
La Rue Kétanou aux Zygomatiques
Les cigales à Saint Germain sur Moine !
Rappelez-vous de l’été 2003 ! La commune de Saint Philbert en Mauges accueillait les « Z’ Eclectiques  »,festival mémorable dont le programme comprenait des groupes comme Orange Blossom, Mass Hystéria... Les quatre associations maugeoises (TZUIGA, AGA, MACADAM et MET LA SAUCE) ont permis de remettre ça cette année avec cinq soirées différentes(Les Z’icroires de la musique, les Z’arbizoîdales, les Z’hivernales, les Z’ygomatiques et les Z’echotronicks) Retour sur celle des Z’ygomatiques avec Petit Peuple, Jam Session, La Rue Kétanou et Les Fils de Theupu !
Ne voulant pas rater ça, je m’improvise reporter sans frontières et part loin, très loin... à Saint Germain sur Moine pour une interview (exclusive) de La rue Kétanou. Mourad m’accueille avec un grand sourire et nous partons dans les loges avec mes quelques questions. L’ interview est comme il se doit plutôt mouvementée et souvent entrecoupée (« Tiens Sabrina, jte présente les Fils de Teuhpu, tu connais ? » « Il faudra aller vite pour l’interview, le groupe joue dans une heure ! ») Ok, je me dépêche !
De la comédie à la chanson
Parler de La Rue Kétanou, c’est d’abord évoquer la rencontre du trio, Florent, Mourad et Olivier, au théâtre du Fil. « C’est le lieu d’où on vient et ce théâtre est en danger aujourd’hui ! Il va peut-être fermer alors que c’est la seule école dont l’entrée n’est pas payante et qui accueille des gens de tous horizons sociaux. Il y a une pétition qui circule en ce moment sur le net, c’est important pour les générations futures ! » L’influence du théâtre se ressent dans leur chansons, comme « Qui dit mieux » ou « Chagrin d’amour », qui deviennent presque des mises en scènes. Puis vient la rencontre avec Tryo « C’était marrant, on était une vraie bande de copains » m’explique Mourad. Les premières parties de Tryo leur ont assuré un succès rapide pour un groupe qui était plutôt habitué à jouer dans les bars ou dans la rue, comment ont-ils géré ce changement ? « Ca s’est bien passé, on jouait devant plein de gens différents. On est tous potes, c’est évident mais les choses tournent, au sein d’un groupe, il y a des évolutions. » Je cherche donc à savoir si l’ambiance plus intimiste des cafés-concerts ne leur manque pas trop « On y retourne mais les gens ne le savent pas forcément et pas tous les trois à chaque fois ! Mais c’est clair que c’est là qu’on aime bien être ! On joue depuis 1991 et on a appris à jouer devant 4 à 5 personnes aussi ! Les cafés musicaux ferment mais heureusement, il y a des cigales dans la fourmilière !Tu sais, quand un pays perd sa culture, c’est la guerre, mais en France, il y a quand- même un énorme réseau musical ! Le plus important, c’est de garder ses envies et de pas se perdre ! »
Un public bien présent
Jouer devant 5 personnes, ce doit être un vieux souvenir pour le groupe ! « On ne cherche pas la gloire », affirme Mourad. En tous cas, ce soir -là, le concert est complet et le public s’agglutine pour voir nos trois compères de plus près. « C’est la premier concert qui est complet aussi vite, mais c’est vrai qu’il y a quand même pas mal de têtes d’affiches ! » m’explique Lucie Brunet, la chargée de communication du festival. La Rue Kétanou est attendu et en voyant mon badge, beaucoup me demandent s’ils jouent bientôt ! Et lorsque le groupe arrive enfin, l’ambiance est survoltée et les secours sont là pour les premiers malaises... Malgré ce succès, le groupe garde les pieds sur terre « On est chacun des individus et le plus important pour nous, c’est de ne pas se perdre en amitié ! » Dans la nouvelle scène de la chanson française, ont-ils conscience d’avoir été des modèles ? « On en est très fiers ! Mais tout ça, c’est pas fini, ça évolue ! ». Et leur modèles à eux ? « On admire beaucoup de gens qui sont proches de nous comme Loïc Antoine, Stéphane Cadé ou Richard Desjardins, tu connais ? » Oui, oui et comment marquent-ils leur différence ? « On ne cherche pas à être différent », m’explique Mourad, « Chaque personne est différente. C’est important de pas se copier mais nous, on invente rien !Avant, par exemple, je savais même pas que j’étais chanteur ! »
Des poètes bohèmes
Aujourd’hui, leur talent de chanteur n’est plus à prouver ! Tout comme celui d’auteur « On trouve l’inspiration dans les gens, dans la vie...On peut écrire les textes à 2, à 3, où même tout seul...Il n’y a pas d’alchimie précise ! » Leurs chansons sont souvent pleines d’ humour et très imagées, y a t il des sujets qui les touchent plus violemment ? « On écrit pas une chanson par hasard, souvent, on veut dire quelque chose à quelqu’un. On chante des choses lourdes pour les alléger mais l’humour est parfois plus triste qu’une chanson larmoyante ! Et puis une chanson peut être drôle parce qu’elle à été écrite dans un moment de légèreté ! ». Sinon, après avoir bien étudié les textes, j’ai cru noter un ton un peu cynique dans les chansons qui parlent des femmes, dans « Qui dit mieux » ou encore « Ma faute à toi », alors un peu myzo La Rue Kétanou ou vous avez vécu de grosses déceptions ? « Non, on aime les femmes, c’est évident !Je pense qu’énormément de femmes aimeraient avoir cent amants, non ? » (euh, non...) « Et puis cette chanson parle aussi de la libération de l’homme, c’est important après la libération de la femme ! » Bon d’accord, c’était la question vache car il faut avouer que les forces du groupe sont dans leur textes, drôles et touchants, leurs personnalités et leur présence scénique évidente. D’ailleurs quels sont leurs meilleurs et pires souvenirs de tournée ? « Un mauvais souvenir, je vois pas ! Le meilleur, c’est l’interview avec toi avant le concert ! » Merci (impossible d’écrire un article méchant maintenant !)
« A part la musique, vous faites quoi ? »
Depuis leurs débuts, La Rue Kétanou est un groupe qui a su évoluer en restant toujours « ouvert à double tour ! ». Après leur premier album, leur rencontre avec Tryo, leur deuxième album live, le groupe a encore de nombreux projets « La rue est en travaux, on a des envies, des pulsions, plus que des projets ! On a un album qui sort dans deux semaines, Mon côté punk, avec un collectif plus ou moins connu. On est une dizaine et l’album est auto-produit, c’est de l’artisanat ! Le projet de Florent (l’accordéoniste, ndrl) , c’est un tour de chant avec Jean-Louis et Berry ». Je cherche à savoir s’ils aimeraient travailler avec d’autres artistes « On ne prévoit rien, on idolâtre pas les gens en fait. Tout se fait grâce à des rencontres. De toutes façons, on est plutôt déçu quand on rencontre des gens qu’on aime bien. ». L’interview touche à sa fin, y a t il une question que j’ai oublié de vous poser ? « Non, mais il y en a une bien lourde qu’on attend souvent des journalistes, c’est : Et à part la musique, vous faites quoi ? » C’est vrai , musicien, c’est pas un métier, alors, à part la musique, vous faites quoi ?
Sabrina Rousseau
Merci à la Rue Kétanou et surtout à « tonton Mourad » pour son sourire et sa gentillesse.
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses