
Ne pas sous estimer les Pusse
De la chanson française qui décoiffe
Un homme en robe qui fait des bruits d’animaux, un joueur de chaises, un squelette pendu à un fil, une batterie iconoclaste...Pusse est une sorte d’ovni apportant un peu de punk-attitude aux trop traditionnels rimailleurs de la « chansons française  ». Plus de classification possible avec ces musiciens qui jouent aussi bien de l’accordéon que des chaises, ce chanteur autant à l’aise en français qu’en allemand ou en aboiement...Le cul entre deux, trois, quatre chaises et plus.
Malgré un accordéoniste, malgré un chanteur et malgré leur nationalité, Pusse est loin de la chanson française telle qu’on la considère traditionnellement : pas ici de comptine sur la vie, pas de guitare folk ou d’accordéon omniprésent, mais un ambiance de cave avec des energumènes étranges, à la fois angoissants et drôles selon l’angle de vue, qui se jettent par terre et tapent sur des poêles avec des chaines rouillées, font grincer des chaises et vibrer des tôles...La figure familière de l’accordéoniste ne parvient pas à nous rassurer : Pusse va loin et Bénabar peut remettre son pyjama. Loin, mais jusqu’où ?
« Madame silence »
A l’origine un premier album « Soupir léger », signé sur « Mon slip », label des Têtes raides. Signe de décalage sans doute mais le chanteur, unique auteur-compositeur, suit la tradition de la chanson selon laquelle la musique est créée à partir d’un texte, qui tient alors une place centrale. La scène donnera naissance à Pusse car c’est en re-créant les morceaux de « Soupir léger » pour l’occasion, que ses 4 musiciens exploreront leurs affinités musicales. « Nous avons alors commencé à travailler sur les sonorités, les matières, les ambiances caverneuses ». Leur musique commence à s’émanciper du texte, qui, dépassant la poésie et le format chanson, se fait plus parlé autour d’un jeu des ambiguités, d’un frottement entre rire et malaise.
« Madame silence », le second album, est donc un véritable travail du groupe Pusse, composé à quatre. Le batteur est venu avec son instrument construit : tôle, fil métallique, et autres matériaux venant s’ajouter à quelques restes de batteries traditionnelles, l’accordéoniste a grandi avec le sien, et le dernier musicien, tromboniste à la base, est venu dans l’idée de toucher un peu à tout, instruments ou objets détournés pour l’occasion.
le cul entre deux chaises
Des restes de chansons, du rock, des ambiances comparées à Tom Waits, Pusse est un genre d’ovni et sa popularité s’en ressent. « Nous sommes le cul entre deux chaises. D’un côté nous avons une recherche expérimentale, mais nous ne sommes peut-être pas assez intellos. Et nous ne faisons pas de la chanson non plus, donc nous sommes assez impopulaires. ». Pas non plus de textes engagés « notre engagement serait plutôt dans le fond musical. Nous défendons le droit à faire quelque chose de différent, contre les cases. ». D’où des difficultés à se créer un réseau, trouver des dates...
Mais les choses bougent et Pusse va enregistrer un troisième album avec un nouveau membre, une chanteuse, pour un véritable travail de studio avec producteur et tout ce que cela implique, ainsi que participer à une compilation en hommage à Moon dog, compositeur minimaliste américain.
Marion Sarrouy
Bloc-Notes
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