Vu à Mars Multimédia
La RepRap : imprimer en 3D
Découverte d’un projet utopique et atypique
Cette année à Mars Multimédia, un projet singulier a retenu notre attention. C’est la création d’une étrange machine, présentée comme une imprimante 3D capable de défier l’industrie de masse. Une machine auto-reproductible et écologique, qui changerait notre quotidien. Cette mystérieuse machine, les membres de Ping proposaient de la créer lors d’un atelier sur quatre jours. Le rendez-vous est donné aux ateliers.
En rentrant dans les ateliers, le silence est d’or. Tout est câble, soudure et programmation par ordinateur, quelques bricoleurs s’affairent sur les machines. Au deuxième jour de l’atelier, les machines sont encore à l’essai. C’est dans cette ambiance studieuse que des aficionados de technologie rassemblés par Ping donnent vie à l’idée d’Adrian Bowyer, universitaire de Bath. A l’origine de cet ambitieux projet, Adrian Bowyer voulait donner à chacun les moyens de réaliser l’objet qui correspond à son besoin. Il imagine une machine-outil personnelle et auto-reproductible, reliée à un ordinateur. Elle n’utilise que les plastiques issus des déchets du quotidien pour modéliser ses objets de demain : La RepRap était née.
C’est dans cette ambiance studieuse que des aficionados de technologie donnent vie à l’idée d’Adrian Bowyer, universitaire de Bath
Repenser son quotidien : l’exemple d’une cuillère
Prenons un exemple : j’ai besoin d’une cuillère, mais celles vendues ne correspondent pas à mon besoin. Grâce à un logiciel de modélisation 3D ou au catalogue alimenté par des développeurs RepRap, je trouve un modèle qui me correspond. Le modèle de cuillère en 3D apparaît dans le logiciel de modélisation. J’envoie les informations à cette machine-outil comme lorsque j’imprime un document classique. Pendant ce temps, la machine chauffe le plastique de récupération jusqu’à fusion, à 255 degrés. La RepRap suit les ordres de l’ordinateur pour modéliser ma cuillère en trois dimensions. J’ai donc créé l’objet qui me correspond en quelques minutes, sans avoir à me déplacer et à l’acheter.
L’achat d’un bien vient combler le manque de compétence et de temps pour le réaliser. La RepRap donne la possibilité à chacun de réaliser l’objet dont il a besoin, sans avoir à payer pour. A plus large échelle, on comprend la vision d’Adrian Bowyer : défier le système économique actuel. Il y a des correspondances dans la vision du logiciel libre de Stallman [1]. Ici, il y a toujours une offre et une demande, mais pas de profit puisque personne ne peut tirer un avantage concurrentiel de sa compétence : tout le monde est capable de la même chose avec la même matière de départ, le plastique issu des déchets. C’est ainsi que le projet RepRap prend une dimension écologique, loin des campagnes de communication verdâtres de certains grands groupes industriels.
Ici, il y a toujours une offre et une demande, mais pas de profit puisque personne ne peut tirer un avantage concurrentiel de sa compétence.
L’initiateur du projet a voulu que sa machine vole de ses propres ailes : c’est pourquoi elle est capable de produire la moitié des pièces qui la constituent, pour donner naissance à une nouvelle machine qui à son tour, pourra créer de nouvelles machines. Il est notamment évoqué la possibilité de créer des machines pour les milieux humanitaires en Afrique.
Une place pour l’utopie
Pendant ce temps, aux ateliers de Ping, l’heure est au premier test. C’est Alexandre, qui connaît bien le RepRap et le petit monde des usinettes qui nous fait la démonstration. Pour lui, le projet de Bowyer, c’est encore de l’utopie, mais il y croit. Il s’agit de trouver le moyen de rendre accessible une technologie encore réservée à quelques passionnés de machines. Encore une fois, le discours d’Alexandre est proche de ce que l’on pouvait entendre sur le logiciel Libre il y a quelques années. On voit maintenant beaucoup d’efforts fait en direction des utilisateurs pour que tout le monde puisse adopter le Libre. Alors, pourquoi pas imaginer sa propre usinette à la maison pour pouvoir rendre matériel des modèles 3D, ou alors modéliser son quotidien du futur grâce à cette technologie ? On peut imaginer des sites libres proposant des modèles, un"Ikea libre" où chacun contribue avec ses créations à faire évoluer les manières de penser les objets du quotidien.
Texte et Photos : Romain Ledroit
- Le festival Mars Multimédia 2010
- Ping, espace relais des pratiques numériques et usages du multimédia
[1] Penseur militant du Logiciel libre
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