Flamenco
Israel Galvan : le flamenco galvanisé
Lorsque le flamenco envahit le Lieu Unique à Nantes
Le Lieu Unique, à Nantes, a proposé, les 29 et 30 janvier derniers, un spectacle époustouflant en programmant une figure du flamenco : Israë l Galván. La edad de oro [1]est un moment en or dont personne ne sort indifférent.
Israël Galván, prince du flamenco, séduit largement le public et la presse. Après avoir obtenu de multiples prix dont le fameux Prix National de danse en Espagne, sa réputation le précédant, il lui restait à la confirmer. En effet, son dernier ballet, Arena, traitait de la tauromachie d’une manière largement contestable. Israël Galvan n’a rien d’un danseur traditionnel de flamenco. Ainsi, chacune de ses prestations est l’occasion d’une redécouverte, à travers des pas, des gestes, des mouvements… Danseur émérite, chacun de ses déplacements est porteur d’une force et d’une séduction incroyables. Chez Israël Galván, il n’y pas que le bas du corps qui compte, les déhanchés ou les pas. Les mouvements des bras, des mains et des doigts hypnotisent également le spectateur. La mise en scène, délibérément épurée, avec trois chaises, une pour chaque protagoniste, et un jeu de lumière adéquat, permettent au spectateur de se laisser emporter dans un voyage visuel et émotionnel fort.
La beauté visuelle opère, mais pas seulement...
Nombreux sont les moments où le spectateur, comme au cirque, est pris de stupeur : Israël va-t-il tomber ? Le danseur défie l’équilibre avec des poses étonnantes. Il repousse les limites et, par ses figures spotives et acrobatiques, il nous prouve qu’il est un fin technicien qui maîtrise chacun de ses muscles. Ses performances, bien que courtes, sont intenses. En effet, le danseur propose des tableaux concis mais dont l’originalité ne laisse pas indifférent. Israël Galván n’est donc pas un représentant classique du flamenco, mais, en constante recherche, chacun de ses passages étonne et détonne par son anticonformisme et le savoir-faire dont l’artiste fait preuve.
Sur la scène, ce sont trois hommes, trois générations, trois maîtres du flamenco et une performance.
Trois hommes et un spectacle
Bien qu’Israël Galván reste le protagoniste principal de cette création. La edad de oro n’est pas un travail individuel. Ce spectacle, qui correspond à "l’Age d’Or" du flamenco avant sa minimalisation et sa perte de sens, se devait de présenter les trois figures du flamenco : le danseur, le chanteur et le guitariste. Ainsi, aux côtés d’Israël Galván, on retrouve Alfredo Lagos et Fernando Terremoto. Alfredo Lagos est un guitariste talentueux issu de la ville originelle du flamenco, Jerez. Fernando Terremoto, pour sa part, a hérité du talent de son père qui fut l’un des chanteurs incontournables issus de "l’Age d’Or".
Le risque était que chacun veuille tirer la couverture à soi, mais ce n’est pas le cas. Lorsque Fernando Terremoto entame son chant, les cordes d’Alfredo Lagos se mettent à vibrer et le corps d’ Israël Galván s’anime pour une symbiose quasi irréelle. La voix de Fernando Terremoto est de celles que l’on n’oublie pas, gracieuse et rocailleuse à la fois. Elle génère une émotion palpable dans la salle. A la guitare, bien que plus discret, Alfredo Lagos reste néanmoins bien présent. Ainsi, La edad de oro est un de ces moments dont on se souvient car emprunt d’une énergie collective fabuleuse. Les performances, qu’elles soient individuelles ou collectives, plongent le spectateur dans un autre espace temps.
Le final est à la hauteur du spectacle, atypique et touchant. Les rôles sont bousculés, Fernando Terremoto prend la guitare, Israël Galván chante et Alfredo Lagos esquisse quelques pas de danses, les spectateurs se mettent à applaudir à tout rompre…La edad de oro, en faisant référence au passé, l’éclipse, le transcende et prouve que le flamenco n’a rien perdu de sa superbe. Un moment qui laisse rêveur et heureux…
Aurore de Souza Dias
www.israelgalvan.com
www.lelieuunique.com
[1] l’Age d’or
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