
20ème Festival du cinéma espagnol 2010
Le "court" version hispano, jamais à court d’idées
Prix du Meilleur Court-Métrage
Pour sa 20ème édition, le Festival du cinéma espagnol confirme sa confiance dans le format court. Comme en littérature, il n’y a pas que des pavés de 500 pages mais aussi des fables, contes et poèmes. La brièveté du format n’occulte pas la force du message et le mépris vis-à -vis des courts-métrages n’a donc plus aucune raison d’être. Diffusés dans le décor magistral du théâtre Graslin, pour une soirée spéciale Erasmus, sept courts-métrages concourent cette année pour le Prix du Meilleur Court-Métrage. Gros plan sur quatre d’entre eux.
5 Recuerdos : Plongée dans le méli-mélo des souvenirs
Récapitulons : 1. oignon, 2. un demi kilo de tomates, 3. branche de céleri, 4. poisson, et 5.… Cinq… Irma se rappelle des quatre premiers ingrédients, pourquoi le cinquième ne vient-il pas ? Pourquoi s’est-il évaporé ? Se perdre dans ses souvenirs et y plonger aveuglément pour y repêcher un détail, une bribe de souvenir comme un des ingrédients d’une recette de cuisine. Le court-métrage 5 recuerdos, réalisé par Oriana Alcaine et Alejandra Marquez, nous présente une jeune femme, Irma, en train de faire ses courses pour cuisiner une soupe de poisson. Les étals défilent, le brouhaha des clients s’intensifie et dans sa tête, toujours le même refrain obsédant : 1. oignon, 2. demi-kilo de tomates, 3. herbes aromatiques, 4. poisson, et 5.… Cinq…
Entre voix-off, chaos ambiant et jeux de répétitions, 5 recuerdos repose sur ces processus mentaux et émotionnels qui construisent et structurent notre mémoire. Un souvenir en appelle un autre, Irma perchée dans un arbre, Irma plongeant dans une piscine. Des transitions qui nous font sauter d’une séquence à l’autre, en montrant que les souvenirs sont tous inter-connectés. Un court-métrage léger, plein d’humour, doté d’une construction sensorielle et d’une narration fluide à souhait. Nous suivons une Irma perdue dans ce voyage, dans les profondeurs de sa mémoire. Jusqu’au soulagement final. Cinq … Mais oui, bien sûr, cinq …
Amona Putz et El, nunca lo haria : Grands-parents à volonté
Les grands-parents en ont inspiré plus d’un. La preuve avec deux courts-métrages plein d’humour : El, nunca lo haria, réalisé par Anartz Zuazua et Amona Putz, de Telmo Esnal.
L’année dernière, Laura voulait un poney pour Noël. Cette année, elle veut un grand-père. El, nunca lo haria, le curieux court-métrage d’Anartz Zuazua transpose les grands-parents en animaux de compagnie. Des grands-parents enfermés dans un chenil, attachés avec une laisse ou mangeant dans une gamelle. Un court-métrage doté de scènes hilarantes voire choquantes qui instaure une réflexion sur le traitement des animaux de compagnie maltraités et abandonnés, par le biais d’une transposition osée de la part du réalisateur. Adopter un grand-père entraîne des responsabilités que vont devoir assumer les parents de Laura.
Autre vision des grands-parents, toute aussi non-conformiste, Amona Putz de Telmo Esnal. Partir en vacances avec des enfants turbulents n’est pas toujours de tout repos. La solution ? Amona Putz, la grand-mère gonflable, vendue dans tous les commerces. Une pompe, deux-trois minutes d’effort et vous avez votre grand-mère, plus vraie que nature, dévouée à ses petits-enfants. Tout ne devient-il pas beaucoup plus facile et paisible ? Pas sûr... Neuf minutes d’humour explosif sur la perte des valeurs familiales. Il y a des parents modernes qui ont de temps en temps besoin d’une grand-mère, mais de temps en temps seulement.
Ahate pasa : Et tout à coup, les canards traversent l’écran
N’avez-vous jamais remarqué que, dans de nombreux films, il y a systématiquement une scène où des canards traversent la scène. Comme une scène de transition, pas appréciée à sa juste valeur. Construit sous forme d’un faux documentaire, Ahate pasa, de Koldo Almandoz, donne la parole à ces canards-acteurs méprisés dans le milieu du cinéma. Interviews, making-of, extraits de célèbres films utilisant ce genre de scènes-clés ou encore analyses d’experts et de critiques de cinéma, le ton est donné et assumé : la dérision voire le grotesque. Interviewer un canard, il fallait oser ! Une chose est sûre, à la fin de la projection du court-métrage, nous ne regarderons plus les canards de la même manière.
Caroline Dubois
Cet article a été réalisé conjointement par une équipe d’étudiants du Département Infocom de l’Université de Nantes.
Équipe : Solène Castex, Jean Annaix, Thomas Cléraux, Caroline Dubois. Coordination éditoriale et pédagogique : Emilie Le Moal.
Tous les articles de la 20ème édition du festival
Le "court" version hispano, jamais à court d’idées
Impressions sur 4 courts-métrages en compétition pour le prix du Meilleur court-métrage.
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Propos recueillis lors de la cosmo-rencontre avec le réalisateur Enrique Gabriel.
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Propos recueillis lors de la Cosmo-rencontre avec le réalisateur Carlos Larrondo
Mariano Casanova, Distrito 14 et l’amour du Rock
Rencontre avec Juanma Bajo Ulloa, réalisateur, et Mariano Casanova, rockeur.
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Entretien avec la réalisatrice Mar Coll sur son premier long métrage.
Leçon de cinéma par Alain Bergala et Victor Erice
Projection en avant-première du documentaire d’Alain Bergala sur le cinéaste Victor Erice.
Bloc-Notes
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