Tout commence dans le noir. Puis une lumière vient éclairer de derrière une toile jaunie et le titre apparaît : EM BAR QUE MENT. En ombres chinoises, les syllabes du titre s’affolent et se pressent, comme dans un hall de gare. Voila, le contexte est planté et tout le monde s’attend à voir surgir des marionnettes de derrière le décor. Or, voila deux manutentionnaires en blouse qui passent par devant et agitent « à vue » des poupées.

Les marionnettistes au grand jour

Ce choix de se faire voir aux commandes des marionnettes est évidemment délibéré, et les deux comédiens ont un véritable rôle dans les scénarios. Au lieux de rester derrière le rideau, ils forment le fil rouge reliant toutes les saynettes, en s’assurant du bon acheminement des valises. Des valises qui accompagnent chaque scénario porteur de la thématique du voyage et les 17 personnages. Beaucoup de personnages donc et tout autant de marionnettes fabriquées à la main en papier recyclé, et qui sont accompagnées d’une machinerie d’automates faisant aller et venir les éléments du décors.

Un spectacle comique, des thèmes sérieux

ces personnages là sont tous en partance vers un ailleurs qui ne se donne pas facilement

Thématiques du tourisme de masse, de l’immigration, du Grand Départ ou tout simplement du passage à la douane, ces personnages-là sont tous en partance, vers un « ailleurs » qui ne se donne pas facilement. Pas facilement du tout. C’est bien la déclinaison du spectacle, ces personnages prêts à partir mais qui se retrouvent face à des obstacles, des ennemis passagers. On y croise la Mort avec sa grande faulx, une douanière, une glacière animée et des sites touristiques vidés de leur sens. Le voyage oscille entre le départ et l’arrivée, ce qui nous met à ce moment là dans un nul-part où notre histoire nous rattrape. C’est au moment où l’on décide de la quitter un peu que l’on apprend beaucoup sur sa propre vie.

Un spectacle pour enfants... et adultes !

A priori, pas le genre de spectacle « pour enfant » comme on les imagine, avec situation initiale, élément perturbateur et gentille morale de l’histoire. Et pourtant ils sont là, super sages depuis 45 minutes. Une vingtaine d’enfants vient poser des questions à la fin du spectacle à l’invitation de Gwénola et Christophe qui reviennent après le final. C’est surtout pour voir « la magie » de quelques tours de passe-passe intriguant car, finalement, peu posent de questions sur le thème du spectacle, ont-ils tout compris ou le savait-il déjà, eux qui vivent ce grand chemin qu’est la croissance et la vie ? Ce sont plutôt les adultes qui en parlent, les parents venus pour « accompagner », et qui n’en ont pas perdu une miette.

Valentine Poirée

- Tintam’art en images

- Christophe Martin et Gwénola Brossault espèrent faire tourner leur spectacle dans des festivals renseignements : 06.68.70.04.07 et leur site

Mise en scène : C-G Marsault Univers sonore : Fabrice Gaumer Décor : Yannick Guérin