques, artistiques et pratiques, disséminées sur les sept hectares du jardin des Plantes : le Magnolia Étoilé. Présent lors de l’inauguration, l’artiste en profite pour revenir sur ce lien fort entre Nantes et le Japon. "J’ai été frappé par les jardins de camélias et de magnolias présents en quantité à Nantes, explique-t-il, et par l’histoire de Nantes avec mon pays, une histoire marquée par une longue tradition de commerce maritime".
Étant japonais, j'ai, bien sûr, toujours une pensée pour mon pays, surtout quand je suis à l'extérieur
"Étant japonais, j’ai, bien sûr, toujours une pensée pour mon pays, surtout quand je suis à l’extérieur", précise-t-il, comme une évidence. Parfait représentant de cette amitié longue distance, Kinya Maruyama a déjà officié à Paimboeuf, dans le cadre d’Estuaire en 2007, avec le Jardin Étoilé. L’artiste conçoit ses œuvres comme des espaces à vivre avec toujours, en fil rouge, cette philosophie de vie représentative de la société japonaise, liée à la nature et à la spiritualité, qu’il prend plaisir à expliquer aux plus jeunes. Habitant à Tokyo mais présent à Nantes, à la mi-mars, pour l’aménagement artistique du jardin des Plantes, Kinya Maruyama a pu voir les images de la catastrophe sur les écrans. Face à la gravité de la situation, au bilan humain sans cesse revu à la hausse et aux incertitudes liées au nucléaire, cet homme reste optimiste, parlant déjà de reconstruction et de prévention. Un état d’esprit, on vous dit.
Bougies, silence et 25 000 €
En parallèle, de nombreuses manifestations se sont rapidement mises en place. Une minute de silence ou encore une candle night, organisée le 27 mars, par le comité de pilotage Nantes-Niigata, les associations Atlantique-Japon, Soul Clap et le groupe de danse Odori Unity réunissent de nombreuses personnes autour de la fontaine de la Place Royale. Le samedi 2 avril, la récolte de messages de soutien, en centre-ville, donne lieu à la création d’un livre électronique ; e-book qui sera, par la suite, envoyé aux victimes. Et le 11 mai prochain, sur l’Ile de Versailles, une action en soutien aux écoliers de Niigata est prévue.
Les Nantais se sentent un peu tous Japonais ces derniers temps
De manière plus concrète, la Ville de Nantes a décidé, par vote, le versement de 25 000 €, pour des actions d’urgence auprès des victimes de la catastrophe. Une aide exceptionnelle à but humanitaire, orchestrée avec Rennes, ville jumelle de Sendaï, gravement touchée. Ultime preuve de solidarité, la Folle Journée de Nantes s’exporte toujours au pays du Soleil levant, du 1er au 8 mai ; seul événement culturel maintenu par le gouvernement japonais. Et bien avant le voyage, deux concerts de soutien ont lieu, ce lundi 11 avril, à Nantes, à l’initiative de la violoniste japonaise Sayaka Shoji, René Martin et La Saem La Folle Journée de Nantes. Un mois jour pour jour après la catastrophe.
Reste une question : où en est le projet de Jeunes Ambassadeurs Nantes-Niigata ? Rien n’est certain, rien n’est officiel mais le comité de pilotage est d’ores et déjà à l’ouvrage pour la préparation de projets, prévus sur toute l’année à venir, voire plus... Le principal événement ? La présence au Japon, fin août-début septembre, de la troupe de danse nantaise Odori Unity qui retrouverait son homologue japonais, Soh-Odori, déjà croisé en octobre dernier à Nantes. Outre la consolidation évidente des liens interculturels, les Jeunes Ambassadeurs permettent de rajeunir l’idée même de jumelage, en impliquant cette nouvelle génération, engagée et sans frontières. L’occasion de rapprocher davantage Nantes et l’archipel.
Un mois de solidarité, de mobilisation nantaise avec un message en tête, simple mais puissant. Une passante nous le rappelle : "Les Nantais se sentent un peu tous Japonais ces derniers temps".
Caroline Dubois
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