
LA RENCONTRE TISSÉ MÉTISSE
Déceler les mariages blancs et combattre les discriminations
Pierre Quénéa, adjoint au maire de Rezé, explique son métier et son engagement citoyen
Le travail de Pierre Quénéa ? Examiner les plaintes des conjoints de personnes récemment naturalisées. Ces dossiers peuvent aboutir au retrait de la nationalité de l’accusé, sur décision judiciaire. Cet adjoint au maire de la ville de Rezé et ex-Président de Tissé Métisse explique comment il concilie son emploi et son éthique citoyenne.
Fragil – En quoi consiste votre travaille à la sous-direction de l’Accès à la Nationalité française [dépendant du ministère de l’Immigration, NDLR] ?
Pierre Quénéa - Avec une équipe de techniciens, nous étudions les dossiers de plainte de conjoints de personnes récemment naturalisées. Ce peut être par exemple des plaintes pour maltraitance. Si nous les validons, ces plaintes passent ensuite en jugement à la chancellerie, et peuvent se solder par la perte de la nationalité française pour les accusés.
Fragil – Il s’agit en fait de casser des mariages blancs.
P.Q. - Absolument. Mais les cas sont rares, nous traitons environ 200 dossiers par an, sur 25 000 demandes de naturalisation par union. Et n’oublions pas que la majorité des acquisitions de la nationalité sont réalisées par décret, soit 70 000 demandes annuelles.
Fragil - Comment conciliez-vous ce travail avec votre éthique ?
P.Q. – J’agis. Je me suis longtemps engagé dans l’association Tissé Métisse [qui lutte contre les discriminations, privilégie le vivre ensemble et les initiatives citoyennes, NDLR]. Et avec la mairie de Rezé, nous essayons d’améliorer l’intégration des personnes issues de l’immigration. En ce moment, nous travaillons sur un processus de lutte contre la discrimination raciale à l’embauche.
Fragil - Comment comptez-vous agir pour lutter contre cette discrimination ?
P.Q. - Nous sommes encore au début du projet, mais cette action devrait principalement passer par la formation. La discrimination raciale sur le marché de l’emploi est un mécanisme complexe. Certains patrons de PME refusent d’embaucher une personne de couleur : eux-mêmes ne sont pas racistes, mais leurs employés, si. A l’inverse, beaucoup de personnes issues de l’immigration n’osent pas passer les concours de la fonction publique. Elles pensent que ces postes ne leurs sont pas destinées, que leur candidature est vouée à l’échec. L’accès à l’emploi des personnes issues de l’immigration est donc un processus délicat.
Propos recueillis par Timothée Blit
Photos : Photo Libre, Timothée Blit.
Voir aussi : la sous-direction de l’Accès à la Nationalité française s’oppose à la réforme de la procédure de naturalisation des étrangers par décret, un article du journal 20 Minutes.
Le site de l’association Tissé Métisse
Sur Fragil :
L’autre visage de Tissé Métisse Fragil a consacré sa Gazette n°3 de décembre 2008 au travail de l’association Tissé Métisse sur les questions de l’immigration.
La discrimination est un délit !, une interview de Rachid Alaoui, socio-économiste et formateur sur les questions de prévention des discriminations et de gestion de la diversité culturelle.
« Les clandestins sont une armée salariale de réserve », une interview de Pedro Vianna, rédacteur en chef de Migrations-Société et spécialiste des migrations.
« Les origines peuvent être une force », une interview d’Abbassia Hakem, adjointe au maire de Nantes, conseillère régionale des Pays de la Loire et femme issue de l’immigration.
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