
Rencontre avec un développeur du Libre.
« Il y a une réelle démarche associée au logiciel libre, celle du choix »
Antoine Turmel est un passionné d’internet et étudiant en BTS informatique de gestion à Bressuire. En parallèle de ses études, il fait partie de la communauté de développeur de Songbird, un lecteur multimédia évolutif, l’ “Itunes du libre”. Antoine Turmel nous fait part de son choix de s’engager dans le développement de logiciels libres ainsi que du futur proche d’un Libre en pleine évolution, qui connaît des changements notables.
A quel moment avez vous rejoint la communauté Songbird ?
Songbird a vu le jour en 2006, sous l’impulsion de Pionneers of the inevitable, un groupe de webdesigners et programmeurs soutenus financièrement par des fonds d’investissement spécialisé dans le web [1]]. J’ai rejoins pour ma part le projet l’année suivante en commençant à développer des outils supplémentaires pour le logiciel, dans le cadre d’un concours visant à porter des extensions originalement prévues pour Firefox (le navigateur internet ndlr) vers Songbird. Par ailleurs, le projet de proposer une réelle alternative à Itunes, (le lecteur multimédia d’Apple) en restant dans le Libre était un projet stimulant.
Il y avait donc une réelle démarche dans le fait d’adhérer à une communauté Libre…
Tout à fait ! En tant qu’utilisateur d’un logiciel libre, je pouvais exprimer mes idées au sein de la communauté, et en tant que développeur, les réaliser, pour améliorer le logiciel. De plus, les communautés autour des logiciels libres sont connues pour leur solidarité ; une idée peut-être amenée par un utilisateur grand public et développée par un membre actif de la communauté. Cette association d’idées et de capacité m’a permis de trouver un logiciel évolutif, mis à jour très régulièrement [2], à l’écoute des utilisateurs. Ce mode de fonctionnement s’oppose à celui des logiciels propriétaires.
Si le fond s’oppose à celui des logiciels propriétaires, la forme quant à elle reste relativement proche, notamment dans le cas de Songbird…
Oui et non. En effet, d’apparence et de prise en main, on constate très peu de différences, puisque le but du Libre est de proposer un logiciel simple, et l’on doit composer avec les habitudes des utilisateurs. La véritable valeur ajoutée, quant à elle, se situe dans la liberté d’obtenir un logiciel qui répond parfaitement à nos besoins, sans devoir payer. Il y a une réelle démarche associée à l’utilisation de logiciels libres, trop souvent perdue avec les logiciels propriétaires : la démarche du choix.
C’est donc au Libre d’aller vers le grand public…
Le but d’un projet de logiciel Libre est avant tout de simplifier et rendre accessible un contenu pour tous, l’amener jusqu’à l’utilisateur lambda.
Ne doit-on pas voir une évolution dans la définition du Libre lorsque Google annonce la sortie de son système d’exploitation, Chrome, estampillé Libre, pour 2010 ?
il y a réellement Libre et Libre associé à une entreprise et donc un copyright. Dans le cas de Google,la firme propose déjà un navigateur internet Libre. Ce navigateur est aussi l’occasion pour Google de venir alimenter ses fichiers utilisateurs, à des fins commerciales. Tout ceci est bien loin de l’idéologie du Libre, si bien que des développeurs ont repris le code source du navigateur [3], disponible librement, pour supprimer tous les mouchards utilisés par Google.
Le but d’un projet de logiciel Libre est avant tout de simplifier et rendre accessible un contenu pour tous, l’amener jusqu’à l'utilisateur lambda.
Cependant, en souhaitant développer le “Cloud computing” [4] Google ne menace-t-il pas un des préceptes du Libre, la liberté de choix ?
On rentrerait effectivement dans une démarche semi-Libre, au sens où l’on conserverait bien une liberté de développer, sans garantie véritable sur la liberté d’utiliser le logiciel. L’utilisateur serait de toute façon contraint par le système d’exploitation. Le risque principal de cette technologie, le cloud computing, est avant tout la perte de contrôle de l’information, car toutes les données sont stockées sur des serveurs indépendants. Une des manières pour les logiciels Libres de subsister seraient de s’associer à la firme, et il est tout à fait possible d’imaginer un “GoogleStore”, où l’on achète ses applications, à la manière d’un Itunes store.
Ce “Cloud computing” vient donc s’opposer au Libre de Richard Stallman [5] …
La réelle démarche de Google reste obscure, et Richard Stallman demeure farouchement opposé à cette évolution. Lorsque l’on a promu le Libre de cette manière et été le garant de la Liberté, il est extrêmement difficile de voir des côtés positifs dans l’arrivée de Google dans le domaine des systèmes d’exploitations ! Cependant, il est encore trop tôt pour crier gare.
Texte : Romain Ledroit
Illustration bandeau : Shift
[1] [Sequoia Capital->http://www.sequoiacap.com/us/internet
[2] Songbird propose une mise à jour tous les deux mois environ, la prochaine version sera disponible fin Août.
[3] Le code source est l’ensemble des éléments qui composent un logiciel. Dans le cadre du Libre, le code source est mis à disposition afin d’être améliorer et/ou modifier. Ce n’est pas le cas des logiciels propriétaires.
[4] le cloud computing consiste à n’utiliser que des applications par internet, on ne télécharge plus de logiciels mais tout est virtualisé et stocké sur des serveurs. Cette évolution permettrait de résoudre le piratage.
[5] Richard Stallman est un des parrains du Libre, connu pour son intégrité face aux évolutions du Libre.
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