
EXPO PHOTO DU 11 AU 22 JANVIER À POL’N
Perspectives photographiques sur la frontière germano-polonaise
Entretien avec les organisatrices de l’exposition Passé(s) sous silence
C’est une exposition qui parle d’un voyage : un séjour d’un semestre à Görlitz, vécu par 7 étudiants internationaux, raconté au public nantais à travers des photos, des sons, des projections vidéo. Ce sont les différences entre la ville frontalière allemande, Görlitz, et sa voisine polonaise, Zgorzelec, séparées par la rivière de la Neisse, qui les ont fascinés : “On a été très touchés par le contraste”, raconte Lucie Haardt, l’une des organisatrices. “Ce sont des villes très particulières.” En images
Sous le nom „Passé(s) sous silence“, chaque série de six photos raconte une histoire de ce qui sépare et lie les deux villes
D’abord conçue comme projet interculturel inclus dans leurs études, l’initiative des étudiants développée pendant trois mois a dépassé rapidement le cadre des cours : les photos des quatre Françaises, deux Hongrois et un Tchèque, qui montrent leurs regards personnels sur la frontière germano-polonaise, ont déjà été exposées deux fois en Allemagne.
A présent, du 11 au 22 janvier, elles se trouvent à Nantes, dans les locaux de POL’n. Sous le nom „Passé(s) sous silence“, chaque série de six photos raconte une histoire de ce qui sépare et lie les deux villes : soit celle de la nature, soit celle des murs, soit celle des atmosphères nocturnes. “C’était une réunion de plusieurs envies et désirs”, rapporte Anissa Mechouek. “On a voulu que ça perdure, que ça existe encore. On a voulu partager un vécu.”
Un voyage à l’est
Même si les photos ramenées dans leurs valises restent les mêmes, l’exposition a été adaptée au public nantais et enrichie de sons et de projections vidéo. “Ici, personne ne connaît les deux villes”, explique Anne Lienhart. “Comme ça, les photos ont un impact différent.” C’est pour cela que les étudiantes ont ajouté d’autres médias : elles veulent faire voyager les visiteurs français, leur transmettre des impressions de leur séjour à Görlitz.
A travers ces photos, ces sons et images, elles souhaitent les amener à réfléchir sur l’ouverture culturelle : est-ce que la frontière a été abolie par l’Union Européenne ? Comment peut-on partager et échanger par-dessus ce qui sépare les habitants allemands et polonais ? Pour alimenter ces questions, les étudiantes nantaises ont accompagné l’exposition de lectures et d’ateliers d’écriture, puis d’un mur d’expression libre à la disposition des visiteurs.
Görlitz, ville endormie
Pour Anne, c’est pourtant un manque de communication entre les habitants qui caractérise la relation entre les deux villes, malgré leur entrée dans l’espace commun européen : “On pense surtout aux profits économiques, aux marchandises qu’il vaut mieux acheter dans la ville voisine”. Avec cette exposition, elle veut proposer un autre regard sur la thématique de la frontière : “Ce qui nous a frappé et choqué, ce sont les bâtiments qui sont vides”, détaille-t-elle. Après la chute du mur, un tiers de la population avait quitté la ville de Görlitz. Aujourd’hui, le taux de chômage est de 20%. Et La moitié des 60.000 habitants sont des rentiers. “J’ai souffert de ce vide”, affirme Anissa. “Il y a peu de personnes actives. A 18 heures, tout est fermé. La ville est morte.”
Ce qui leur a plu par contre, c’est la diversité des espaces verts, de la nature, et la tranquillité de la ville. “On n’y arrive pas par hasard”, explique Anne. “Görlitz est un point de passage de la frontière pas très connu, à 1500 km de Nantes. On n’en parle pas.” Ce sont ce silence et cet aspect de ville désertée qui leur ont donné l’idée du nom de l’exposition à Nantes : “Passé(s) sous silence”.
En dehors de cette tranquillité d’une ville endormie dans son passé, résultat de la réunification allemande, comment les étudiantes nantaises ont-elles ressenti personnellement la frontière et les ambiances différentes de Görlitz et de Zgorzelec ? “Chacun les a ressenti d’une autre façon”, explique Anne. “La réponse se trouve dans les photos.”
Texte : Verena Schneider
Photos : Valérie Pinard
En savoir plus
Où ? A Pol’n
11 rue des Olivettes / Nantes
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