
Festival SONOR 4
La numérisation des radios : quel paysage radiophonique pour les auditeurs ?
La radio numérique terrestre serait-elle l’équivalent radiophonique de la TNT, la Télévision Numérique Terrestre ? Dans quelques années elle sera la nouvelle norme de diffusion radio dans tous les foyers français. Que changera-t-elle au quotidien ? Polémiques et débats enflamment les plus passionnés.
Lors de l’excellent festival de la création radiophonique SONOR, se déroulait vendredi 6 mars une « causerie » pour tenter d’en savoir un peu plus sur la Radio Numérique Terrestre, ou RNT avec la participation de plusieurs acteurs de la radio à Nantes. [1].
La radio numérique terrestre permettra de diffuser une multitude de programmes sur un même canal. Il s’agit de proposer une offre enrichie, et d’améliorer la qualité des services tout en proposant plus d’interactivité. La bande FM étant de plus en plus saturée, le numérique permet alors une diffusion élargie grâce à la possibilité pour plusieurs radios d’émettre sur le même canal. Puis un des attraits de la RNT est d’améliorer la qualité du son diffusé et apporter de l’image à l’aide d’un petit écran pourvu à cet effet. Aussi pour écouter la radio numérique, il faudra s’équiper d’un poste de radio spécial.
Le DAB+ est une norme qui privilégie la qualité sonore quant à la norme T-DMB, elle offre une meilleure qualité pour la diffusion de l'image.
La bataille des normes
Pour diffuser la RNT, deux normes étaient en concurrence : le DAB+ [2] et le T-DMB [3]. Ces deux normes sont testées en Loire Atlantique par deux groupements de radios : le GRAM qui rassemble les radios associatives de la métropole nantaise et le GRN qui réunit les radios nationales.
Très actif et en pointe sur les questions de diffusion, le GRAM se prononce sans hésiter pour la norme DAB+ qui offre de nombreux avantages : une meilleure qualité sonore, moins onéreuse, et moins gourmande en bande passante, ce qui signifie que cette norme pourrait accueillir un plus grand nombre de radios. Le DAB+ est une norme qui privilégie la qualité sonore quand à la norme T-DMB, elle offre une meilleure qualité pour la diffusion de l’image. Alors entre qualité sonore et qualité de l’image, les acteurs radiophoniques hésitent.
il est à craindre de voir disparaitre des dizaines de radios, notamment associatives
Alors qu’il revenait au CSA de choisir la norme, Christine Albanel, Ministre de la Culture impose la norme T-DMB fin 2007. Précisons que le DAB+ est la norme optée par la plupart des pays européens, et que le T-DMB est présent seulement en Corée du Sud. La France fera-t-elle exception encore une fois dans le développement technologique ?
Un cout très élevé
Derrière ce discours très technique réservé aux initiés se cache une question plus importante concernant la diversité radiophonique française. Car sous couvert d’une plus grande diffusion et d’une multitude de fréquences, il est à craindre de voir disparaitre des dizaines de radios, notamment associatives. En effet pour les radios, et surtout les radios associatives, le coût de passage au numérique et son fonctionnement, qui passe par des antennes de diffusion, serait très élevé. Il est à craindre que certaines radios, faute de moyens soient amenées à disparaitre.
Certes des subventions sont prévues pour basculer au tout numérique, mais leurs montants ne sont pas estimés et les sources d’inquiétudes sont grande face à l’absence de réponse. En DAB+ le coût est moins élevé, et c’est aussi pour cela que le GRAM (le groupement des radios associatives nantaises) l’a préféré au T-DMB, contrairement au GRN (les radios nationales, qui voit surement là un moyen de réduire quelque peu la concurrence que représentent les radios associatives...
Derrière ce combat du pot de terre contre le pot de fer, il est à rappeler l’importance d’une information citoyenne de proximité, du pluralisme de l’information dans un paysage radiophonique où les radios associatives ont toujours peiné à trouver leur auditoire, principalement faute à des moyens structurels limités.
Article : Juliane Rougemont
Photos : Pascal Couffin
Assistez le 21 mai à un débat sur la radio numérique terrestre organisé par Prun’, radio associative nantaise.
SONOR, le festival des écoutes radiophoniques.
Découvrez le dossier de Fragil consacré aux rôles des radios associatives et réalisé en 2006.
Qu’est ce qui changera avec l’arrivée de la radio numérique terrestre ?
Nos anciens postes FM ne seront pas compatibles avec le numérique. Les nouveaux postes numériques seront dotés de petits écrans pouvant diffuser titres des morceaux, artistes, pochettes de cds et bien sûr publicité. Bien évidemment, il faudra tous les changer et cela aura un cout. Il faudra compter pas moins de 149 euros minimum pour se procurer un poste de radio numérique.
Quel sera l’intérêt et le succès de la radio numérique sachant le prix de l’équipement et qu’il y aura en moyenne 6 à 7 postes à renouveler par foyer. Puis elle se verra également concurrencée par les radio sur internet, qui connaissent un vif succès.
En attendant la radio numérique se met doucement en place et commencera à émettre dès l’année prochaine. La FM disparaitra définitivement en 2018, et avec elle toutes la radios qui ne seront pas passées en numérique.
[1] De gauche à droite sur la photo : Pascal Massiot, rédacteur en chef de la radio Jet FM, Loïc Chusseau, Président de la FRAP (Fédération régionale des radios associatives des Pays de la Loire) et directeur de Jet FM, Chloé Le Bail, Vice-Présidente de la commission culture au Conseil Régional des Pays de la Loire, Pascal Bolo, adjoint aux Finances à la Ville de Nantes et passionné des médias, Pierre Boucard, Président du GRAM (Groupement des radios associatives de la métropole nantaise) et Directeur de Sun (le Son Unique à Nantes, Laurent Michel, fabriquant du récepteur RNT, Diabolo.
[2] Digital Audio Broadcasting
[3] Terrestrial Digital Multimédia Broadcasting
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